EN CHIFFRES. La troisième édition de la Stratégie nationale bas-carbone et de la Programmation pluriannuelle de l'énergie a été mise en consultation publique pour une durée de six semaines. Retour sur les grands objectifs chiffrés des deux textes.
Enfin, la France se dote petit à petit d'une feuille de route concrète en matière de transition écologique. Ce 4 novembre, le Gouvernement a officiellement acté la mise en consultation publique de la troisième édition de deux documents attendus de longue date par les acteurs : la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) et la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).
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Qui, avec le Plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc) récemment présenté par le Premier ministre Michel Barnier, constituent l'ossature de la planification écologique envisagée par l'exécutif.
Établis dans le cadre de la Stratégie française pour l'énergie et le climat (Sfec), les deux textes présentent des objectifs chiffrés.
Multiplier par 2 la consommation de chaleur renouvelable et de récupération
En matière de nucléaire, les pouvoirs publics veulent notamment lancer un programme de construction d'EPR 2 et "redresser" la disponibilité du parc existant afin d'atteindre un niveau de production d'au moins 360 térawatts-heures par an, voire 400 TWh/an.
Ils ambitionnent aussi de doubler la consommation de chaleur renouvelable et de récupération entre 2022 et 2035, et d'augmenter de 2,8 gigawatts les capacités d'hydroélectricité en incluant notamment des stations de transfert d'énergie par pompage, afin de faire progresser les capacités de stockage de l'électricité.
18 GW de capacités supplémentaires pour l'éolien en mer à horizon 2035
Dans le domaine de l'éolien terrestre, l'objectif est d'atteindre 1,5 GW de nouvelles capacités installées chaque année, "soit le maintien du rythme actuel de développement" d'après le ministère de la Transition écologique.
La barre est placée plus haute pour l'éolien en mer, où il faudrait cette fois atteindre 18 GW de capacités supplémentaires à horizon 2035, "soit plus de 10% de la production d'électricité décarbonée".
Pour l'hydrogène et les biogaz, la Sfec vise respectivement le déploiement de 8 GW d'ici 2035, et une multiplication par 5 de la production d'ici 2035.
600.000 rénovations d'ampleur par an dans les parcs privé et social
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Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, la consommation d'énergie de la France devra diminuer de 30% en 2030 par rapport à 2012, puis de 50% en 2050. C'est surtout au niveau des combustibles fossiles que les plus gros efforts seront concentrés : leur consommation d'énergie finale devra tomber de 60% en 2022 à 42% en 2030.
Dans cette optique, la puissance publique table sur la rénovation de 400.000 maisons individuelles et de 200.000 logements collectifs chaque année en moyenne d'ici 2030. Il s'agira de "rénovations d'ampleur en une ou plusieurs étapes, pour les parcs privé et social", précise le dossier de presse du ministère.
Baisser de 5% les émissions de GES chaque année d'ici 2030
La SNBC a notamment vu son échéance 2030 rehaussée par rapport à la précédente version : désormais, la France vise une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50% d'ici huit ans, en comparaison à leur niveau de 1990 (contre 40% dans la SNBC 2). À l'échelle d'une année, la baisse devra être de 5% entre 2022 et 2030, contre 2% en moyenne annuelle de 2017 à 2022. Une trajectoire que le Gouvernement juge "tenable".
Pour cela, la SNBC compte actionner une série de leviers, dont la maîtrise de la demande en transport, le report modal, la décarbonation des vecteurs de chauffage, la sobriété énergétique dans les bâtiments, l'électrification des usages ou encore la réindustrialisation "verte".
Jusqu'à 100 GW de capacités installées pour le solaire photovoltaïque en 2035
Quant à la PPE, son ambition "est de réussir à créer la bascule et passer d'une énergie qui est environ 60% carbonée en 2022 à une énergie qui est à environ 60% décarbonée en 2030 et encore davantage en 2035", indique Roquelaure. La production d'électricité décarbonée passerait ainsi de 390 TWh en 2022 à au moins 560 TWh en 2030, et au minimum 640 TWh en 2035.
Le solaire photovoltaïque est la filière ENR affichant les plus grandes ambitions : de 16 GW de capacités installées en 2022, l'État veut les faire passer à 54-60 GW en 2030, puis 75-100 GW en 2035.
La sobriété énergétique continuera malgré tout à jouer un rôle central tout au long de la période puisque la consommation d'énergie finale devra passer de 1.556 TWh en 2022 à 1.243 TWh en 2030, puis environ 1.100 TWh en 2035.