ÉCONOMIE. Un nombre croissant d'entreprises cherchant à embaucher sont confrontées à des candidats ne parvenant pas à se loger à proximité des bassins d'emplois, révèle une étude de la CPME. La moitié des entrepreneurs refuseraient ainsi des commandes par manque de bras.
Serait-ce une nouvelle conséquence économique et sociale de la crise du logement ? Alors que la construction neuve s'effondre et que les acteurs du secteur se désespèrent de n'avoir aucun soutien de la part du Gouvernement, une enquête de conjoncture fraîchement publiée par la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises, dont est membre la Fédération française du bâtiment) braque les projecteurs sur un phénomène inquiétant qui prend de plus en plus d'ampleur.
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On y apprend que 85% des 1.400 entrepreneurs interrogés (tous secteurs confondus) cherchant à recruter rencontrent toujours autant de difficultés pour le faire - une proportion qui monte à 86% dans le bâtiment. Si la tendance reste stable depuis le début de l'année, l'ensemble des secteurs d'activité sont concernés, les PME (employant de 10 à 249 salariés) et les entreprises industrielles tout particulièrement.
Par ailleurs, 31% des dirigeants estiment que la régularisation des travailleurs sans-papiers, en balance dans le projet de loi immigration actuellement examiné à l'Assemblée nationale, pourrait constituer une solution à cette problématique. Cette part grimpe à 47% chez les professionnels de la construction.
Les embauches impossibles à cause du logement ont doublé en six mois
Mais le patronat attire l'attention sur un autre défi : celui d'arriver à loger les salariés suffisamment près de leur lieu de travail. En effet, quasiment 1 recrutement sur 5 (19%) n'aboutit pas à cause de l'impossibilité, pour les candidats, de trouver un logement à proximité des bassins d'emplois.
C'est "deux fois plus qu'il y a six mois", note la CPME, qui juge qu'il "est désormais plus qu'urgent d'agir". Quoi qu'il en soit, ce manque de bras finit inévitablement par peser sur l'activité des entreprises. Plus de la moitié des dirigeants sondés (53%) expliquent ainsi refuser des commandes ou des ventes, faute de personnels.
La CPME va jusqu'à parler de "formidable gâchis" qui "exaspère les chefs d'entreprise qui ne s'expliquent pas comment ils se retrouvent dans cette situation alors que la France compte encore plusieurs millions de chômeurs indemnisés". Des mots forts qui ne doivent néanmoins pas faire perdre de vue tous les ressorts et les enjeux, vastes et complexes, de la situation des demandeurs d'emploi.
Inquiétude autour de la remise en cause des allègements de charges
Concernant les salaires, la confédération souligne que 55% de ses adhérents prévoient de les augmenter au 1er janvier 2024 (53% dans le bâtiment). Ils sont par ailleurs 58% à envisager le versement d'une prime, type prime partage de la valeur ou prime individuelle, à leurs employés (64% dans le bâtiment).
En outre, presque un patron sur deux craint de voir ses salariés partir en l'absence d'une hausse de leur rémunération. Ils sont même 19% à redouter un conflit social au sein de leur structure.
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Une autre inquiétude s'installe autour d'une éventuelle remise en cause des allègements de charges, ce qui aurait pour effet d'amener 39% d'entre eux à ne finalement pas augmenter les salaires. Le projet de loi de Finances 2024 prévoit en effet un plafonnement en valeur absolue des allègements de charges entre 2,5 et 3,5 Smic, une mesure qui semble ne pas avoir les faveurs du patronat.
Autre motif de gronde : les jours de congés payés octroyés à des salariés en arrêt maladie au titre des périodes non travaillées. Les employeurs sont 93% à trouver cette situation "anormale", "du jamais vu" d'après l'enquête. La CPME appelle donc l'exécutif à ne "pas mettre la poussière sous le tapis" en se contentant "de ne pas surtransposer la directive européenne" relative à ce sujet.