FORMATION PROFESSIONNELLE. À l'occasion de la Semaine nationale de l'apprentissage dans l'artisanat, le réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat et le Gouvernement dévoilent des nouveaux chiffres qui confirment l'appétence des jeunes pour ces métiers. La relation entre les nouvelles et anciennes générations fait notamment partie de la réflexion menée par les organisations du bâtiment.
L'artisanat attire toujours plus de jeunes. En ce début d'année 2023, et à l'occasion de la 5e édition de la Semaine nationale de l'apprentissage dans l'artisanat qui se clôture ce 3 février, le réseau des Chambres de métiers et de l'artisanat (CMA) et le Gouvernement se félicitent collectivement de la progression des effectifs en formation professionnelle évoluant dans des entreprises artisanales.
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Depuis la loi "Avenir professionnel" de 2018, le système d'apprentissage français ne cesse d'enchaîner les records - un "succès" aux yeux de Carole Grandjean, ministre chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels. Sur la période 2020-2021, environ 176.000 jeunes ont en effet été formés par des artisans, tous secteurs d'activité confondus, ce qui a représenté un bond de 14% par rapport à 2019 et un niveau record depuis 2010. Le BTS (brevet de technicien supérieur) a été particulièrement concerné par ce phénomène, avec des effectifs qui ont décollé de 69% en un an seulement.
Et cet engouement s'est poursuivi en 2022 : les CMA ont comptabilisé 112.000 apprentis dans l'artisanat l'année dernière, soit une augmentation de 2,5%. D'après les chiffres du réseau consulaire, 90% d'entre eux ont préparé un diplôme de niveau 3 à 5, ce qui correspond du CAP (certificat d'aptitude professionnelle) au Bac+2, et 80% ont réussi à décrocher un emploi dans les sept mois qui ont suivi l'obtention de leur diplôme.
Soutien public à l'embauche
Une bonne nouvelle sur laquelle l'exécutif n'a pas manqué de rebondir. "Dans cette période où beaucoup de nos jeunes se questionnent sur le sens qu'ils souhaitent donner à leur travail, je souhaite que l'on puisse continuer de valoriser, auprès des plus jeunes, cette intelligence de la main qui fait la fierté de notre pays grâce à l'excellence de nos formations et la grande qualité de nos savoir-faire", s'est réjouie Olivia Grégoire, la ministre chargé des TPE-PME (très petites, petites et moyennes entreprises) et de l'artisanat.
Et de faire le lien avec des problématiques soulevées depuis la pandémie de Covid et le conflit en Ukraine : "Ce sont des métiers vecteurs d'emplois pour nos territoires et qui sont essentiels pour garantir notre souveraineté économique à bien des égards". Cette situation peut aussi être perçue comme un signe encourageant alors que les filières manuelles, comme la construction, manquent toujours d'attractivité et connaissent des difficultés de recrutement persistantes.
"Des métiers du BTP aux métiers de bouche, l'apprentissage permet la formation de milliers de jeunes à des métiers d'avenir et en tension", a souligné Carole Grandjean. "Nous continuons à soutenir les artisans qui s'engagent dans cette voie en pérennisant l'aide unique à l'embauche d'alternants jusqu'à la fin du quinquennat. C'est essentiel pour passer le cap du million d'apprentis en 2027 et nous savons pouvoir compter sur les artisans." Pour rappel, le Gouvernement a effectivement décidé de prolonger l'aide de 6.000 € jusqu'à la fin du second quinquennat d'Emmanuel Macron.
Les jeunes, une aide pour la rénovation énergétique et la transition numérique
Au sein des CMA, l'objectif de la Semaine nationale de l'apprentissage dans l'artisanat est de faire découvrir des formations, métiers et entreprises au travers de journées portes ouvertes dans les quelques 137 CFA (centres de formation des apprentis) du réseau. Les jeunes ont également la possibilité d'échanger avec des artisans, des formateurs ou des apprentis en formation via des conférences ou webinaires.
"L'artisanat recrute dans tous les secteurs, à tous les niveaux de diplômes, nos portes sont grandes ouvertes !", a insisté le président de CMA France, Joël Fourny. "La formation par apprentissage dans l'artisanat est clairement une voie d'excellence autant qu'une voie d'avenir." Un constat partagé par les acteurs du bâtiment, dont la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment), qui tenait hier une conférence autour des relations entre nouvelles et anciennes générations au sein du monde du travail, et en l'occurrence de la construction.
Les professionnels du secteur estiment que la génération dite Z, c'est-à-dire les personnes nées entre 1997 et 2010, représente "un vivier incontournable" pour les aider à relever les défis de la rénovation énergétique et de la transition numérique. Cet évènement a donné lieu à la publication, en partenariat avec le CCCA-BTP (Comité de concertation et de coordination de l'apprentissage du bâtiment et des travaux publics), d'un livre blanc intitulé "Entreprises artisanales du bâtiment et génération Z, un duo gagnant".
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Le but de l'ouvrage est de changer le regard que les jeunes peuvent porter sur la filière et tenter de donner une nouvelle impulsion pour que les deux "mondes" se rencontrent et collaborent. Car la question des recrutements reste au coeur du problème : dans la mesure où 90% du parc immobilier devront être rénovés dans les prochaines années afin d'être moins énergivores, et alors que les entreprises du bâtiment ont déjà du mal à embaucher de la main-d'oeuvre qualifiée, les futurs apprentis (et donc salariés) sont logiquement courtisés par les professionnels.
Déficit d'image
"Cependant, il est tout aussi évident que les 15-25 ans (...) connaissent mal ou ont une vision peu valorisante de la petite entreprise et du bâtiment. Certes, les artisans du bâtiment sont les premiers employeurs d'apprentis. Mais il n'en reste pas moins que nombre de jeunes considèrent la filière comme une voie 'par défaut', voire une impasse professionnelle et sociale", juge la Capeb. D'où l'accent mis sur l'aspect concret ou sur la fameuse quête de sens, entre épanouissement personnel et équilibre vie privée/vie professionnelle, des métiers du bâtiment. Pour tenter de contrer, encore et toujours, leur déficit d'image.