Quelques jours après la remise du rapport d'expert mettant en cause les travaux de désamiantage, la tour Montparnasse fait irruption dans le débat électoral parisien. Nathalie Kosciusko-Morizet a proposé sa destruction, pure et simple. Une position que ne partagent pas les copropriétaires.
La tour Montparnasse, qui a fêté ses 40 ans en 2013, n'en finit pas de susciter la polémique depuis sa création. Aujourd'hui empêtrée dans un chantier de désamiantage compliqué, certain(e)s n'hésitent plus à poser la question de sa destruction. Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate UMP à la mairie de Paris a ainsi qualifié l'édifice de "catastrophe urbanistique", notamment en raison du "problème sanitaire lié à l'amiante". Elle aurait même engagé des discussions avec des experts qui seraient, selon ses propos, "de plus en plus nombreux à vouloir explorer la voie d'une démolition". Cependant, un tel chantier serait complexe et coûteux.
Les copropriétaires de l'Ensemble immobilier tour Maine-Montparnasse (EITMM) rappellent que l'immeuble de 210 mètres pour 59 étages devrait, de toute façon, être désamianté avant d'être détruit. "Dans cette hypothèse (…), le montant minimum des travaux serait de 800 M€". Un montant représentant un impact fiscal de 1.000 € par foyer parisien… Sans même compter le coût des indemnités compensatoires pour les propriétaires et locataires, "ni celui de nouvelles constructions pour le réaménagement du quartier", souligne un communiqué.
Une décision d'expropriation pour cause d'utilité publique
De plus, la décision même de détruire l'édifice décrié appartient aux 300 copropriétaires : "le droit de la propriété est, en France, absolu et constitutionnel. Si un seul d'entre eux y était opposé, la destruction ne pourrait être décidée, sauf par un arrêté de péril du préfet, au cas où la tour, par exemple, serait menacée d'effondrement. Ou alors, il faudrait invoquer une décision d'expropriation pour cause d'utilité publique motivée pour une raison de fond grave et étayée". Le danger que représente l'amiante pour la santé des occupants et visiteurs pourrait alors entrer en ligne de compte. Anne Hidalgo, candidate PS à la mairie de Paris, interrogée sur le sujet explique : "La destruction de la tour n'est pas un sujet. Quant au désamiantage en site occupé ou pas, c'est au préfet d'en décider, pas au maire".
L'EITMM, qui n'envisage aucunement la destruction, met en avant le montant déjà dépensé dans le chantier de désamiantage, 250 M€, pour traiter 92 % de l'amiante connu dans l'immeuble. Un récent rapport d'expert pointait des lacunes dans les travaux qui avaient été source de pollution dans les gaines de ventilation, entraînant des dépassements d'empoussièrement, et une évacuation partielle et temporaire. La bataille de la tour n'est donc pas terminée.