ARCHITECTES. Le président de l'Unsfa, syndicat des architectes, a demandé aux pouvoirs publics de stimuler la demande, craignant une année 2023 difficile pour la profession, entre baisse de la commande privée et refus de permis.
Le président de l'Unsfa, principal syndicat des architectes, craint que 2023 ne soit une année difficile pour les agences, "encore plus que 2022". A l'occasion de ses vœux, le 20 janvier, il a rappelé à quel point le contexte, n'est, selon lui, pas favorable, entre crise énergétique et crise des matériaux.
"L'an passé, les entreprises ont subi une hausse des coûts des matériaux entrainant de facto, une renégociation des devis et des budgets des opérations", détaille Jean-Michel Woulkoff. Les architectes ont "dû, souvent, modifier les projets et trouver des économies pour les maitres d'ouvrages. Cela a décalé dans le temps la mise en route des projets, le démarrage des opérations, voir stoppé des chantiers", explique-t-il. Mais cela a surtout entrainé "une surcharge de travail pas ou peu rémunérée dans un contexte de marché de l'emploi très tendu".
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Les difficultés sont à venir
En 2023 et "surtout au second semestre", le président de l'Unsfa craint que "même si les études sont faites, nombres de chantier ne démarrent pas, nos clients ne pouvant pas revoir à la hausse leurs budgets".
S'il "salue" la création de l'observatoire sur les coûts des matériaux par le ministère de l'Économie, il "demande aux instances politiques locales et nationales de soutenir la commande publique" pour qu'elle puisse prendre le relais de celle du privée qui sera, donc, "gravement diminuée".
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"Ni le Zan, ni les changements d'équipes municipales ne doivent être une excuse"
Si l'Unsfa insiste pour que les autorités publiques se montrent plus volontaristes dans cette crise, c'est que le syndicat constate des blocages préjudiciables, notamment au niveau des autorisations de construire. "En 2022, nous avons constaté une baisse drastique des permis de construire, une chute importante du marché de la maison individuelle, une baisse de la construction neuve en général", rappelle Jean-Michel Woulkoff.
"Nous voyons trop de négociation sur les PLU", insiste le président, "qui mettent en exergue le paradoxe auquel sont confrontés trop d'élus : ils figent la règlementation du droit des sols mais la négocient ensuite à la baisse lors des demandes de permis de construire". Une pratique qu'il dénonce comme "anormale" et "contreproductive pour toute la filière du bâtiment". "Ni le Zan, ni les changements d'équipes municipales ne doivent être une excuse", martèle Jean-Michel Woulkoff.
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Permettre aux jeunes agences d'accéder à la commande publique
Stimuler la commande publique, oui, mais la rendre "plus égalitaire" est également nécessaire, pour l'Unsfa. Les jeunes agences doivent pouvoir y accéder, même si elles ont peu ou pas de références plaide le président, qui veut "voir dans quelles conditions les pouvoirs publics sont disposés à ouvrir les règles de sélection dans les concours". Ce point doit être discuté avec le ministère de tutelle des architectes (celui de la Culture), ainsi que celui de l'Economie.
Jean-Michel Woulkoff réitère, auprès des pouvoirs publics, sa proposition, déjà détaillée lors du Congrès de l'Unsfa, en octobre, au Havre, de "passer la HMONP en apprentissage". "Cela permettrait d'utiliser les fonds d'apprentissage pour son financement, d'augmenter le nombre d'heures d'enseignement pour une meilleure formation des futurs architectes, et une mise en situation en entreprise suffisamment longue pour être compatible avec la temporalité des projets et de l'activité des entreprises". Et, pourquoi pas, "repenser complètement ces diplômes pour enfin clarifier la situation floue des jeunes sortant de l'école".