SANTE. Deux jours après que la députée de Seine-et-Marne Aude Luquet a interpellé le ministre de l'Education nationale sur l'amiante en milieu scolaire, le journal Le Monde révèle ce jeudi 21 novembre les conclusions accablantes d'une enquête des inspecteurs santé et sécurité au travail.

Le sujet très sensible de l'amiante dans les écoles revient sur le devant de la scène, avec pas moins de deux actualités en trois jours. Après que la députée de Seine-et-Marne Aude Luquet a interpellé le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, sur ce sujet le 19 novembre, le journal Le Monde révèle ce jeudi 21 novembre les conclusions accablantes d'une enquête des inspecteurs santé et sécurité au travail (ISST). D'après ce rapport, remis au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) du ministère de l'Education au printemps dernier, et qui porte sur 175 écoles publiques du premier degré visitées durant l'année scolaire 2017-2018, 88% d'entre elles ont été construites avant 1997, année de l'interdiction de l'amiante en France. Ce qui oblige les collectivités territoriales propriétaires de ces bâtiments à établir un diagnostic technique amiante (DTA). Or 46% des établissements visités ne disposent pas de DTA. Et, pour les 54% qui en ont un, sa qualité laisse à désirer et sa mise à jour, pourtant obligatoire, est prévue par seulement 9% des propriétaires des bâtiments. Les inspecteurs pointent également du doigt le manque d'information des agents des collectivités au sujet des risques amiante, ce qui les amène percer des murs dans les classes sans repérage préalable. Le rapport souligne aussi l'absence de surveillance médicale des enseignants exposés dans 90% des écoles.

 

 

Ce rapport était jusqu'à présent confidentiel mais on en trouve une trace dans le procès-verbal de la réunion du 1er avril 2019 du CHSCT du ministère de l'Education, publié sur le site internet de ce dernier. En page 4 de ce procès-verbal, il est écrit que Xavier Bourdonnet, inspecteur santé et sécurité au travail coordonnateur, "précise que le rapport d'activité des ISST, qui portera notamment sur l'amiante dans le premier degré, sera présenté lors du séminaire prévu au mois de mai." Ce même procès-verbal évoque le projet d'un "guide amiante" que l'administration prévoyait de diffuser dans les établissements "pour la rentrée scolaire" 2019, et qui devait être présenté au CHSCT au printemps.

 

La cellule amiante du ministère sur le bâti scolaire fera un premier point d'étape dans "les prochains mois"

 

 

"Chaque établissement scolaire peut consulter aujourd'hui son dossier technique amiante, mais ces données ne sont pas centralisées, ne permettent pas d'avoir une vision nationale", a admis le 19 novembre Gabriel Attal, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale, en réponse à Aude Luquet. La députée Modem, soulignant que, "bien souvent, il n'existe aucun diagnostic pour s'assurer que les écoles ne contiennent pas, ou plus, d'amiante", venait d'interroger Jean-Michel Blanquer sur le calendrier de mise en place de la cellule amiante sur le bâti scolaire promise un an plus tôt par le ministre aux députés. Selon Gabriel Attal, cette cellule a été créée en juillet dernier, avec, à sa tête, l'ancien directeur du patrimoine et de la maintenance au conseil régional d'Ile-de-France, Sidi Soilmi.

 

Les moyens humains affectés à cette cellule consistent en six équivalents temps plein, qui s'appuient sur des référents "partout sur le territoire", a précisé le secrétaire d'Etat. Qui promet un premier point d'étape de cette cellule "dans les prochains mois." Un calendrier vague, jugé "inacceptable", en regard de "l'urgence de la situation", par le collectif Urgence Amiante Ecoles, qui regroupe des personnels de l'Education nationale et des parents d'élèves.

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