CONJONCTURE. L'artisanat de la construction a enregistré au 2e trimestre 2019 une croissance de son activité de 2% par rapport à la même période un an auparavant. Mais le secteur reste particulièrement prudent sur la fin de l'année : le ralentissement observé dans le neuf, les difficultés d'embauches ainsi que les probables évolutions du CITE sont sources d'inquiétude.

"La croissance se poursuit au 2e trimestre, toujours portée par les travaux réalisés en construction neuve. Cependant, certains chiffres semblent annoncer un second semestre plus difficile dans l'artisanat du bâtiment." C'est ainsi que Patrick Liébus, président de la Confédération des artisans et petites entreprises du bâtiment (Capeb), a commenté la note de conjoncture de son organisation portant sur l'activité artisanale au 2e trimestre de l'année 2019. "La baisse des permis de construire et des mises en chantiers sur un an laisse, en effet, présager une fin d'année moins dynamique."

 

 

En effet, la confédération relève que l'activité des artisans a progressé de 2% au 2e trimestre 2019 par rapport à la même période un an auparavant. Mais bien que l'évolution soit positive, le détail des chiffres laisse le secteur perplexe : la construction neuve a enregistré "seulement" +3% contre +6,5% à un an d'intervalle, et les permis de construire ainsi que les mises en chantiers se sont rétractés respectivement de 8,6% et de 4,5% entre juin 2018 et mai 2019. Des chiffres qui confirment, pour la Capeb, le ralentissement de la construction neuve qui s'observe depuis le début de l'année 2019 et qui devrait encore s'aggraver dans les mois qui viennent. Le segment de l'ancien, autrement dit les activités d'entretien-rénovation, progresse pour sa part de 1,5%, grâce entre autres aux travaux du dispositif d'Amélioration de performance énergétique du logement (Apel) qui augmentent de 2%. Le mois de mai 2019 a comptabilisé 994.000 ventes de logements anciens, ce qui représente une hausse de 4% sur 12 mois.

 

Les difficultés d'embauches et de qualification, autre point d'inquiétude

 

Ceci dit, il est un autre sujet qui inquiète les professionnels du secteur. Toujours d'après la note de conjoncture de la Capeb, 10% des entreprises artisanales ne seraient pas parvenues à satisfaire leurs besoins de main-d'oeuvre qualifiée, alors qu'elles étaient pourtant 19% à vouloir embaucher durant les six premiers mois de 2019. Certes, l'état de l'emploi salarié chez les artisans du BTP reste solide, avec 11.800 postes créés sur un an, soit +2,1%. Quant aux intentions d'embauches, elles se stabilisent : 13% des professionnels souhaitent recruter un ou plusieurs salariés supplémentaires, contre 14% un an plus tôt. "Nous remarquons que la difficulté de recrutement s'est accélérée sur les deux dernières années", reprend Patrick Liébus. "Plus de la moitié des entreprises artisanales n'ont pas pu satisfaire leur besoin de main-d'œuvre ! Il est urgent que nos jeunes se forment aux métiers de l'artisanat du bâtiment, et cela passe par l'apprentissage ! Nous serons donc particulièrement attentifs à la mise en œuvre de la réforme de la formation professionnelle et continuerons d'œuvrer pour montrer que les métiers du bâtiment offrent de belles carrières professionnelles pour les jeunes."

 

Au niveau des évolutions par corps de métiers, on notera qu'ils ont tous été en croissance au 2e trimestre 2019. Le segment de la couverture-plomberie-chauffage a notamment augmenté de 2,5%, devenant ainsi le corps d'état le plus dynamique de cette période. Les activités de menuiserie-serrurerie, d'électricité et d'aménagement-décoration-plâtrerie ont progressé de 2% sur le même laps de temps, tandis que les entreprises de maçonnerie ont enregistré une hausse plus mesurée, de l'ordre de 1,5%.

 

Le montant moyen des besoins de trésorerie augmente pour atteindre 22.000 €

 

Sur le plan financier, 18% des structures artisanales ont signalé des besoins de trésorerie au cours du 2e trimestre 2019, contre 20% à la même période un an plus tôt. Le montant moyen de ces difficultés financières augmente pour atteindre 22.000 €, contre 20.000 € un an auparavant. De plus, les artisans ont déclaré avoir en moyenne une visibilité de 74 jours sur leurs carnets de commandes, soit 9 jours de moins qu'en 2018.

 

 

En outre, l'analyse régionale réalisée par la Capeb montre que la hausse d'activité à l'échelle nationale s'illustre dans toutes les régions de l'Hexagone : elles enregistrent toutes une augmentation comprise entre 1,5% et 2,5%, avec les régions Provence-Alpes-Côte d'Azur, Corse et Nouvelle Aquitaine qui se sont avérées être les plus dynamiques au 2e trimestre 2019, bénéficiant d'une progression de 2,5%. Les collectivités du Centre-Val-de-Loire et d'Auvergne-Rhône-Alpes affichent toutefois une hausse plus modeste, de l'ordre de 1,5%. Quant aux autres régions, elles ont vu leur activité gagner 2%, ce qui correspond à la moyenne nationale.

 

Autant d'éléments conjoncturels qui motivent la Capeb à rester prudente pour les prochains mois, avec notamment une inquiétude relative aux annonces sur la transformation du CITE en prime. L'organisation craint en effet que cette décision ne provoque "un certain attentisme chez les ménages" : "Nous restons donc vigilants quant à la période à venir et aux mesures qui seront décidées par le Gouvernement (...)", conclut Patrick Liébus.

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