TRAVAIL. Le gouvernement a signé un accord avec les syndicats pour améliorer les conditions salariales des enseignants contractuels des écoles d'architecture. Une réponse aux revendications portées depuis plusieurs années pour mettre fin aux inégalités.
Un accord de "dé-précarisation" des enseignants et personnels pédagogiques contractuels a été signé par la ministre de la Culture, Rachida Dati, et les organisations syndicales le 14 mars 2025, annonce le gouvernement dans un communiqué.
Les personnels pédagogiques contractuels des écoles nationales supérieures d'art et de design (Ensart), des écoles nationales supérieures d'architecture (Ensa) et des conservatoires nationaux supérieurs de musique et de danse (CNSMD) de Paris et de Lyon sont concernés. Ils "bénéficieront, en application de cet accord, de nouvelles conditions de rémunération, indique le ministère. Leur traitement indiciaire augmentera désormais progressivement avec leur ancienneté au sein de nouvelles grilles indiciaires, leur offrant ainsi de véritables perspectives de carrière."
Les personnels déjà en poste seront, eux, reclassés dans les nouvelles grilles. Des dispositifs spécifiques permettront la reprise d'ancienneté et ainsi, une revalorisation de leur rémunération.
De nombreuses personnes concernées
Ces mesures concernent 741 enseignants contractuels d'Ensa. Le gain moyen sera d'environ 2.000 euros pour les enseignants contractuels et un peu plus de 3.000 euros pour les maîtres de conférences invités des Ensa.
"Cette signature marque l'aboutissement d'une négociation collective qui permettra la mise en œuvre de mesures salariales concrètes au bénéfice direct des agents concernés, affirme le gouvernement. Elle constitue la première étape de la reprise des discussions entre l'administration et les organisations syndicales ministérielles sur l'évolution du cadre de rémunération des agents contractuels du ministère."
Contexte difficile
Depuis plusieurs années, les syndicats réclament de meilleurs salaires. En 2020, le Collectif pour des conditions dignes et égalitaires des enseignants contractuels en écoles d'architecture s'est créé, à l'initiative de 18 enseignants représentant 10 Ensa de France. Ils demandent notamment le rééquilibrage des salaires des enseignants contractuels, "en référence à ce que devrait normalement percevoir un fonctionnaire exerçant les mêmes fonctions".
"Ces enseignants, avec bac+ 5 à 8 ou équivalent requis et jusqu'à 34 ans d'ancienneté, représentent 43% des enseignants des écoles d'architecture, ont en charge 23% des heures d'enseignements, mais sont rémunérés 745 euros pour un mi-temps en non-respect de l'article 1-3 du décret du 17 janvier 1986", écrivent-ils sur leur site.
Une députée au front
Une augmentation de leur rémunération de 113 euros nets en moyenne le 1er janvier 2023 a été jugée "largement insuffisante pour rattraper le retard" des salaires des enseignants contractuels vis-à-vis de ceux des enseignants titulaires, a estimé la députée de Haute-Garonne, Christine Arrighi, en octobre 2024. La politique avait, à l'époque, alerté la ministre sur ce sujet.
"Les Ensa connaissent une situation grave. La capacité d'accueil limitée d'étudiants conduit la France à être le pays d'Europe où le nombre d'architectes par habitant est le plus bas, et les conditions d'enseignement sont très dégradées. Si on peut saluer l'alignement du traitement des enseignants titulaires des Ensa sur celui de leurs homologues de l'université, il est incompréhensible qu'il n'en aille pas de même pour les enseignants contractuels de ces écoles, avait-elle déclaré. Il est indispensable de mettre fin à la précarité de celles et ceux qui les forment. À travail égal, salaire égal. Il s'agit d'une condition sine qua non pour former les architectes de demain."
à lire aussi
- "La danse est un outil pour dessiner l'espace public", Sanna Baldé
- Grand Huit, la coopérative qui promeut une ville plus durable et sociale
- HouseEurope! veut une loi européenne pour favoriser la rénovation des bâtiments
- "Les architectes sont formés à une vision humaniste et apolitique de la ville" (Saca)