PROJET VERT. Transformer un désert aride en oasis verte et fertile, telle est la mission que s'est fixé Diamond Developers, un promoteur dubaïote qui souhaite créer une ville durable. Les maisons à énergie positive seront également très économes en eau, malgré la luxuriance du quartier. Visite guidée avec Phil Dunn, le paysagiste de ce projet hors du commun, et Faris Saeed, le p-dg de Diamond Developers.
Le développement durable est une problématique désormais mondialisée. Même dans un pays prospère comme l'émirat de Dubaï, les promoteurs cherchent à produire des bâtiments moins gourmands en ressources, et particulièrement en eau, un véritable or bleu dans une contrée désertique. Pour autant, pas question de renoncer au luxe moyen-oriental, ni au confort à l'américaine. Diamond Developers tente de relever le défi avec sa "Sustainable City" en train de jaillir du sable, à quelques kilomètres du centre-ville.
Le projet, dont la première phase est en cours d'achèvement, est installé dans le désert, à mi-chemin entre le futur aéroport international Al Maktoum (appelé à devenir le point focal du trafic aérien mondial avec 120 millions de passagers annuels) et l'iconique hôtel Burj al-Arab posé sur les eaux du Golfe arabo-persique. Sur une parcelle de plus de 46 hectares, c'est toute une ville qui se construit, avec ses cinq zones d'habitation, son axe central végétalisé, son futur quartier commerçant et ses bâtiments mettant la science à l'honneur. "Nous nous appuyons sur les trois axes du développement durable, à savoir les aspects sociaux, économiques et environnementaux", résume Phil Dunn, le responsable de l'urbanisme. Il explique : "En partant de l'extérieur, il y a tout d'abord une véritable ceinture verte, munie de quatre rangées d'arbres qui sert de barrière à la pollution, au sable et au bruit des autoroutes voisines. Large de 27 mètres, elle comprend une haie, des pistes équestres et cyclables à double-voie ombragées, un sentier de marche au revêtement caoutchouté et une noue de récupération des eaux de pluie". Cette barrière, qui coupe tout le quartier de l'extérieur, est tout de même doublée - en partie - par un axe circulant pour que les habitants puissent atteindre les zones de parking et y laissent leurs véhicules thermiques. Au maximum, une distance de 100 mètres sépare le logement de ses deux places de stationnement, dont une est munie d'une borne de recharge électrique, afin que les déplacements à l'intérieur du lotissement puissent se faire en silence et sans rejet. Tous les emplacements bénéficient d'ombrières photovoltaïques, destinées à produire l'électricité consommée par les véhicules et les équipements.
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Onze biodomes
La colonne vertébrale du projet est la création d'un véritable parc, qui s'étire au milieu des maisons, et participe à la fois à l'esthétique luxuriante de la ville, mais également à sa production de ressources agricoles et au cycle de l'eau. "Onze biodomes vont être construits, et serviront à faire pousser des plantes et des légumes. Les résidents participeront à un programme de partage et recevront, le vendredi, un panier contenant les produits de ces serres bioclimatiques", précise Phil Dunn. Les eaux grises, issues des habitations (salles-de-bain, cuisine, pluie récupérée), seront collectées dans un réseau particulier, séparé des eaux noires (toilettes), et serviront, après décantation et bio-remédiation à l'arrosage des allées et des plantations. Dans ce désert, aucune goutte ne devra être perdue.
Limiter les apports solaires
Côté habitat, les maisons adoptent un style extérieur classique, avec toitures plates, terrasses et petites cours ombragées. "Les ouvertures ne sont pas orientées vers le sud mais vers le nord, afin de limiter au maximum les apports thermiques trop importants dans cette région du monde", fait valoir l'urbaniste. Rapprochées entre elles, pour ménager de l'ombre et accentuer les effets de brise, ces villas R+1 sont fortement isolées et enduites de peinture réfléchissant les UV, afin de réduire leur consommation énergétique principalement liée au rafraîchissement : de 170 kWh/m²/an en moyenne dans les Emirats, elle sera ici de 80 kWh/m². Un chiffre qui sera plus que compensé par les panneaux solaires photovoltaïques installés en toiture. Des toitures où sont également installés des capteurs solaires thermiques pour la production d'eau chaude sanitaire couvrant les besoins d'une famille entière. La ressource thermique ne manque pas, elle.
Vie de quartier et vie culturelle
Un "community mall", sorte de galerie commerciale à échelle réduite (11.000 m²) sera construite au cœur de la ville, afin d'apporter le lien social entre les habitants. Sur une agora, un vaste marché en plein air se tiendra les vendredis à l'abri de toiles tendues. Un hôtel Indigo, alimenté à 100 % en énergie verte, d'une capacité de 300 lits, sera également implanté dans la Sustainable City, afin d'accueillir les hôtes de passage et les éventuels touristes souhaitant explorer Dubaïland, vaste ensemble de parcs d'attractions de 81 km². Outre ces équipements, une indispensable mosquée sera construite, tout comme un musée des sciences - orienté vers le développement durable et les énergies renouvelables - et le "Diamond Innovation Center", bâtiment qui présentera un bilan énergétique positif sur l'ensemble de son cycle de vie.
Terminé à la mi-2017
"La première phase, qui comprendra les aménagements 'verts' (ceinture et axe central), les cinq zones d'habitation et le 'community mall', sera achevée dès la fin de 2015. La seconde, prévue pour le 2e trimestre 2017, y ajoutera l'hôtel durable, le Country club, l'école et les équipements scientifiques", précise Faris Saeed, le président-directeur général et co-fondateur de Diamond Developers. De quoi satisfaire les futurs résidents, principalement des expatriés occidentaux et des nouveaux résidents dubaïotes provenant d'autres pays du Golfe ou d'Asie. La ville durable du désert tiendra-t-elle toutes ses promesses ou ne sera-t-elle qu'un mirage ? L'avenir le dira.
Fiche technique :
Projet : The sustainable city (Diamond Developers)
Localisation : Dubaïland (sud-ouest de l'Emirat)
Superficie : 46,4 hectares
Programme : 500 maisons à énergie positive, 11 biodomes, 89 appartements en location, un éco-hôtel de 300 lits, une école, une mosquée, un musée des sciences et un centre des innovations
Consommation moyenne d'un logement : 80 kWh/m²/an
Consommation en eau : -40 % par rapport à la moyenne grâce au réemploi/retraitement des eaux grises
Localisation : Dubaïland (sud-ouest de l'Emirat)
Superficie : 46,4 hectares
Programme : 500 maisons à énergie positive, 11 biodomes, 89 appartements en location, un éco-hôtel de 300 lits, une école, une mosquée, un musée des sciences et un centre des innovations
Consommation moyenne d'un logement : 80 kWh/m²/an
Consommation en eau : -40 % par rapport à la moyenne grâce au réemploi/retraitement des eaux grises
Vision du futur
Une fois terminée, la ville adoptera deux teintes principales : le bleu de ses capteurs photovoltaïques, omniprésents, et le vert de ses riches plantations. Des couleurs qui remplaceront le jaune-orangé du désert. Mais pour combien de temps et à quel prix ?
Petite ceinture
L'épaisse ceinture verte, promise dans les brochures, qui comprend également le chemin équestre et la piste cyclable, n'est pour l'heure pas encore totalement ombragée...
Diamond Innovation Center
Un des bâtiments dédié aux sciences et technologies, ouvert aux enfants de l'école locale et aux entreprises. Il s'étale sur 10.000 m et servira également de centre de pilotage à toute la ville pour les aspects énergétiques (et hydriques).
Chantier
Les ombrières photovoltaïques en cours de montage. Les maisons, en arrière plan, ne sont pas encore équipées des panneaux solaires de toiture, qui serviront également d'abri au dessus de la terrasse, afin de préserver cet espace de la morsure du soleil.
Cultures hydroponiques
L'intérieur du premier biodome opérationnel. Il abrite des cultures en pots de plantes aromatiques et de (petits) légumes. Pas encore de quoi nourrir toute une ville cependant... L'installation fait penser à des récits de science-fiction, notamment à une base à la surface hostile de Mars.
Aménagement intérieur
Le salon d'une maison typique : très confortable et (légèrement) tape à l'œil.