ANALYSE. La Première ministre Élisabeth Borne a présenté les résultats officiels de l'apprentissage pour l'exercice 2022 lors d'un rendez-vous dédié à la jeunesse à Matignon. Le nombre de contrats augmente dans toutes les régions et le secteur de la construction embauche davantage d'alternants à la fin de leur formation.
Pour l'exécutif, c'est un succès. Dans le cadre de la 3e édition des Rencontres Jeunesse de Matignon, la Première ministre Élisabeth Borne a officiellement présenté les résultats 2022 de l'apprentissage. Et ces derniers s'avèrent très positifs.
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Quelque 837.000 contrats ont été signés l'année dernière dans les secteurs public et privé, soit 14% de plus qu'en 2021, ce qui représente 100.500 jeunes supplémentaires venus grossir les rangs des CFA (Centres de formation des apprentis.) Un "nouveau record historique" se félicite Matignon. En matière de handicap, les choses bougent aussi : le seuil de 10.000 alternants handicapés a été franchi en 2022, soit un bond de 21% en comparaison à 2021.
D'après les données de la Dares (Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques), la part de nouveaux contrats dans le privé a été multipliée quasiment par 3 entre 2017 et 2022. "Tous les secteurs économiques bénéficient de l'apprentissage", insiste Matignon. Dans le détail, bâtiment et travaux publics ont concentré 11% des nouveaux contrats signés en 2022. Là où l'industrie en a cumulé 14%, et les services 73% !
Le bâtiment bien placé en matière d'insertion
Les pouvoirs publics affirment aussi que l'apprentissage constitue un "tremplin efficace" vers l'emploi. Tous secteurs confondus, deux tiers des jeunes décrochent effectivement un poste six mois après avoir achevé leur formation professionnelle. On retrouve d'ailleurs plusieurs corps de métiers du bâtiment parmi les cursus qui recrutent le plus.
Le taux d'insertion des alternants est de 71% dans la mécanique et les structures métalliques (en hausse de 5 points), quand il atteint 68% dans le génie civil, la construction et le bois (+3 points). Le segment de l'électricité/électronique arrive après, avec un taux d'insertion de 67% (+2 points). Fait notable, l'énergie est le premier secteur embauchant le plus d'apprentis à la fin de leur formation, avec 73% (+4 points).
Par ailleurs, tous les niveaux de diplômes voient également leurs nombres respectifs de contrats augmenter. Depuis 2017, il y a ainsi deux fois plus de jeunes préparant un apprentissage de niveau Baccalauréat, et qui pèsent 15% de l'effectif total, soit 122.300 contrats. Les deux niveaux de qualifications les plus représentés restent le Bac+2 (22% du total, 175.714 contrats) et le Cap (21% du total, 173.615 contrats).
On constate aussi que les apprentis préparant un apprentissage de niveau Bac+5 et supérieur sont de plus en plus nombreux : ils pèsent 22% du total, soit 174.766 contrats. La tendance selon laquelle la formation professionnelle attire toujours plus d'élèves, y compris dans les études supérieures, semble donc se confirmer.
Les petites entreprises prépondérantes dans l'emploi des jeunes
Les chiffre de la Dares montrent en outre que la part des TPE-PME (très petites, petites et moyennes entreprises) demeure prépondérante dans l'emploi des apprentis. Depuis 2017, cette catégorie d'entreprises a doublé ses embauches d'alternants. L'année dernière, les sociétés employant jusqu'à 49 salariés ont signé 537.493 contrats, ce qui représente tout de même les deux tiers de l'effectif national. Celles comptant de 50 à 249 salariés en ont ratifié 91.714 (11%), tandis que les grands groupes (plus de 1.000 salariés) ont recruté 115.190 jeunes (14%).
De même, toutes les régions métropolitaines comme ultramarines - à l'exception de Mayotte et de la Guyane - ont enregistré une hausse des contrats d'apprentissage dans le secteur privé. Les chiffres les plus élevés sont localisés en Île-de-France (201.552), en Auvergne-Rhône-Alpes (100.006), en Occitanie (71.075) et en Nouvelle-Aquitaine (65.702) pour ce qui est de la métropole. Dans les outre-mer, La Réunion et la Guadeloupe se distinguent, avec respectivement 14.274 et 3.001 apprentis.
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Avec pour objectif d'atteindre un million de contrats signés chaque année à la fin du second quinquennat d'Emmanuel Macron, le Gouvernement a actionné le levier financier pour inciter les artisans et entreprises françaises à recruter des jeunes en alternance. La mise en place de dispositifs d'aide à l'embauche aux enveloppes généreuses a incontestablement joué dans cette progression.
Et cela devrait encore continuer avec la prorogation jusqu'en 2027 de l'aide de 6.000 € pour l'emploi d'un apprenti de moins de 30 ans. L'effort national s'inscrit plus largement dans le plan gouvernemental "1 jeune, 1 solution" et dans les dispositifs de formation et de développement des compétences, couplés à des plans d'investissement comme France Relance ou France 2030. En plus de tenter de faire baisser le chômage, notamment des jeunes, ces initiatives doivent permettre de fournir des bras qualifiés aux secteurs qui en manquent le plus et qui pourraient jouer un rôle dans la transition écologique.