PAYSAGISME. Les communes s'engagent davantage à verdir leurs espaces publics, en plantant plus d'arbres, en végétalisant les façades et les toits ou en accordant des permis spéciaux. Zoom sur cette tendance durable.
Pour lutter contre les effets du dérèglement climatique, pour favoriser le retour de la biodiversité et pour apporter un cadre de vie plus agréable à leurs habitants, les villes n'hésitent plus à revaloriser les espaces publics en plantant davantage. Les communes sont même classées selon leur taux de végétalisation par le palmarès des villes vertes, tenu par l'Observatoire des villes vertes*. Pour établir ce classement, la quatrième édition a interrogé les 50 plus grandes villes de France sur la place de la nature et du végétal dans leur espace urbain.
"Angers conserve son titre de ville la plus verte de France", annonce ainsi l'Observatoire des villes vertes. La commune a dédié un tiers de sa surface totale aux espaces verts, et tout habitant dispose d'un espace paysager aménagé à moins de 500 mètres de son domicile. "Entretien, biodiversité, gestion des eaux pluviales, incitations à végétaliser, actions de sensibilisation… Elle dispose d'un arsenal de solutions innovantes pour végétaliser durablement la ville, renforcer la résilience de son territoire et avec ça le bien-vivre de ses habitants", liste l'Observatoire. Dans le reste du classement, Rennes a "gagné cinq places par rapport à 2020", inscrivant son objectif de végétalisation plus importante à l'horizon 2030. Aussi, Paris et Reims font leur entrée dans le top. Au total, ce sont 7 régions sur 13 qui sont représentées.
Ce qui ressort de ce palmarès, c'est le fait que les municipalités aient "de mieux en mieux intégré cette nécessité de penser la ville de demain avec les habitants pour qu'ils se l'approprient et la respectent", analyse Anne Marchand, présidente d'Hortis et co-présidente de l'Observatoire des villes vertes. Ainsi, un quart des villes ayant répondu à ce top ont mis en place en 2023 des initiatives de gestion durable des eaux pluviales "à la parcelle" et des solutions de récupération d'eaux. Des techniques humaines ou mécaniques, luttant contre le recours de produit phytosanitaire, pour entretenir les espaces verts sont de plus en plus répandues. "Toulon, Nanterre et Saint-Etienne se démarquent particulièrement", note l'Observatoire.
A Nîmes, c'est le permis de végétaliser qui a été adopté pour généraliser la végétalisation des trottoirs, façades et toits. Le permis de débitumer est aussi proposé par une ville sur deux interrogée. Grenoble va même plus loin en accompagnant ces projets, par le don d'arbres et la dispense de conseils en végétalisation auprès d'acteurs privés. De son côté, Angers offre un bon de 50 euros pour l'achat d'un arbre.
Une tendance qui doit "s'intensifier"
La végétalisation des espaces publics passe notamment par la transformation de cours de récréation, dans les établissements scolaires, en cours "oasis" ou bien par la renaturation des espaces en friche, délaissés. Si la surface d'espaces verts "stagne", à 50 m² par habitant, le nombre d'arbres pour 100 habitants a progressé sur la même période, passant de 11 à 12, selon l'Observatoire. La tendance devrait "s'intensifier dans les années à venir" avec des stratégies de renaturation en ville plus importante qu'auparavant pour lutter contre les îlots de chaleur. À titre d'exemple, la Ville de Paris a planté 25.000 arbres entre novembre 2022 et mars 2023. De son côté, Angers a pour projet de planter 500 arbres dans le cadre de son projet d'aménagement du parc Saint-Serge.
Tout est une question de moyens économiques dédiés à la question. Le budget consacré aux espaces verts par habitant a augmenté de 4 euros en France en trois ans, passant de 76 à 80 euros, montre l'Observatoire. "Les élus locaux semblent avoir intégré que le vert en ville est un capital dans lequel il faut investir pour en tirer des bénéfices globaux, tangibles et mesurables : lutte contre la sédentarité et l'isolement, réduction de l'insécurité, amélioration de la qualité de l'air et de la qualité de vie en général, attractivité du territoire… Les espaces verts sont un actif précieux pour les citoyens, qu'il faut protéger des arbitrages budgétaires et de la pression foncière, et développer avec des expertises nouvelles", appelle Anne Marchand.
Une dynamique "nécessaire"
Cette "bonne dynamique de végétalisation" est "nécessaire pour faire face aux effets du dérèglement climatique", estime Laurent Bizot, président de l'Union nationale des entreprises du paysage (Unep) et co-président de l'Observatoire des villes vertes. "Alors que les températures ne cessent de grimper et que la gestion de l'eau se complexifie, il est important de rappeler le rôle fondamental de la végétalisation dans la régulation des températures, l'amélioration de la qualité de l'air ou encore la qualité des sols et leur capacité à atténuer les épisodes d'inondation, particulièrement dans les grandes villes. Cela a un impact direct sur le bien-être des citadins, mais aussi sur leur santé".
Qu'est-ce que l'Observatoire des villes vertes ?
Créé en 2014 par l'organisation professionnelle Unep et le réseau d'espaces nature en ville Hortis, l'Observatoire des villes vertes vise à développer la réflexion sur les perspectives de la ville verte en France et de promouvoir les initiatives végétales en milieu urbain. Des projets "remarquables" en matière d'aménagement paysagers urbains sont notamment mis en avant à travers des cartographies. Mais l'Observatoire se charge également de faire des focus sur les tendances futures et mène des études sur le végétal.
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