INFLATION. Le ministère de l'Économie vient d'annoncer la mise en place d'un dispositif de suivi des coûts de fabrication des matériaux de construction afin de soutenir la filière face à la flambée des prix. La mesure avait été annoncée dans le cadre des Assises du BTP.

Bercy fait de nouveau un geste en faveur des professionnels du bâtiment et des travaux publics, et non des moindres en cette période de forte inflation. Le Gouvernement vient d'annoncer la mise en place d'un dispositif de suivi des coûts de fabrication des matériaux de construction, destiné à soutenir les entreprises du secteur face à la flambée des prix.

 

 

La mesure, qui avait été annoncée à l'automne dernier dans le cadre des Assises du BTP, sera pilotée par l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) et se veut "objective" et "indépendante". Son objectif sera de garantir une plus grande visibilité sur la décomposition des coûts de production aux entreprises comme à leurs clients, afin d'aider les premières à établir leurs devis en connaissance de cause, et les seconds à disposer de toutes les informations adéquates sur les prix finaux.

 

L'indicateur sera publié en avril 2023 au plus tard

 

Mais pour que le dispositif soit réellement utile, le ministère de l'Économie demande désormais aux fabricants de jouer le jeu pour aider à élaborer des indices de prix pertinents. "Les industriels sont invités à fournir au plus vite des informations sur une base volontaire pour une publication de cet indicateur au plus tard en avril prochain", souligne un communiqué de Bercy.

 

Depuis la reprise d'activité post-pandémie, le secteur du BTP doit composer avec des difficultés d'approvisionnement, voire des pénuries, qui s'accompagnent la plupart du temps d'une hausse plus ou moins importante des prix des matériaux et des matières premières. S'y est ajoutée la crise énergétique amorcée depuis la guerre en Ukraine, qui a fait grimper les prix au mégawatt-heure à des sommets historiques sur les marchés internationaux du gaz et de l'électricité.

 

L'exécutif estime cependant que la lutte contre l'inflation doit aussi passer par une plus grande solidarité économique entre les acteurs de la filière. Plusieurs d'entre eux ont déjà signé en juillet 2022 une déclaration de responsabilité et de solidarité, qui aborde notamment la problématique des approvisionnements.

 

L'Insee comme tiers de confiance

 

L'annonce du dispositif d'analyse des coûts s'inscrit donc dans la suite logique de cette démarche. Déjà chargé de la médiation de filière et du comité de crise du BTP, le Médiateur des entreprises Pierre Pelouzet a reçu comme nouvelle mission de mettre en oeuvre ce dispositif, en collaboration avec les fédérations professionnelles.

 

"Au terme des travaux auxquels ont été associés la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et l'Insee, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a confié à l'Insee le rôle de tiers de confiance pour recueillir, traiter et diffuser les données relatives aux facteurs de coûts, dans le respect du secret statistique", détaille encore Bercy. L'institut élaborera ensuite, avec les organisations de la filière, "des indices de coût de production 'matériaux de construction' sur la base de la méthodologie employée pour les index BT/TP" qu'il est déjà chargé de concevoir et de diffuser.

 

Solidarité

 

Les organisations représentatives de la construction n'ont pas tardé à réagir à l'annonce gouvernementale. Pour la Fédération française du bâtiment (FFB), la "pleine réussite" du dispositif "implique la participation de l'amont de la filière, industriels et distributeurs".

 

 

Invoquant lui aussi des impératifs de solidarité dans un contexte économique très compliqué, Olivier Salleron, à la tête de la FFB, estime que "les crises à répétition depuis la pandémie de la Covid-19 ont fragilisé les artisans et entrepreneurs du bâtiment. Il est maintenant indispensable que toute la filière prenne sa part de l'effort, afin d'assurer sa survie."

 

La Confédération de l'artisanat et des petites entreprises de bâtiment (Capeb) a également réagi par communiqué, le 26 janvier dans la soirée, saluant une annonce qui permettra de "garantir une plus grande transparence sur les hausses de prix pratiquées par les industriels et les distributeurs". L'organisation demande toujours, toutefois, à ce que le Gouvernement promeuve l'un des principes inclus dans la charte de solidarité qu'elle a elle-même initiée, incluant un "délai de prévenance d'un mois" avant une hausse de prix.

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