Arpenteur de terrains, le géomètre-expert donne la mesure des chantiers en intervenant en amont de projets comme des passages de routes, autoroutes ou lignes de chemin de fer. Jean-François Dalbin, président du Conseil supérieur de l'Ordre des géomètres-experts (OGE), nous explique pourquoi cette profession encore méconnue est en "pleine évolution" avec les outils du numérique tels que le BIM et la 3D.
Être géomètre-expert aujourd'hui ? "C'est avant tout, exercer une profession plurielle, nous résume Jean-François Dalbin, président du Conseil supérieur de l'Ordre des géomètres-experts (OGE). La profession a le monopole de tout ce qui a trait à la propriété foncière, sa définition et les droits qui y sont attachés."Ils prêtent ainsi serment à l'Ordre, ce qui leur confère le titre d'expert.
Avant d'ajouter que la "structure a le monopole de tout ce qui a trait à la propriété foncière, le droit de définir les parcelles de biens", signale-t-il. C'est son cœur de métier, mais Jean-François Dalbin reconnaît que la profession, qui compte 1.850 géomètres-experts inscrits au tableau de l'Ordre, a "beaucoup évolué" depuis 1946, date de création de la mission de service public de régulation de la profession. De plus, l'institution ordinale s'est développée pour "devenir une véritable instance de management stratégique de la profession", selon lui.
Les chiffres sont là : l'Ordre estime à 1.200 le nombre de salariés des cabinets qui remplissent aujourd'hui les conditions d'accès à la profession de géomètre-expert. Sans compter les quelque 12.000 employés qui travaillent au sein des cabinets.
Les relevés doivent être "indiscutables"
La mission ? Le géomètre-expert intervient particulièrement en amont de projets comme des passages de routes, autoroutes ou lignes de chemin de fer. Et c'est à partir des données réalisées par les géomètres-experts que les autres corps de métiers de la chaîne de la construction -architectes, bureaux d'études, économistes, entreprises générales- vont travailler le plan de base qui servira à tous les autres. Les relevés doivent donc être "indiscutables".
De plus, le géomètre-expert a une fonction juridique. C'est lui qui fixe les limites exactes des propriétés foncières. Bien plus, il établit la superficie d'un bien lors d'une vente, ou la surface corrigée d'un appartement en vue d'un loyer plus juste, il prépare les règlements de copropriété, peut estimer la valeur d'un bien, gérer des immeubles, collaborer à l'établissement de plans d'occupation des sols pour une commune... Il peut aussi chiffrer des biens immobiliers, intervenir dans les litiges entre propriétaires, ou encore estimer des valeurs de terrains agricoles ou de propriétés en milieu urbain.
"L'évolution numérique de la profession" débattue au dernier congrès à Nancy
Autre particularité de la profession ? "Nous avons d'autres facettes comme la topographie, l'ingénierie, la maîtrise d'œuvre, ajoute Jean-François Dalbin. Sans compter les avancées techniques. Nous sommes passés de la chaîne d'arpenteur au scanner, au GPS et à la modélisation en trois dimensions." Justement, "l'évolution numérique de la profession" a été un thème longuement abordé lors du dernier congrès des géomètres-experts à Nancy en juin dernier.
"Permettre à nos membres de se former afin qu'ils accèdent aux marchés du BIM et 3D"
"C'est effectivement notre rôle de promouvoir le développement de nouvelles activités telles que le BIM ou la 3D et permettre à nos membres de se former afin qu'ils accèdent à des marchés prometteurs", nous précise-t-il. Car l'Ordre observe depuis cinq ans, qu'un grand nombre de ses confrères se lancent dans les mesures par scanner 3D.
Avec l'évolution de ces technologies, le temps d'intervention des géomètres-experts sur le terrain va diminuer. "La profession, et c'est déjà le cas, se partagera entre des cabinets à dominante très technologique et d'autres, plus spécialisés dans l'expertise juridique et le conseil", poursuit-il.
Pour accéder à la profession de géomètre-expert, deux voies cohabitent. "La première est ouverte aux jeunes diplômés de trois écoles d'ingénieurs, l'ESGT (Le Mans), l'ESTP (Cachan) et l'Insa (Strasbourg), après deux ans de stage d'exercice professionnel, explique Jean-François Dalbin. De plus, ces écoles dispensent des formations pour les géomètres-experts en activité. La deuxième formation par l'obtention du DPLG est ouverte aux titulaires d'un master obtenu dans des domaines connexes comme l'urbanisme et l'architecture. Elle est également ouverte aux personnels des cabinets en formation continue."
Quant aux salaires de la profession, l'Ordre des Géomètres-Experts (OGE) reste évasif. "Les géomètres-experts sont des professionnels libéraux : les fourchettes de salaires, comme pour tout entrepreneur, sont variables en fonction de la structure de la société ainsi que du lieu d'exercice", indique son président. Précisons qu'un géomètre-expert débutant démarre à partir de 1.500 euros nets.
Enfin l'avenir ? La profession reste optimiste pour les prochaines années. "Ce n'est pas en déprimant que l'on fait avancer les choses", commente Jean-François Dalbin. Avant de conclure : "A ce jour, les voyants sont au vert à l'image du secteur du bâtiment et de l'immobilier. Les derniers chiffres montrent une stabilisation du chiffre d'affaires de nos cabinets par rapport aux années précédentes. Et nous observons actuellement une tendance à la hausse sur l'activité."
Qui sont les géomètres-experts ?
- 1.850 géomètres-experts sont inscrits au tableau de l'Ordre,
dont 11 % d'entre eux sont des femmes
dont 21,5 % des nouveaux géomètres-experts sont des femmes
dont 27% des nouveaux inscrits sont des géomètres-experts DPLG
- 1.200 exercent en cabinet
- 12.000 employés travaillent au sein des cabinets
Foncier : 40,4 %
Topographie :29,6 %
Ingénierie : 9,9 %
Urbanisme : 8,7 %
Autres : 3,8 %
Information géographique : 3 %
Aménagement foncier, agricole et forestier : 2,9 %
Expertise : 1,6 %