Manuel Valls a reçu ce lundi les principaux partenaires sociaux dont l'UPA afin de préciser les annonces faites par François Hollande lors de ses vœux télévisés du 31 décembre, jugées encore "floues" pour relancer l'emploi et la formation. Réactions de Jean-Pierre Crouzet, président de l'UPA.

Une journée marathon dédiée à l'emploi et à la formation. Le Premier ministre et la ministre du travail ont reçu, ce lundi 11 janvier, à Matignon les dirigeants syndicaux -CGT, FO, CFDT, CFE-CGC, CFTC- et patronaux -Medef, CGPME, UPA- sur le plan d'urgence pour l'emploi et la formation, annoncé le 31 décembre par François Hollande et qui sera détaillé le 18 janvier prochain.

 

Comme Manuel Valls l'a répété ce lundi, le Gouvernement veut notamment créer "500.000 formations supplémentaires pour les chômeurs en 2016" et instaurer une nouvelle prime à l'embauche pour les PME.

Pérenniser l'activité avant tout

De son côté, le président de l'UPA, Jean-Pierre Crouzet, reçu dans l'après-midi par Manuel Valls a appelé le Gouvernement "à rompre avec les vieilles recettes annoncées à chaque début d'année et à doter enfin la France d'une politique structurelle favorable à l'emploi dans les TPE et les PME."

 

"En prévoyant d'accorder des primes temporaires aux entreprises qui embauchent, le Gouvernement fait le constat que le coût du travail est trop élevé aujourd'hui en France, mais il n'en tire pas toutes les conséquences, nous indique Jean-Pierre Crouzet. Ce n'est pas la promesse d'une prime qui conduira les entreprises à recruter mais la reprise pérenne de l'activité et la certitude que le niveau des cotisations sociales appliqué à l'ensemble des salariés va radicalement et durablement baisser."

 

L'UPA a alors demandé notamment un transfert total des cotisations familiales vers le budget de l'Etat, "car ni les entreprises ni les travailleurs indépendants n'ont vocation à financer la politique familiale."

 

D'après le président de l'UPA, "cette mesure doit s'inscrire dans un plan plus large de relance de l'emploi et de la formation dans les entreprises de moins de 50 salariés, qui, outre le fait qu'elles représentent 98% des entreprises françaises, sont celles qui détiennent le plus important gisement d'emplois."

 

A ce sujet, le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron a aussitôt réagi à l'AFP et semble fermer la porte aujourd'hui à de nouveaux allègements de charge pour les entreprises, estimant que "beaucoup" avait déjà été fait en la matière. "Il y a aussi des propositions qui sont aussi parfois des obsessions, a ajouté le ministre, estimant qu'un "travail considérable" a déjà été accompli sur cette question. "Regardez ce qui a été fait sur le sujet depuis le début du quinquennat: 40 milliards d'euros d'allègements de charge et de fiscalité, c'est le Pacte de responsabilité. Je pense qu'on ne peut pas renouer les débats comme si on partait de zéro",a pourvi le ministre.

 


"Nous devons remettre à plat le statut de l'apprenti", Jean-Pierre Crouzet

 

Enfin, Jean-Pierre Crouzet a rappelé à Matignon le développement de l'apprentissage qui "ne pourra résulter d'une réduction de la durée de formation et des niveaux de qualification comme cela semble envisagé." Et de poursuivre : "La priorité est de faciliter la vie des entreprises qui forment des apprentis et de dédramatiser la rupture du contrat d'apprentissage en instaurant une période d'essai plus longue.(…). Nous devons remettre à plat le statut de l'apprenti." De même, les conditions de rupture des contrats de travail doivent être sécurisées.

 

A l'issue de cette entrevue, l'UPA comme l'ensemble des partenaires sociaux invités à Matignon n'ont pas obtenu de précisions sur les contours du plan d'action, dévoilé le 18 janvier prochain, par l'Elysée.

 

Répondre aux besoins des territoires

Une seule piste sure : un dispositif de plan de formation prioritaire devrait ainsi s'appuyer sur des formations de 400 à 500 heures en ciblant particulièrement les métiers en tension -soudeur, chaudronnier- mais également les métiers d'avenir consacrées à la croissance verte, la rénovation énergétique, avait précisé, Myriam El Khomri, ministre du Travail, lors d'une rencontre à l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS), la semaine dernière. Avant de bien préciser : "Si la croissance est au rendez-vous cette année, l'enjeu est qu'elle puisse bénéficier aux chômeurs les moins qualifiés." L'importance de ce dispositif repose de "partir des besoins des territoires, par bassin d'emploi", avait-elle martelé.

 

Par ailleurs, le Gouvernement a affirmé que la future réforme du Code du travail, qui sera présentée au printemps, ne toucherait pas au contrat de travail. Et il a en revanche confirmé qu'il comptait bien instaurer un plafond pour les indemnités de licenciement abusif prononcées aux Prud'hommes, qui serait le même pour tous les salariés. Enfin, un séminaire réunissant Gouvernement, syndicats, patronat, Pôle emploi et les présidents de régions aura lieu fin janvier-début février pour aborder les détails de la mesure, a conclu Matignon.

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