POLLUTION. Accusée d'avoir rejeté des résidus de béton dans la Seine il y a environ un an, une filiale de Vinci Construction France a été condamnée à 90.000 euros d'amende, dont 40.000 avec sursis.
En mars 2019, des agents d'une fédération locale de pêche avaient constaté une pollution de la Seine à Nanterre, en lien avec le chantier Eole. Des résidus de béton, en provenance d'une centrale de Vinci construction s'y déversaient, ce qui aurait détruit "totalement le milieu" selon France nature environnement. L'association locale de pêche avait porté plainte, plusieurs autres s'étant portées parties civiles.
Le 11 mars 2020, la filiale de Vinci construction France Dodin Campenon Bernard a été reconnue coupable de ce déversement, "de manière accidentelle dans la Seine de l'eau grise chargée de sable et de traces de ciment désactivé ayant pour effet de nuire à la production des poissons sur une surface de 25m2", indique l'AFP. Elle est ainsi condamnée à 90.000 euros d'amende, dont 40.000 avec sursis.
La décision, négociée au préalable avec le parquet dans le cadre d'une procédure de "comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité", a été validée par le tribunal de Nanterre. Celui-ci, en revanche, a dû repousser les débats sur les dommages et intérêts au 18 septembre, pour raison technique.
Une affaire gravissime pour les plaignants
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Le verdict ne satisfait pas les parties civiles. Leur avocat Laurent Benarrous a ainsi déploré : "C'est une affaire gravissime traitée avec une forme de banalité", estimant que certaines entreprises de bâtiment se comportaient "comme des voyous". Même si la peine est quasi-maximale par rapport à ce que prévoit la loi, le bénéfice est "vingt fois plus important que la peine d'amende donc elle ne sera jamais dissuasive, ajoute l'avocat. C'est d'autant plus décevant qu'ils ont été poursuivis pour une pollution involontaire alors que les constats démontraient que la pollution était parfaitement volontaire, organisée, sur une durée de 18 mois".
De son côté, l'avocat du prévenu, Philippe Goossens, s'est dit "satisfait du traitement judiciaire" de ce dossier : "Le tribunal a constaté, comme le parquet, que c'était accidentel, avec des effets limités" sur l'environnement. Pour lui, l'accident est uniquement dû à un "dysfonctionnement d'une zone de stockage, mais à aucun moment il n'y a eu de volonté de déversement dans la Seine". Et de préciser que l'entreprise s'était "attaché à remettre immédiatement en état" le site, pour un montant de 200.000 euros. Des propos aussitôt démentis par la fédération plaignante pour qui "sous l'eau, rien n'a été fait".