PROFESSION. L'Ordre des architectes d'Île-de-France a dévoilé ses objectifs à court et moyen termes. Réhabilitation, zéro artificialisation nette, logement… plusieurs thématiques ont été abordées.
La transition écologique devient le mot d'ordre du conseil régional de l'ordre des architectes d'Île-de-France (Croaif). Ce dernier vient de rappeler l'importance d'agir face à la crise climatique lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Paris, le 26 septembre 2022. "Les canicules cet été et la crise énergétique cet hiver sont symptomatiques de cette urgence", a affirmé le président de l'organisation, Fabien Gantois. "A Paris, un habitant sur six vit sous les toits. Pour ces personnes, la question climatique est un enjeu de confort mais aussi sanitaire." Le porte-parole appelle à repenser l'architecture en intégrant les notions de biodiversité et de limitation des ressources, des sujets trop souvent oubliés selon lui par la législation et les porteurs de projet. L'utilisation de matériaux biosourcés est également promue, avec la création en 2018 du Comité de liaison des matériaux biosourcés d'Île-de-France. Celui-ci vise à mettre en avant l'économie circulaire et solidaire dans les projets de construction, d'urbanisme et d'aménagement. "Les biosourcés répondent aux enjeux de conforts d'hiver et d'été, réduisent la surchauffe des bâtiments et permettent des économies d'énergie", a souligné Fabien Gantois.
Et la réhabilitation ? "Autant que faire se peut", a-t-il indiqué. "Elle devient un fait architectural" car "la ville de demain sera composée à 70%" des éléments et bâtiments de la ville d'aujourd'hui. Le représentant du Croaif considère que l'État doit montrer l'exemple de la transition écologique et de la réhabilitation. "On ne peut plus penser les bâtiments de façon jetable. Démolir un édifice c'est participer à la catastrophe écologique en cours. Il faut agir maintenant, selon le rapport du Giec", a-t-il assuré. Il regrette même que le "carbone soit devenu un business" et pointe le fait qu'il ne prend pas en compte l'épuisement des ressources et la biodiversité.
"Nous avons besoin de construire du neuf"
L'institution ne tire cependant pas un trait sur le neuf, encore jugé essentiel pour répondre à la croissance démographique à venir. "Nous encourageons cependant à utiliser des matériaux bas carbone, biosourcés et réemployés, tout en faisant attention à la biodiversité et aux ressources." Interrogé sur le zéro artificialisation nette (Zan) instauré par la loi Climat et résilience, Fabien Gantois concède qu'il préférerait que la question de l'aménagement francilien soit pensée à l'échelle régionale et non communale. Aussi, "dans les décrets, la spécification des sols n'est pas prise en compte. Nous devons pourtant nous pencher sur la nature des sols pour envisager une artificialisation ou pas". Le chef de file refuse toutefois de clôturer la question de l'artificialisation, considérant qu'il faut privilégier la ville existante et densifier les zones où les réseaux (eau, électricité, égouts...) sont déjà en place.
Enfin, sur le front de l'habitat, l'Île-de-France est soumise à de fortes tensions. Le Croaif a créé un vadémécum en collaboration avec les Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (CAUE). Distribué à l'ensemble des maires de la région à l'été 2022, ce document promeut une architecture du logement collectif de qualité. "C'est une sorte de pense-bête destinée à réintroduire le dialogue entre les différents acteurs (élus, architectes, bailleurs, promoteurs, etc.). Nous aimerions que chaque édile soit accompagné d'un architecte pour qu'il saisisse mieux les questions de permis de construire et les projets." Cette fonction de conseil se déploie également auprès des parlementaires. En effet, l'ordre régional organisera des rendez-vous en octobre avec une trentaine d'élus pour discuter de transition écologique et de politique architecturale. Le Croaif compte également lancer prochainement une enquête pour interroger les Franciliens sur ce qu'ils attendent de leur région.
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