ACTIVITÉ. Les architectes sont déjà très actifs sur les chantiers de rénovation/extension, et comptent bien s'inscrire dans la dynamique en faveur des opérations sur l'existant, notamment en investissant le rôle d'accompagnateur rénov'.
"Il y a une vraie histoire d'amour entre les architectes et la rénovation" : c'est Christine Leconte, présidente du Conseil national de l'Ordre des architectes (Cnoa), qui l'a assuré, ce 1er décembre 2022, lors d'une conférence de presse qui s'est tenue au siège de l'institution. L'Ordre y annonçait la publication de la nouvelle édition d'Archigraphie, observatoire de la profession d'architecte. L'occasion de faire le point sur l'intérêt des professionnels pour les interventions sur l'existant, alors que les prochaines décennies devraient aboutir au primat de la rénovation sur la construction ou la démolition-reconstruction, opérations nettement plus carbonées. D'après les données contenues dans Archigraphie 2022, les architectes vivaient en 2020, encore, davantage du neuf (64% de de l'activité en valeur) que de la rénovation (36%). Mais, en nombre d'opérations, la tendance s'inverse : 61% de rénovation - une part stable depuis 2013.
La rénovation est "aussi un acte architectural"
En termes de formation, la profession semble répondre présente, puisque 73% des architectes sondés se sont formés lors des trois dernières années à la rénovation (45%), les pathologies du bâtiment (28%) ou encore les matériaux écologiques (34%). Parmi ceux qui ne sont pas passé à l'acte, 70% envisagent de le faire dans les années à venir. Autre signe qui concerne l'avenir : parmi les jeunes diplômés, la moitié travaillent dans la réhabilitation des bâtiments. Enfin, 62% des acteurs interrogés "souhaiteraient mener davantage de missions de rénovation", est-il précisé dans le document. "La rénovation est aussi un acte architectural", remarque Christine Leconte. Et, selon elle, une approche holistique des opérations est indispensable pour atteindre une forme d'efficacité.
Pour ces raisons, le Cnoa accueille favorablement la création du rôle d'accompagnateur rénov', qui est censé entrer en vigueur en 2023. Pour rappel, il aura pour mission d'accompagner un maître d'ouvrage, de A à Z, dans son projet de rénovation énergétique globale. L'Ordre compte donc transmettre les chiffres sus-cités au Gouvernement comme témoignage de l'engagement de ses troupes dans ce domaine. Deux freins subsistent toutefois au développement de l'activité "rénovation", pour les architectes. En premier lieu, la trop faible rémunération par rapport au temps de travail fourni (études, diagnostics, chantier...), et la complexité de ces missions qui se déroulent bien souvent en site occupé.
Un marché d'avenir... mais y aura-t-il assez d'architectes pour rénover l'existant ?
C'est l'une des préoccupations actuelles de l'Ordre des architectes : la moyenne d'âge de la profession a tendance à augmenter, et certains territoires pourraient finir par ressembler à des "déserts architecturaux". Le Cnoa prend l'exemple de départements comme la Creuse ou la Nièvre, qui ne comptent qu'une dizaine d'architectes chacun. "L'expertise des architectes va pourtant devenir de plus en plus indispensable", assure Christine Leconte. "Il va en effet falloir rénover massivement et de manière qualitative." Le Cnoa veut ainsi lancer, avec les pouvoirs publics, une réflexion sur la formation et l'intégration des jeunes architectes, de manière à répondre aux besoins de demain.