ÉCONOMIE. Alors qu'il s'est lancé dans une revue des dépenses publiques, le Gouvernement réfléchirait à l'efficacité de certains dispositifs d'aide aux entreprises. Dans le même temps, l'Élysée souhaite mettre l'accent sur le commerce extérieur pour booster les capacités d'exportation des PME françaises.
La politique pro-business d'Emmanuel Macron commencerait-elle à battre de l'aile ? Alors qu'il s'est lancé dans une revue des dépenses publiques, le Gouvernement réfléchirait à l'efficacité de certains dispositifs d'aide aux entreprises.
D'après nos confrères des Échos, la Première ministre Élisabeth Borne a tenu une réunion sur le sujet à Matignon ce 16 novembre. Aux côtés du ministre de l'Économie Bruno Le Maire, elle a rappelé l'objectif : trouver 12 milliards d'euros d'économies pour le budget 2025 et alléger la dette faramineuse de la France.
Une fiscalité bien plus favorable
Parmi les pistes évoquées, les aides aux entreprises figureraient donc en bonne place. L'exécutif pose ainsi la question de la pertinence "des allègements de cotisations sociales, des ristournes fiscales et des aides directes", selon le quotidien économique, qui mentionne notamment le crédit d'impôt recherche (CIR). Autant de mesures qui coûteraient pas moins de 110 milliards d'euros aux caisses de l'État.
Il ne serait pas pour autant question de tout supprimer, mais plutôt d'arrêter les aides jugées comme étant "les moins efficaces". En contrepartie, le Gouvernement met en avant la fiscalité bien plus favorable aux entreprises "avec la baisse de l'impôt sur les sociétés et des impôts de production". Et à l'Élysée, on veut désormais mettre l'accent sur un autre sujet qui pénalise la compétitivité des entreprises françaises : le commerce extérieur.
Des difficultés à l'export
Malgré une politique économique résolument en faveur de l'offre depuis l'élection d'Emmanuel Macron en 2017, la réindustrialisation "verte" promue par l'exécutif se heurte au déficit commercial de l'Hexagone et aux difficultés des entreprises, surtout les plus petites, à se développer à l'export. Au tournant des années 2000, la balance du commerce extérieur s'est déséquilibrée du fait d'un recul des exportations et d'une hausse des importations.
Le président de la République devrait donc se lancer dans cette nouvelle "bataille" au cours des prochains jours. "Il faut donner à notre tissu de PME-ETI le réflexe de l'export pour qu'elles se déploient à l'étranger. Les PME françaises ne représentent que 2% des exportations du pays contre 9% pour les PME allemandes", argue-t-on à l'Élysée.
Fin août, le Gouvernement a lancé son "plan export" visant à faire passer le nombre d'entreprises exportatrices de 150.000 à 200.000 d'ici 2030. Parmi la dizaine de mesures de ce programme, on trouve un accompagnement des PME sur les salons via une hausse de la subvention publique pour la participation aux Pavillons France, ou encore la création du VTE Export (Volontaire territorial de l'export en entreprise) en parallèle du dispositif VIE (Volontaire international en entreprise). Le plan export s'articule également avec le plan d'investissement France 2030, dont l'ensemble des lauréats se verront proposer un soutien spécifique pour remporter des marchés à l'étranger.
Réindustrialisation et décarbonation
Mais la logique "marche dans les deux sens : on cherche aussi à attirer des entreprises étrangères pour qu'elles investissent en France", souligne-t-on au Palais. Ce qui passerait par la Recherche & Développement, la réindustrialisation et bien sûr la décarbonation. "Tout l'enjeu dans le monde actuel est que nos PME produisent de manière décarbonée", confirme cette source élyséenne.
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Mardi prochain, Emmanuel Macron devrait donc s'exprimer sur les PME et ETI en annonçant un programme d'accompagnement "d'une centaine de PME" qui seront pour l'occasion reçues à l'Élysée mais dont le détail n'a pour l'heure pas été communiqué. Ces acteurs économiques devraient ainsi faire l'objet d'un "traitement individuel" en bénéficiant des services de l'État pour leurs projets de développement à l'international.
Le lendemain, le chef de l'État devrait cette fois parler de décarbonation, un an presque jour pour jour après avoir lancé le défi aux 50 sites industriels les plus polluants de France de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre - lesquelles pèsent environ 10% du total national. "Après un an de travail, l'heure est au bilan des engagements pris. Ils ont été a priori tenus", indique l'Élysée. Réponse en détails le 22 novembre.