Les besoins de professionnels rompus à l'utilisation de la maquette numérique explosent, selon Syntec-Ingénierie, qui estime qu'il va être nécessaire de former 80.000 salariés d'ici à 2020. Un grand nombre d'entreprises se déclarent encore "peu matures" pour mettre en œuvre le BIM. Découvrez les résultats de l'enquête menée par la fédération des sociétés d'ingénierie.
La transition numérique dans le bâtiment est une réalité : selon Syntec-Ingénierie, le nombre d'appels d'offres demandant l'usage du BIM a augmenté de +60 % en France, en 2016. Une évolution que les entreprises vont pourtant avoir du mal à suivre, par manque de main d'œuvre qualifiée. D'après les chiffres de l'étude menée au mois de juillet 2016, un peu moins d'un tiers des sociétés d'ingénierie se déclarent matures et aptes à la mise en œuvre de cette technologie et 68 % se disent encore trop "peu matures".
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L'enquête menée par Syntec-Ingénierie révèle : "Le BIM est encore loin d'être une réalité pour l'ensemble des professionnels : son adoption entraîne une perte de productivité de l'ordre de 15 % durant la phase de montée en compétences et nécessite une profonde mutation des modes de travail, aussi bien au sein des entreprises qu'entre les différentes parties prenantes de l'écosystème (maîtres d'ouvrage, architectes, ingénieurs, entreprises de construction, etc.)". Ludovic Vaz, président du bureau Bâtiment de Syntec-Ingénierie, précise : "Le BIM est une opportunité majeure pour moderniser le secteur de la construction en France (…) Nous sommes persuadés que la 'valeur numérique' est en passe de supplanter la 'valeur verte' et jouera un rôle économique clé dans les années à venir".
Un vaste effort de formation à fournir
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Pour parvenir à déployer la maquette numérique et en tirer tous les avantages attendus, ce sont donc 80.000 salariés qu'il faudrait former au BIM ou, au moins, sensibiliser dans les trois années qui viennent, soit près de 27.000 par an. Pour accompagner ce mouvement d'acquisition de compétences nouvelles, la fédération propose de suivre quatre axes prioritaires : tout d'abord renforcer l'accès aux formations BIM dans le plan de formation des entreprises, puis mettre en place des dispositifs pour la formation des futurs salariés, qu'ils soient jeunes ou demandeurs d'emploi. Ensuite, élaborer de nouveaux diplômes ou de nouvelles certifications de compétences avec les écoles d'ingénieurs, à l'image de celle qui vient d'ouvrir ses portes à l'ESTP Paris. Enfin, assurer une présence accrue de professionnels, experts de la question, dans les écoles et universités. Le président de Syntec-Ingénierie, Nicolas Jachiet, conclut : "A terme, l'adoption du BIM par l'ensemble de la filière entraînera des bouleversements profonds dans les missions dévolues à chacune des professions. Les ingénieurs verront leur périmètre d'action s'élargir pour répondre aux nouveaux besoins de conception et devront également assurer des missions plus globales, de coordination". Le responsable escompte une revalorisation de la profession d'ingénieur et de nouvelles opportunités pour les sociétés qu'il représente, notamment dans le BIM management.
Une vision que ne partage pas totalement Peter Ireman, responsable pédagogique de l'Ecole supérieure d'ingénieurs des travaux de la construction de Caen (ESITC), que Batiactu avait rencontré lors de l'inauguration des nouvelles salles BIM de l'établissement. Il estime pour sa part que le "BIM manager" n'est pas un métier en soi, qui devrait être incarné par une seule personne, mais une fonction ou un rôle qui devrait se transmettre successivement à différents professionnels, selon le degré d'avancement du projet, depuis la conception jusqu'à l'exploitation. L'ingénieur ne saurait donc être, à lui tout seul "BIM manager", au même titre que l'architecte, l'économiste de la construction ou le maître d'ouvrage. La situation n'est donc pas encore figée dans le monde de l'ingénierie autour des attributions et compétences de la maquette numérique…