DÉCRYPTAGE. Pour certains spécialistes, la mise en consultation publique de la troisième édition de la SNBC et de la PPE risque encore de retarder la prise de décisions face à l'urgence écologique. D'autres préviennent que l'économie et la société n'auront pas les moyens (humains, matériels, financiers...) d'être sur tous les fronts de la décarbonation en même temps.
S'ils ont le mérite de tracer une trajectoire et de lancer le débat, les documents programmatiques de la France en matière d'énergie et de climat ne font pas l'unanimité chez les spécialistes. Ce 4 novembre 2024, le Gouvernement a enfin officialisé la mise en consultation publique, pendant six semaines et sous l'égide du Secrétariat général à la planification écologique (SGPE), de la troisième édition de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).
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Deux textes issus de la Stratégie française énergie-climat (Sfec) et qui viennent compléter le Plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc) dévoilé récemment par le Premier ministre Michel Barnier.
Concrètement, la SNBC définit "la feuille de route de la France en matière de changement climatique pour l'ensemble des secteurs, avec une trajectoire, par secteur, de réduction des émissions et d'adaptation au changement climatique", explique-t-on au ministère de la Transition écologique, de l'Énergie et du Climat. La PPE, elle, se veut "la feuille de route du développement des énergies pour les 10 prochaines années". Dans les deux cas, l'ambition est grande.
Développer les réseaux et sécuriser l'approvisionnement
La SNBC vise en effet une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre de la France en 2030 par rapport à leur niveau de 1990, conformément à l'Accord de Paris et aux engagements européens, puisqu'elle est aussi une retranscription en droit français du Pacte vert. Pour le Gouvernement, cette trajectoire est "tenable" car la France est déjà sur les bons rails. "Tenir cet objectif revient à baisser de 4,6% les émissions de GES chaque année d'ici 2030, et on est déjà un peu au-dessus", note le cabinet de la ministre Agnès Pannier-Runacher.
La PPE cherche pour sa part à "passer d'un modèle de consommation d'énergie encore largement carboné aujourd'hui (à 60% d'origine fossile, NDLR) à un système beaucoup plus décarboné". Cela en s'appuyant sur quatre piliers : l'efficacité et la sobriété énergétiques, "un retour aux standards de production du passé" pour le nucléaire (360 voire 400 térawatts-heures) ainsi que l'essor des ENR (éolien en mer et solaire photovoltaïque, chaleur renouvelable…).
Le texte devrait également comporter des volets relatifs au développement des réseaux électriques et gaziers. La sécurité d'approvisionnement en électricité, gaz et autres produits énergétiques sera aussi abordée dans la programmation, l'exécutif cherchant à maîtriser les coûts tout en préservant le pouvoir d'achat des consommateurs. Ces mesures s'articuleront avec une stratégie de développement des "mobilités propres", des transports en commun aux véhicules électriques.
Croisée des chemins
Car le secteur des transports pèse 30% des émissions de GES de la France, un chiffre en constante augmentation ces dernières années, notamment du côté de la route. "Si les mobilités représentent un tiers du problème, elles représentent aussi un tiers de la solution. Nous croyons en la capacité de la science et de l'industrie à réussir ce qui n'était pas possible auparavant", veut croire le ministre des Transports, François Durovray. Qui annonce le triptyque de la Sfec sur ce sujet : "aménager, massifier et électrifier".
Quelques jours après que le Sénat ait adopté sa proposition de loi portant programmation et simplification dans le secteur de l'énergie, Roquelaure estime d'ailleurs que les chemins des deux textes pourraient finir par se croiser. "Il y a une cohérence quasi-parfaite entre la PPE et la PPL adoptée au Sénat, en tout cas sur le volet programmatique", relève-t-on au ministère. "On a besoin d'ajustements pour que cette PPL corresponde à nos objectifs", nuance la ministre de l'Énergie, Olga Givernet.
"Mais si elle trouve son chemin à l'Assemblée nationale, pourquoi pas compter sur la PPL du Sénat. Il faut surtout travailler au niveau de la PPE sur la manière dont les filières doivent se structurer. Par exemple, si on s'engage sur la biomasse, il faut savoir si on peut se fournir sur notre sol ou s'il faut l'importer. Il y a aussi la question de la durabilité : combien de temps pourra-t-on garder nos infrastructures ?", déroule l'une des locataires de Roquelaure.
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