L'hydrolienne Sabella D10, immergé au large d'Ouessant au mois de juin 2015, a été la cible de pirates informatiques. Son système de communication satellitaire a été pris en otages par des hackers qui ont réclamé une rançon, entraînant un arrêt de sa production électrique pendant quelques jours.

On savait que les pirates agissaient sur tous les océans du globe, mais pas encore qu'ils attaquaient également sous la surface. Pourtant, et c'est une première, la seule hydrolienne reliée au réseau électrique, la Sabella D10, a été "hackée" par des pirates informatiques au mois d'octobre 2015. Jean-François Daviau, le dirigeant de la PME quimpéroise, explique : "On a perdu l'ordinateur qui permettait la connexion satellitaire depuis Quimper avec l'unité de pilotage de l'hydrolienne. Cet ordinateur, installé à Ouessant, a été hacké par des russo-cubains. (…) Ils ont pénétré dans l'ordinateur et l'ont crypté". Les forbans informatiques ont ensuite adressé une demande de rançon de 4.000 dollars, rédigé en espagnol et contenant quelques mots en cyrillique. Cette prise d'otage virtuelle a entraîné un arrêt de la production de la machine, de 1 MW de puissance, pendant deux semaines. Le temps pour Sabella de changer le terminal piraté et de mettre en place des protections informatiques supplémentaires…

 

 

Pas de négociation avec les terroristes

 

"On n'a pas payé, bien sûr", ajoute Jean-François Daviau. Le piratage n'a cependant pas perturbé le réseau électrique local puisqu'il est intervenu… quelques jours avant le raccordement à l'île d'Ouessant. Si la turbine sous-marine est bien reliée physiquement, par un câble, depuis le 21 septembre 2015, l'électricité qu'elle produit grâce aux courants marins n'est injectée sur le réseau îlien que depuis le 5 novembre dernier. Et depuis, sa production n'a pas été interrompue, totalisant plus de 70 MWh de courant. Elle couvre ainsi jusqu'à 15 % des besoins en électricité des 800 insulaires. Sa phase de test devrait se poursuivre jusqu'en septembre 2016, mais Sabella a d'ores et déjà demandé à poursuivre l'expérimentation au-delà de cette date.

 

 

La mésaventure aura eu le mérite de pointer le doigt sur le besoin de sécuriser les moyens de communication/pilotage des machines implantées en mer. Et elle n'aura pas refroidi Sabella qui prévoit toujours, d'ici à 2020, d'immerger dans le passage du Fromveur trois autres turbines, de modèle D15, et d'une puissance de 2 MW. De quoi couvrir entre 50 et 70 % de la consommation électrique de l'île, qui reste pour l'heure dépendante à un générateur au fioul.

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