INFRASTUCTURE. Le conseil métropolitain de Rouen a voté son retrait du financement du contournement autoroutier de la ville. Sans cette participation, le projet pourrait être abandonné.
C'était attendu. Le conseil métropolitain de Rouen, présidé par le maire PS de la ville-centre Nicolas Mayer-Rossignol, a décidé de se désengager du projet de contournement autoroutier, en raison de l'urgence climatique. Le 8 février 2021, le retrait a été voté à 76 voix pour, 43 contre, tandis que 4 élus se sont abstenus.
Pourquoi une telle décision était attendue ? Car le nouveau maire de Rouen et président de la métropole a changé d'avis sur ce projet. Favorable lorsqu'il était président de l'ex-région Haute-Normandie, il s'est prononcé contre à plusieurs reprises depuis sa prise de fonctions au sein du bloc communal.
Son conseil municipal avait d'ailleurs déjà voté contre, symboliquement, en décembre 2020, tandis que les débats commençaient déjà à agiter les rangs des élus métropolitains. "J'avais sous-estimé les conséquences dramatiques du réchauffement" climatique, s'est-il encore justifié au moment du vote.
Un projet "en grand danger"
Cette fois, après cinq heures de débat, la décision n'est plus symbolique. En effet, la métropole devait participer au financement de l'infrastructure, à hauteur de 66 millions d'euros. Mais face à une contestation de plus en plus appuyée de certains élus, le préfet de Normandie avait demandé aux collectivités locales impliquées financièrement de confirmer par délibération leur engagement avant la fin du mois de février. Devant la presse, fin janvier, il avait complété en indiquant : "Si la métropole vote non, l'Etat n'imposera pas cette infrastructure. Le projet serait, de fait, abandonné".
C'est pourquoi le président du département de Seine-Maritime, Bertrand Bellanger, a vivement réagi à la décision des élus métropolitains. "Le contournement est en grand danger", a-t-il estimé dans un communiqué, évoquant sa "déception" et sa "colère". Lui est persuadé que le projet est "bon pour le développement économique de la Seine-Maritime", son attractivité. Le Département avait réaffirmé son soutien et sa participation à hauteur de 22 millions d'euros au projet le 14 janvier 2021.
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L'Etat soutient, mais ne veut pas imposer
Plusieurs élus métropolitains ont également mis en avant l'intérêt du projet pour décongestionner l'agglomération. Dans l'opposition, le maire du Mesnil-Esnard, Jean-Marc Vennin, a ainsi rappelé que sa commune était traversée par "1.000 poids-lourds par jour". Julien Demazure a voté contre la délibération au nom "ville centre constamment embouteillée" et des "1.100 emplois mobilisés durant les quatre années de travaux". Même dans les rangs de la majorité, certains comme David Lamiray continue à être favorable au contournement.
L'Etat, principal financeur public du projet (245 millions d'euros, confirmés dans la programmation des infrastructures de la loi mobilités), continue également de soutenir le contournement, "mais n'imposera pas un projet qui ne fait pas consensus parmi les acteurs locaux, a indiqué le ministère des Transports à l'AFP. [Il] attend les retours officiels de chacun" et promet d'analyser "les propositions alternatives" de la métropole.
Vers une implication plus forte de la région ?
Pour les défenseurs du projet, l'espoir pourrait venir de la Région Normandie. C'est en tout cas ce que veut croire le conseiller métropolitain et régional centriste Pascal Houbron. En effet, selon lui, la collectivité "pourrait tout à fait financer peut-être une partie de ce que la métropole ne veut pas faire", a-t-il avancé sur les ondes de France Bleu Seine-Maritime/Eure.
L'entourage du président de la Région, Hervé Morin, n'a pas commenté cette hypothèse pour le moment. La question pourrait cependant s'inviter dans les débats du conseil régional ce 15 février 2021, jour où ses élus doivent délibérer de la participation de la collectivité, pour le moment fixée à 157 millions d'euros. Le dossier n'est pas encore clos.
Une infrastructure controversée