Après ses déclarations à Batiactu, Bruno Cavagné, le président de la FNTP, a confirmé ce mardi 12 novembre que les entreprises du secteur s'enfoncent bien dans la crise avec un nouveau recul de l'activité (-3 %) et une perte de 9.000 emplois. Les prévisions 2014 sont guère optimistes : 12.000 emplois supplémentaires qui seront supprimés l'an prochain, selon ses estimations. Explications.

"Du jamais vu depuis 30 ans, déplore d'emblée, mardi 12 novembre, Bruno Cavagné, président de la FNTP, lors de sa première présentation conjoncture. Le chiffre d'affaires des travaux publics a reflué de 20%, ces six dernières années (Ndlr : entre 2007 et 2013), alors que le PIB du pays a progressé de 0,6%", a-t-il martelé plusieurs fois. Le constat est clair : les collectivités locales ont réduit leur demande de près de 4% alors qu'on entre dans une année préélectorale généralement favorable à l'investissement. "Du coup, c'est une première depuis trente ans, nous sommes extrêmement inquiets pour le secteur", souligne le président de la FNTP.

 

 

Au final, le secteur a perdu 9.000 emplois cette année, dont 8.000 permanents et 1.000 intérimaires, son chiffre d'affaires en euros constants a reculé de 3 %, passant sous la barre des 40 milliards d'euros (39,5 milliards d'euros) et le "pire est à venir", prévient le dirigeant originaire du Sud-Ouest. Et de glisser : "C'est 12.000 emplois supplémentaires qui seront supprimés l'an prochain, selon nos estimations."

 

Déjà, aujourd'hui, 20 % des entreprises du secteur sont déficitaires, contre 8 % en 2007, détaille-t-il. Les chiffres actuels démontrent un décrochage net. Mais la situation des travaux publics doit toutefois être mise en perspective. Ils ont enregistré en 2007 un pic d'activité historique et l'activité de 2013 est en fait au niveau de celle de 2000 (mesurée en euros constants de 2012), avant que ne débute l'ascension liée à une période de forte croissance.

 

Vers une dégringolade des commandes communales
Par ailleurs, d'après les chiffres, les collectivités locales ont réduit leurs commandes de 4% cette année, du jamais vu depuis trente ans. Or, elles représentent 44 % des commandes totales du secteur, contre 30 % pour le secteur privé et 22 % pour les grands opérateurs.

 

Le montant moyen d'un chantier TP : de 100.000 à 150.000 euros
Et au président de la FNTP de nous souligner un chiffre essentiel : "Le montant moyen d'un chantier de travaux publics est de 100.000 à 150.000 euros et 80 % des entreprises ont moins de 25 salariés." De plus, ces dernières années, les départements ont réduit leurs commandes. En détails : les communes ont jusqu'à présent bien résisté, cette année leurs commandes n'ont reculé que de 2,5 % en nombre de lots (-14% pour les départements).

 

Toutefois, pour 2014, la FNTP envisage une chute de 10% des commandes communales en valeur (euros constants) contre -0,5 % seulement pour les départements. "Car l'année qui suit des élections municipales est invariablement une année blanche où les commandes se remarquent par leur absence, nous signale un dirigeant de la FNTP. En effet, cela correspond au temps que la nouvelle équipe d'élus s'installe."

 

FNTP et grands projets
FNTP et grands projets © FNTP
Fin des grands chantiers ?
Enfin, le pic d'activité lié à la construction des quatre lignes à grande vitesse sera atteint l'année prochaine. "Une fois ce pic passé, les besoins en main-d'œuvre seront divisés par trois en 2016 avec l'achèvement des travaux, rappelle le président de la FNTP. Et ce n'est pas la dernière série d'annonces de lancement de projets non financés (canal Seine Nord, LGV Lyon Turin et Bordeaux-Dax…) qui va conforter le secteur."

 

"L'Eco-taxe, on ne compte plus dessus"
Enfin, les caisses de l'agence de financement des infrastructures, l'Afitf*, peuvent certes être remplies par l'Etat l'an prochain, mais structurellement, l'Afitf va pâtir du report, voire de la fin de l'écotaxe , qui devait alimenter ses caisses selon un modèle durable. "L'éco-taxe, on ne compte plus dessus, a commenté Bruno Cavagné. Et je n'ai aucune assurance qu'elle sera remplacée par autre chose." Le secteur aimerait donc de la part du Gouvernement de visibilité et d'assurance.

 

Toutefois, Bruno Cavagné vient de nous confirmer l'accord signé entre les concessionnaires et l'État au sujet du plan de relance autoroutier. Le dossier, qui porterait sur un allongement moyen de 3 ans des concessions en échange des travaux, serait en cours d'examen à Bruxelles. "Le verdict de la Commission européenne est attendu d'ici à la fin de l'année", a-t-on également appris en conférence de presse.

 

 

*Afift: l'agence de financement des infrastructures de transport de France.

 


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