D'après les chiffres trimestriels 2015 publiés ce mardi par l'assureur crédit Coface, l'activité de construction de bâtiments, les travaux de maçonnerie et les travaux de couverture sont les trois pôles les plus "en danger" dans le secteur de la construction. Le nombre de défaillances a respectivement cru de 1,1%, 1,3% et 3,4% à octobre 2015 par rapport à octobre 2014. Précisions.
L'activité de construction de bâtiments, les travaux de maçonnerie et les travaux de couverture sont les trois pôles les plus "en danger" dans le secteur de la construction, a annoncé ce mardi 24 novembre, l'assureur crédit Coface en détaillant la conjoncture de la construction au dernier trimestre 2015.
"Le nombre de défaillances frappe durement le BTP notamment dans les activités liées aux travaux de couverture (+3,4%), la construction de bâtiments (+1,1%) ainsi que la maçonnerie générale (+1,3%) en octobre 2015 par rapport à octobre 2014", a indiqué Eric Joffin, responsable BTP de l'arbitrage France au sein de la Coface. En précisant particulièrement, qu'en région Ile-de-France, leurs défaillances progressent de 20 % sur la même période.
Malgré pourtant un retour de la confiance sur le marché et une progression du rythme de ventes de logements anciens et neufs - respectivement 1,4 % sur un an à fin septembre 2015 et de 9,3 % au second trimestre 2015- les défaillances d'entreprises pénalisent le secteur, affirme l'assureur crédit.
19.589 entreprises défaillantes dans le BTP en octobre 2015
"Si une amélioration a été engagée depuis mai dernier et a été poursuivie jusqu'en octobre, ces trois branches continuent de souffrir", poursuit Eric Joffin. Toutefois, l'économiste nous fait remarquer que "le nombre de défaillances d'entreprises a reculé de 4,4 % en octobre 2015 par rapport à octobre 2014". En détails, cela représente 19.589 entreprises défaillantes contre 19.500 sur la même période, ajoute-t-il. Et finalement, seul le sous-secteur des services immobiliers a bénéficié d'une amélioration mécanique de son activité, soutenue par la hausse historique des prix de l'immobilier, et du dynamisme du marché locatif."Sur la même période, ces défaillances augmentaient 'seulement' de 24% pour l'ensemble des secteurs hors construction", commente à son tour, Guillaume Baqué, économiste au sein de la Coface. Avant d'ajouter qu'aujourd'hui, le chiffre d'affaires moyen d'une entreprise défaillante dans le BTP est évalué à 580.000 euros en octobre 2015.
Pour rappel : le secteur de la construction a été le domaine le plus sinistré de ces dix dernières années, avec une hausse des défaillances de 58 % entre 2006 et 2009 pour atteindre 22.010 entreprises.
Ce mouvement haussier devrait se poursuivre en 2016 pour plusieurs raisons, estime l'assureur crédit car ces entreprises doivent faire face à une significative diminution du volume de nouvelles commandes émanant du public et du privé. Et c'est précisément dans "le secteur des travaux publics, que les dépenses des collectivités locales se sont substantiellement amoindries en 2015", ajoute l'assureur crédit.
Sans compter que le "caractère bon marché de la main d'œuvre que constitue les travailleurs détachés issus des pays d'Europe de l'est comme la Pologne et la Roumanie a poussé une large partie de la faible demande existante à se réorienter", précisent les économistes de la Coface. "Ces travailleurs sont en mesure de construire des maisons deux à trois fois moins chers que ce que peuvent proposer les compagnies françaises", signale Eric Joffin.
Peu de fonds propres et de dépendance des sous-traitants
En outre, les entreprises de maçonnerie et de gros œuvre (470.000 actifs) ont habituellement peu de fonds propres. Elles représentent en France 38 % des actifs du chiffre d'affaires et pèsent 43 milliards d'euros de chiffre d'affaires sur les 117 milliards d'euros du marché du bâtiment. "C'est pourquoi, elles sont enclines à disparaître plus facilement lorsqu'elles subissent des pertes massives, développe l'économiste. Elles sont, par ailleurs, fortement dépendantes des sous-traitants. Ainsi le poids du poste clients dans leurs résultats est pesant. Assez rapidement, de graves difficultés de trésorerie peuvent apparaître dans le cas de retards de paiement."
"2016 ? Ce sera Wait and See."
Quid d'une reprise ? La Coface estime que le nouveau PTZ applicable au 1er janvier 2016 devrait réconforter les entreprises de maçonnerie en redynamisant la demande des primo-accédants. "Plus globalement, les signaux sont positifs 2015 malgré des freins structurels", analyse la Coface.
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La demande a également bénéficié de conditions de financement plus favorables, avec des taux moyens qui ont touché un plus bas historique en mai 2015. "Toutefois, l'investissement des ménages reste conditionné par leur situation financière", tempère l'économiste Guillaume Baqué.
Cependant, sans réelle amélioration du marché du travail pour soutenir les velléités d'accession des ménages les plus modestes, les prix resteront donc orientés à la baisse en 2016, affirme-t-il également. "Cette situation continuera de peser sur la solidité financière des entreprises de la construction. Dans un contexte de modération des dépenses publiques, les entreprises de travaux publics verront leur volume d'activité se réduire encore, conclut la Coface. 2016 ? Ce sera Wait and See, l'année de la stabilisation plus que celle de la reprise. Et effectivement, on ne peut pas exclure un effet temporaire lié aux événements tragiques des attentats à Paris, au quatrième trimestre en 2016."