INFRASTRUCTURES. Lors d'un débat au Sénat, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebarri a indiqué que le Gouvernement n'était, en l'état, favorable ni à une nationalisation des autoroutes, ni à une prolongation des concessions. Le sujet des péages et de leur rentabilité, véritable serpent de mer, est encore une fois remis sur la table au moment où sont reconsidérés les usages - et les coûts - de la route à l'aune de la crise du Covid.
Les autoroutes de l'Hexagone reviendront-elles dans le giron de la puissance publique ou resteront-elles sous la responsabilité de sociétés concessionnaires ? Répondre à cette question a priori simple semble pourtant bien compliqué. Le sujet des péages et de leur rentabilité, véritable serpent de mer de la vie politique depuis des années, est encore une fois remis sur la table au moment où sont reconsidérés les usages mais aussi les coûts des infrastructures routières, à l'aune de la crise du Covid et de la prise de conscience liée à la transition écologique et aux déplacements des hommes. Sans oublier la manne financière directement ciblée par les détracteurs de la privatisation : d'après le rapport d'une commission d'enquête sénatoriale sur le sujet cité par l'AFP, les dividendes versées aux sociétés concessionnaires d'autoroutes, dont la plupart sont des filiales de grands groupes du BTP, atteindraient environ 40 milliards d'euros - dont 32 milliards pour les seuls Vinci et Eiffage - avant la fin de la plupart des concessions entre 2031 et 2036.
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Entre 2006 et 2018, les sociétés concessionnaires d'autoroutes ont versé 50 milliards d'euros d'impôts et investi 20 milliards d'euros dans leurs réseaux respectifs
Ainsi, les concessions sous la houlette de Vinci Autoroutes et d'Eiffage atteindraient la rentabilité dès l'année 2022, soit plus de 10 ans avant la fin des contrats. Une analyse dénoncée par le ministre des Transports Jean-Baptistes Djebarri, qui a pourfendu le "concession-bashing" en rappelant que les sociétés autoroutières ont versé 50 milliards d'euros d'impôts entre 2006 et 2018, période durant laquelle elles ont également investi 20 milliards d'euros dans leurs réseaux respectifs. Les parlementaires du Palais du Luxembourg estiment pourtant qu'un changement de braquet est nécessaire : "Il apparaît donc impensable de prolonger les concessions en cours, et si le choix est fait de les renouveler lorsqu'elles arriveront à échéance, il faudra a minima en abaisser la durée", a notamment déclaré Éric Jeansannetas, sénateur socialiste et président de la commission d'enquête. Ou du moins "arrêter la logique infernale travaux-allongement des travaux", a abondé le centriste Vincent Delahaye, rapporteur de la même commission, épinglant au passage des contrats "mal ficelés". Pour lui, l'enjeu est de négocier "des travaux complémentaires sans contrepartie" et certaines baisses de péages, tout en brandissant la menace de pénalités.
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