TRÉSORERIE. S'ils n'ont pas encore renoué avec leur niveau d'avant-Covid, les délais de paiement se sont tout de même améliorés en 2021, atteignant 12,5 jours de retard en moyenne. Le secteur de la construction, et les TPE-PME plus largement ont réussi à remonter la pente. L'Île-de-France continue à l'inverse d'afficher des retards relativement longs.
La situation n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant-crise mais s'améliore malgré tout. En publiant son état des lieux des délais de paiement des entreprises françaises pour l'exercice 2021, le groupe Altares confirme que la tendance se rétablit progressivement depuis l'année dernière, après avoir connu une flambée du phénomène à l'été 2020, autrement dit au plus fort de la crise sanitaire et économique du Covid. Le "quoi qu'il en coûte" a fort logiquement contribué à ce constat : "Le vaste plan de soutien aux entreprises de 230 milliards d'euros déployé pour faire face à la crise Covid a permis de maintenir les activités et les emplois. Il a aussi soulagé les trésoreries des entreprises qui ont pu continuer à régler leurs factures à temps", confirme Thierry Millon, directeur des études chez Altares.
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Et le responsable de saluer la "solidarité" entre acteurs économiques et le "travail" du comité de crise spécialement créé pour l'occasion par Bercy. Avec le retour de comportements plus "vertueux", un "soulagement" a donc pu se faire ressentir en 2021. "Mais l'enthousiasme doit aujourd'hui laisser place à la sobriété et la prudence au regard de ce début d'année 2022 et du contexte de la guerre en Ukraine", nuance Thierry Millon. Avec une crainte d'effet domino sur l'ensemble de la chaîne de valeur, de la production aux délais de paiement en passant par les chiffres d'affaires et les marges. "L'envolée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires, la confiance érodée des consommateurs pourraient aussi fragiliser la reprise des secteurs les plus durement fragilisés par la crise sanitaire, comme la restauration et le commerce."
Le BTP sous "la barre symbolique des 10 jours"
Le bâtiment et les travaux publics ne seraient donc pas franchement concernés par le problème. La moyenne nationale des délais de paiement, tous secteurs confondus, s'élève à 12,5 jours de retard à la fin 2021, contre 13,6 jours pour la moyenne européenne. Le secteur de la construction fait encore mieux, avec 9,5 jours de retard en moyenne l'année dernière, contre 10 jours il y a deux ans. D'après Altares, la filière avait réussi à contenir l'explosion des délais en 2020, et est aussi parvenue à se distinguer avec un retard moyen passant sous "la barre symbolique des 10 jours" en 2021.
Après avoir connu des comportements très disparates au plus dur de la pandémie, les régions ont commencé à homogénéiser leurs pratiques en 2021, portées par une dynamique globale d'amélioration. Qualifiée de "meilleure élève" par l'étude, la Bretagne présente un retard moyen de 9,8 jours. Le reste du podium est complété par les Pays de la Loire (10,3 jours), la Bourgogne-Franche-Comté (10,5 jours), la Nouvelle-Aquitaine (10,6 jours) et le Centre-Val de Loire (10,9 jours). Ferment le ban les régions Hauts-de-France (12,4 jours), Provence-Alpes-Côte d'Azur (13,2 jours), la Corse (16 jours) et, à la toute dernière place, l'Île-de-France (17,3 jours).
Les grands groupes toujours très concernés par le phénomène
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Les analystes d'Altares ont enfin détaillé l'évolution des délais de paiement par taille d'entreprise. Alors que l'ensemble des sociétés, tous secteurs et toutes tailles confondus, ont vu leurs retards de paiement s'emballer à l'été 2020, la situation a varié suivant les types de structures en 2021.
Ainsi, les entreprises de moins de 200 salariés affichent un rythme de 12,6 jours ; celles comptant entre 200 et 1.000 employés voient leurs délais se stabiliser à 14,9 jours ; et celles ayant plus de 1.000 salariés connaissent une aggravation du phénomène, avec 17,4 jours. Les plus petites structures (moins de 50 employés) ont un retard moyen de 12,4 jours, faisant même encore mieux que tous les autres segments. Les petites et moyennes entreprises parviennent donc à remonter davantage la pente que les grands groupes.