ENERGIES MARINES. Nouvel incident pour la machine D10 de Sabella qui a été relevée "pour une courte opération de maintenance" suite à la détection d'un défaut. Elle était immergée au large d'Ouessant depuis le mois d'octobre 2018 et ne devrait y retourner qu'en juillet 2019. Explications.

Il était prévu que l'hydrolienne Sabella D10 reste immergée pour une période de trois ans. Mais, au bout de six mois seulement, elle a été remontée à la surface du passage du Fromveur. Jean-Christophe Allo explique à l'AFP : "Après un fonctionnement très satisfaisant de l'hydrolienne (…) un défaut a été détecté dans le système de refroidissement de la nacelle". Un problème qui n'empêchait pas la machine de fonctionner mais qui "limitait ses conditions d'utilisation".

 

 

Quelques mois de production effective en quatre ans…

 

Ce n'est pas la première fois que l'hydrolienne connaît des soucis en exploitation : immergée en juin 2015, elle avait d'abord été "hackée" par des pirates au mois d'octobre suivant, avant d'être ressortie de l'eau à la mi-2016. Son câble avait été endommagé lors de son installation et les dégâts avaient affecté les possibilités de freinage et de contrôle de l'engin qui développe une puissance de 1 MW grâce à son hélice de 10 mètres de diamètre. L'imposante turbine qui atteint la taille d'un immeuble de cinq étages, pèse environ 400 tonnes et nécessite, à chaque opération, la mobilisation d'un navire spécial à capacité de levage importante.

 

 

Entre les mois de novembre 2015 et d'avril 2016, elle avait fourni du courant à l'île d'Ouessant, à hauteur de 5 % de ses besoins d'électricité. La Sabella D10, une fois réparée, devrait retrouver les 55 mètres de profondeur du passage sous-marin où s'engouffre un puissant courant de 8 à 10 nœuds au mois de juillet 2019. Pour y rester 2,5 ans sans aucune autre panne ?

 

Les développements futurs des modèles :
Sabella s'est lancé dans le projet CF2T pour améliorer la fiabilité et la compétitivité de ses technologies avec le concours des entreprises Allia, Saitec et Alkit, ainsi que l'appui de financements européens et régionaux (Bretagne, Pays de la Loire). Une initiative qui s'étendra jusqu'en 2021 et qui consistera à développer une embase gravitaire hybride en différents blocs et différents matériaux. Cette innovation devra réduire les coûts de construction et d'installation en autorisant un déploiement en plusieurs étapes au lieu d'une seule, ce qui nécessitera des capacités de grutage moins importantes. La nouvelle embase disposera également d'une interface modulable qui lui permettra de s'adapter au fond marin, limitant cette fois les besoins de préparation du sol. Les partenaires développeront un système de suivi et de contrôle afin de mieux comprendre les chargements appliqués sur la structure et planifier des opérations de maintenance préventive, accroissant ainsi la fiabilité de l'ensemble.
Il est prévu que Sabella mette au point des machines encore plus grandes que la D10, les D12 (1 MW de puissance également) dont deux exemplaires pourraient être immergés dans le Fromveur à l'horizon de 2021 pour couvrir cette fois entre 35 et 40 % des besoins de l'île d'Ouessant, habitée à l'année par 800 personnes. Plus loin encore, dans le détroit de San Bernardino aux Philippines, trois modèles D15 de 1,6 MW sont prévus pour alimenter les 15.000 habitants de l'île de Capul, peut-être au milieu de la prochaine décennie. Les progrès sont lents dans ces technologies immergées en milieu marin.

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