Suspension de l'écotaxe, avenir des infrastructures, financements privés, PPP, baisse globale des investissements, mais aussi retraites, pénibilité : Bruno Cavagné, nouvellement élu à la tête de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) ne mâche pas ses mots. Mais, il n'est pas non plus question pour cet entrepreneur toulousain de mener une "révolution". Son mandat s'inscrit dans la lignée de son prédécesseur, Patrick Bernasconi : rassembleur. Entretien exclusif à Batiactu à quelques jours de la présentation de la conjoncture 2013.
Batiactu : Sur quel programme avez-vous été élu le 18 septembre dernier à la tête de la FNTP ?
Bruno Cavagné : Premièrement dans le contexte actuel, la rentabilité de nos entreprises demeure un sujet essentiel. Les entreprises de travaux publics dégagent aujourd'hui une marge nette historiquement basse, de 1,5 %. Pour rappel : en 2008, 8 % d'entre elles étaient déficitaires. Aujourd'hui, elles sont 20 % (Ndlr : en 2012) ! Je suis donc clairement attaché aux marges de nos entreprises. Ensuite, je veux défendre l'investissement dans les infrastructures. Troisième et dernière piste de développement : je veux rassembler à la FNTP comme au rugby, qui est d'ailleurs, mon sport favori, les 'petits, moyens et gros' du secteur des travaux publics. Face à la conjoncture actuelle, nous avons vraiment besoin de travailler ensemble. Un chiffre significatif ? 80 % de nos entreprises ont moins de 20 salariés.
Enfin, dans la continuité de l'action de mon prédécesseur, Patrick Bernasconi, qui a beaucoup modernisé cette maison, il n'est pas question pour moi de faire une révolution à la FNTP. Ma présidence sera donc ouverte et collégiale.
Bruno Cavagné : Premièrement dans le contexte actuel, la rentabilité de nos entreprises demeure un sujet essentiel. Les entreprises de travaux publics dégagent aujourd'hui une marge nette historiquement basse, de 1,5 %. Pour rappel : en 2008, 8 % d'entre elles étaient déficitaires. Aujourd'hui, elles sont 20 % (Ndlr : en 2012) ! Je suis donc clairement attaché aux marges de nos entreprises. Ensuite, je veux défendre l'investissement dans les infrastructures. Troisième et dernière piste de développement : je veux rassembler à la FNTP comme au rugby, qui est d'ailleurs, mon sport favori, les 'petits, moyens et gros' du secteur des travaux publics. Face à la conjoncture actuelle, nous avons vraiment besoin de travailler ensemble. Un chiffre significatif ? 80 % de nos entreprises ont moins de 20 salariés.
Enfin, dans la continuité de l'action de mon prédécesseur, Patrick Bernasconi, qui a beaucoup modernisé cette maison, il n'est pas question pour moi de faire une révolution à la FNTP. Ma présidence sera donc ouverte et collégiale.
Batiactu : Dans un contexte de baisse globale des dotations des collectivités encore affirmée ces jours-ci par Anne-Marie Escoffier, ministre déléguée, chargée de la Décentralisation, pensez-vous convaincre les élus de la nécessité d'investir ?
Bruno Cavagné : C'est mon combat quotidien d'inciter les élus à investir. Les infrastructures créent inéluctablement du lien social. Un scoop ? Le 19 novembre prochain au Salon des maires et des collectivités locales, nous accueillerons sur notre stand près de 1.000 élus pour leur expliquer qu'il est fondamental d'investir, et surtout leur dire : "N'oubliez pas vos concitoyens". La pédagogie est d'autant plus fondamentale qu'à cinq mois des échéances municipales, la balle est dans leur camp. Les collectivités représentent 45% de notre activité. En dix ans, leurs dépenses de fonctionnement ont explosé au détriment de l'investissement, il faut donc leur donner davantage d'autonomie fiscale. Et je suis d'ailleurs favorable à un renforcement de la péréquation entre les collectivités. Enfin, l'Etat aussi doit réduire ses dépenses de fonctionnement pour pouvoir financer des infrastructures, et éviter des drames, comme celui de Bretigny-sur-Orge, l'été dernier.
Batiactu : Le rapport de la commission Mobilité 21, réduisant la construction de lignes TGV à deux, vous a fait vivement réagir. Etes-vous toujours inquiet malgré les bonnes nouvelles dans le Sud-ouest ?
Bruno Cavagné : Je suis extrêmement inquiet à ce sujet. De retour de l'Elysée et Matignon, on voit beaucoup d'effets d'annonces, et à chaque fois, sur cette thématique, on avance et on recule. A la FNTP, nous commençons à être extrêmement épuisés. Lorsque l'on passe d'un programme d'investissements à 245 milliards d'euros pour le Schéma national des infrastructures de transport (Snit) à un scénario dit "favorable" à 28 milliards d'euros, il y a de quoi être extrêmement déçu. Certes, il fallait classer les projets. Mais une vraie ambition pour les infrastructures doit se traduire par un financement clair et non flou !
Batiactu : Autre sujet "brûlant" : la suspension de l'écotaxe poids lourds, annoncée le 29 octobre dernier par Jean-Marc Ayrault, sur l'ensemble des territoires. Est-ce que la FNTP a prévu de mener des actions de lobbying pour rechercher des solutions de substitution ?
Bruno Cavagné : Sur l'écotaxe, nous avons légitimement de quoi être extrêmement préoccupés. J'appelle de nouveau le Gouvernement à rechercher des solutions de substitution très vite. Je demande à être reçu sans délai par Frédéric Cuvillier, Pierre Moscovici, Philippe Martin pour rechercher des solutions de substitution à l'écotaxe. Et je préviens que sans compensation, cette suspension aurait pour conséquence la dégradation de la qualité des réseaux d'infrastructures et elle mettrait un peu plus en danger le secteur des travaux publics.
Ainsi, ce report 'sine die' remet directement en cause 500 millions d'euros de travaux prévus l'année prochaine. Désormais, nous faisons beaucoup de pédagogie à nos entreprises adhérentes et nous leur rappelons que ce nouveau coup de massue est en voie de menacer 4.000 emplois.
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