EXTENSION. L'établissement thermal d'Aix-les-Bains (Savoie) situé dans le centre historique de la ville, est constitué d'un ensemble de bâtiments disparates, construits entre les 19e et 20e siècles. Fermés depuis 2008, ils doivent subir un important programme d'extension sous la houlette de Vincent Callebaut. Découverte du projet choisi par la municipalité et les Aixois.
Le projet de métamorphose des thermes nationaux proposé par l'architecte belge Vincent Callebaut a séduit les Aixois. Car il ne se contente pas de juxtaposer des constructions nouvelles à un ensemble déjà complexe (et classé aux Monuments historiques), mais "bien au contraire [d'] intégrer le meilleur de chaque époque à notre avenir", explique le maître d'œuvre qui s'est fixé un but : "Révéler les qualités intrinsèques patrimoniales de l'édifice et les magnifier par une architecture contemporaine qui assume son époque".
Interprétant une nouvelle fois sont principe de "solidarité énergétique", Vincent Callebaut cherche à allier l'existant à un projet actuel, à énergie positive, qui fournira de l'énergie pour les deux et viser un bilan carbone neutre. Pour y parvenir, l'architecte liste les interventions à réaliser : d'abord, retrouver les volumes et dispositions d'origine des bâtiments Pellegrini, Revel et des Princes. Les extensions disgracieuses au-delà du R+3, construites dans les années 1970 pour abriter les services administratifs, seront démolies et la toiture d'origine restituée. "La tour Mabileau ne peut être réutilisée dans le projet de restauraiton en raison de sa non-conformité à la réglementation sismique", explique-t-il. L'endroit ne sera pas reconstruit "en raison de la présence de vestiges romains aux niveaux inférieurs, datant de la première moitié du 2e siècle avant-JC".
Les cours intérieures seront curées des adjonctions postérieures au 19e siècle pour retrouver de la lumière et des dispositions originelles. Pour dégager les édifices Pellegrini et l'annexe Revel, le maître d'œuvre entend déconstruire les deux travées nord du bâtiment Pétriaux et de la jonction Foray, et transformer le bâtiment de liaison en porche, marquant un seuil entre place et cour. A l'est de l'emprise, donnant sur la rue Georges 1er, l'architecte souhaite créer un parvis. L'espace dégagé par la destruction de la tour Mabileau permettra de créer une place haute assurant le lien avec la place Mollard.
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Un programme végan
L'alimentation saine prendra une part importante dans le nouveau projet des thermes nationaux. De l'agriculture urbaine produisant fruits et légumes sera pratiquée sur les toits, balcons et espaces publics. S'appuyant sur les données de la FAO, le maître d'œuvre annonce : "Les jardins potagers peuvent être jusqu'à 15 fois plus productifs que les exploitations des zones rurales. Une superficie d'un mètre carré peut fournir 20 kg de nourriture par an". Il est espéré que cette forme d'agriculture créera des emplois et diminuera les émissions de CO2 ainsi que les coûts.
Des usages non genrés
Côté usages, les thermes nationaux d'Aix-les-Bains deviendront des lieux de vie décloisonnés qui regrouperont hébergements innovants, restaurants, galerie commerciale et espace de coworking. Dans les parties conservées, l'office de tourisme sera installé dans le bâtiment Pellegrini et un centre d'interprétation de l'Architecture et du patrimoine dans l'annexe Revel. Un centre de bien-être est envisagé dans le bâtiment des Princes, tandis que des locaux d'enseignement de l'école Peyrefitte occuperont l'extrémité sud du site, dans le bâtiment de la piscine Pétriaux. Les niveaux souterrains seront aménagés en parkings desservis par l'accès du parking de la mairie.
Un design naturel
Pour le design des constructions neuves, Vincent Callebaut évoque "une architecture résiliente, innervée de Nature", une "ode à la biodiversité, aux énergies renouvelables et à l'économie circulaire" pour un monde post-carbone, post-fossiles et post-insecticides. Environ 185 logements premium nommé "Sky villas" s'étendront sur 13.000 m², dont 25 % seront réservés à du logement social et le reste mis en libre accession à la propriété. La terrasse sommitale sera occupée par un restaurant panoramique, offrant une vue entre lac et montagnes, desservi par une batterie d'ascenseurs et une cage d'escaliers Chambord. La ferme pédagogique sera également implantée sur le toit. Les bâtiments choisis dans la variante "Ecume des ondes", sont bas et compacts, calibrés sur le gabarit de l'hôpital Reine Hortense. Les façades, animées par des balcons ondulants en quinconces, assurent à chaque logement un maximum de lumière naturelle.
Un foisonnement technologique
Côté technologies, fidèle à son habitude, l'architecte belge accumule les solutions alternatives : champ de sondes géothermiques pour couvrir les besoins de chaud et de froid, cheminée à vent pour ventiler naturellement les bâtiments, récupération des eaux de pluie et recyclage des eaux grises par phyto-épuration, toitures solaires hybrides produisant à la fois de l'électricité et de l'eau chaude sanitaire, centrale biomasse pour recycler les déchets organiques non-comestibles et cogénération à l'huile de colza… Des solutions pilotées par de la domotique intelligente. Structurellement, l'objectif bas carbone sera atteint par l'emploi de matériaux avancés. Vincent Callebaut avance deux variantes : soit le béton précontraint alvéolaire, soit le bois lamellé collé. "La réalisation d'un bilan environnemental multicritère et multi-étape du projet sur l'ensemble de son cycle de vie sera effectué pour connaître et comparer les impacts environnementaux du projet", anticipe-t-il.
Un restaurant panoramique
Entre lac et montagne, les clients du restaurant pourront profiter de la vue, d'une cuisine raffinée, de produits locaux et d'une eau cristalline.
Axonométrie
Les nouveaux bâtiments prendront appui sur les plus anciens. Grâce à cette vue, on distingue toutes les architectures différentes, dont la longue façade Art Déco.
Des logis confortables
Les balcons ondulants, dotés de jardinières, seront agrémentés de fruitiers : groseilles, cassis, framboises, mures, myrtilles... Plaisir des yeux et plaisir des papilles.
Insertion paysagère
Abondamment végétalisés et compacts, les deux immeubles de logements se font discrets.