ENVIRONNEMENT. Un séisme de magnitude 3,7 s'est fait ressentir ce 4 décembre 2020 vers 7h du matin dans l'agglomération de Strasbourg. Le Réseau national de surveillance sismique (Rénass) l'a classé comme "induit", autrement dit provoqué par l'activité humaine. En ligne de mire : un forage de puits géothermique au nord de la préfecture du Bas-Rhin.
Ce vendredi 4 décembre 2020 à 6h59, les habitants de l'agglomération de Strasbourg ont été brutalement réveillés par un séisme de magnitude 3,7. Le phénomène a été classé par le Réseau national de surveillance sismique (Rénass) comme "induit", autrement dit provoqué par l'activité humaine. D'après les données géologiques, l'épicentre du séisme a été localisé à proximité d'un site accueillant un projet de centrale géothermique, où des opérations de forage sont menées par l'entreprise Fonroche. C'est sur les communes de Vendenheim et Reichstett, au nord de la préfecture du Bas-Rhin, que deux puits de 5 kilomètres de profondeur ont déjà été creusés, afin de pomper l'eau chaude présente dans les sous-sols pour ensuite en exploiter le potentiel énergétique à la surface.
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Sollicitée par Batiactu, l'Association française des professionnels de la géothermie (AFPG) confirme que l'épisode de secousses enregistré tôt dans la matinée est bien lié au forage géothermique opéré par Fonroche. Dans le cas présent, la profondeur importante de l'excavation (5.000 mètres) doit être remise en perspective, avec "une approche segmentée de la filière géothermie qui regroupe tout un ensemble de technologies plus communes et développées sur l'ensemble du territoire". L'association précise attendre des éléments supplémentaires avant de donner un avis plus détaillé sur l'évènement, "très vraisemblablement début de semaine prochaine".
Une dizaine de secousses répétées entre la fin octobre et le début novembre suite à des tests menés sur le site de forage
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L'évènement naturel, qui a été largement commenté sur Internet et les réseaux sociaux, est le deuxième de la sorte, après un premier séisme de magnitude 3,1 survenu le 12 novembre 2019, et dont l'épicentre avait alors été situé à 5 kilomètres du site de la centrale. Sur ordre du préfet, les activités de forage y avaient cessé, avant de laisser place à des études visant à comprendre l'origine de la secousse. Mais ces dernières n'ont pas réussi à trancher entre l'hypothèse d'un tremblement de terre d'origine naturelle et celle d'un phénomène d'origine "induite". En octobre dernier, de nouveaux tests ont été menés sur le site et ont été suivis par une dizaine de secousses répétées entre la fin octobre et le début novembre, amenant la préfecture à suspendre une nouvelle fois les opérations. De son côté, la société Fonroche a reconnu que les tremblements des deux derniers mois avaient bien été causés par ses tests.
De quoi relancer les discussions sur la géothermie, une énergie renouvelable régulièrement citée pour permettre d'atteindre la neutralité carbone, mais qui semble provoquer, sinon des dégâts, du moins des perturbations dans son environnement naturel. "Nouveau tremblement de terre à 6h59 ce matin à proximité de Strasbourg. De magnitude 3,7, on a tous pu le ressentir", a ainsi tweeté Alain Fontanel, un conseiller municipal strasbourgeois de l'opposition. "Le 11e en un mois, ça fait beaucoup et relance le débat sur la géothermie profonde. Le débat doit être complet et transparent", a-t-il insisté.