ENTRETIEN. Pour le vice-président du RSI, Bernard Delran, le projet d'adossement du Régime social des indépendants au régime général est le meilleur moyen de reproduire les erreurs du passé. Sauf si les pouvoirs publics acceptent de tenir compte des avertissements des responsables de l'organisme.

Batiactu : Plusieurs présidents régionaux du RSI s'inquiètent de la réforme à venir. L'organisme menace même de ne plus collaborer avec les pouvoirs publics. Votre colère est-elle montée d'un cran ?
Bernard Delran : Un peu moins de la moitié des présidents de caisses nationales ont participé à cette manifestation. Nous ne pouvions pas nous y associer, car nous sommes en pleine négociation avec Dominique Giorgi [chargé par le Gouvernement de réfléchir aux contours du futur dispositif, NDLR]. Nous avons échangé avec lui mercredi dernier, et nous avons commencé à montrer les dents. Le projet qui nous est présenté est en effet très flou, alors même que nous sommes à dix jours de la présentation du Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2018 ! Or, ce texte règlera la quasi-totalité du sort réservé au RSI.

 

 

Batiactu : Quels points vous inquiètent particulièrement ?
Bernard Delran : Il était question d'installer un guichet unique pour faciliter les échanges avec les indépendants. Aujourd'hui, cette idée n'est plus évoquée. Ils devront se renseigner auprès des Urssaf et des Carsat. C'est du moins ce que l'on nous annonce aujourd'hui. Nous nous inquiétons également au sujet de la baisse des cotisations salariales, qui est censée augmenter le pouvoir d'achat de 75% des indépendants. C'est de la poudre aux yeux ! D'une part, la dégressivité de cette baisse des cotisations n'a pas été précisée. D'autre part, on ne connaît pas encore l'incidence de la hausse de la CSG pour les indépendants. Je pense ainsi que cette baisse des cotisations sera une mesure toute symbolique.

 

Batiactu : Que prévoyez-vous pour la suite ?
Bernard Delran : Nous prendrons connaissance du PLFSS le 28 septembre. Le 3 octobre, nous tiendrons un conseil d'administration exceptionnel, au cours duquel nous déciderons de ce que nous allons faire. Nous souhaitons que le projet présenté par le PLFSS ne soit pas trop fermé, et qu'il prévoie une période d'expérimentation de deux ou trois ans. Dans ce cas-là, nous signerons. Sinon, nous irons à l'affrontement.

 

 

Batiactu : Les pouvoirs publics entendent-ils vos avertissements ?
Bernard Delran : Ce dont je suis sûr, c'est qu'ils ont une grande crainte de cet adossement du RSI au régime général. Car ils se rendent compte que c'est très compliqué à réaliser, qu'il risque d'y avoir les mêmes problèmes qu'en 2008. Mais cette fois-ci, le RSI ne sera plus là pour servir d'alibi : ils récolteront directement les mécontentements. Et il peut y en avoir, ne serait-ce parce qu'aujourd'hui, on ne sait plus qui sera là pour répondre directement aux clients, au quotidien. Nous repartons vers les mêmes errements qu'en 2008.

 

Batiactu : Une hausse du taux de cotisation des indépendants vous paraît-elle envisageable ?
Bernard Delran : Je me pose la question. Le président de la République a promis qu'elle n'aurait pas lieu. Mais, à moyen terme, ne vont-il pas l'augmenter ? Gérer au sein d'une même organisation des personnes qui sont soumises à différents taux, c'est faisable, mais c'est complexe. Et l'on sait qu'il est plus facile pour un homme politique d'augmenter un taux plutôt que d'en descendre un autre.

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