Le groupe a présenté un projet d'entreprise nommé "Osons 20/20 !" qui porte ses ambitions dans le secteur de l'eau en France. Veolia souhaite atteindre les 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans les 3 ans, mais surtout doubler son profit au moyen d'une réorganisation territoriale de ses activités. Les syndicats s'inquiètent de nouvelles suppressions d'emplois.
Veolia entend relancer son activité de service d'eau et d'assainissement dans l'Hexagone, dans le cadre d'un projet, dévoilé le 30 mai 2017 en comité central d'entreprise. Frédéric van Heems, le directeur général de Veolia Eau France arrivé en début d'année, explique à l'AFP : "Avec ce projet, nous osons faire le pari de la relance. Nous ne voulons pas faire de course au chiffre d'affaires, ce qui compte c'est de retrouver nos marges". L'objectif en termes d'activité est donc mesuré : parvenir à 3 milliards d'euros de CA sur ces activités d'ici à 2020, contre 2,9 Mrds en 2016, soit +1,15 % de progression annuelle… Le directeur général poursuit : "Ces dernières années, nous avions peut-être été en mode trop défensif, concentrés pour limiter la baisse de nos marges (…) mais la relance est possible, de nombreuses opportunités le permettent".
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Car le groupe, comme les autres acteurs du secteur, a subi le retour des régies territoriales dans la gestion de la distribution d'eau, comme à Montpellier ou à Nice. Pour doubler sa rentabilité opérationnelle, le groupe va donc se réorganiser, une nouvelle fois. Ses effectifs, passés à 12.400 employés en 2016 (contre 13.000 un an plus tôt), seront regroupés en 67 "territoires" eux-mêmes regroupés en neuf régions (ne correspondant donc pas tout à fait aux douze grandes régions issues de la loi Notre de 2015) qui mutualiseront certaines fonctions, de façon décentralisée. Ce nouveau découpage entrera en vigueur au 1er janvier 2018. Pour Frédéric van Heems, le projet répond à plusieurs priorités : simplifier et digitaliser l'entreprise pour gagner en efficacité, s'ancrer dans les territoires tout en profitant d'une vision globale, et donner des perspectives aux salariés. Le groupe précise d'ailleurs que le projet baptisé "Osons 20/20 !" est le "fruit d'un travail collaboratif de plusieurs mois avec des collaborateurs et des collectivités locales".
Une énième reconfiguration avec encore moins de postes ?
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Pour autant, l'intersyndicale CGT-CFE-CGC, FO et Unsa, ne se montre pas rassurée. Les syndicats, qui soulignent avoir déjà enduré plusieurs réorganisations depuis 2009, redoutent "l'impact social" d'un tel plan, et "de nouvelles suppressions d'emplois". Plus de 3.000 postes ont ainsi été supprimés au cours des trois dernières années. Selon les mots des représentants du personnel, la direction "transforme les organisations, redécoupe les périmètres d'activité, redistribue les tâches, réoriente les compétences des salariés, repense les organigrammes" entraînant au passage "une forte dégradation des conditions de travail". Le volet social sera présenté aux partenaires sociaux le 20 juin prochain lors d'un comité extraordinaire. Mais Frédéric van Heems n'en démord pas : pour lui, "le concept de délégation à un opérateur privé a besoin d'être adapté" car "les collectivités locales veulent plus de transparence, de proximité, d'implication des élus dans la gestion de l'eau". A ce jour, le groupe distribue de l'eau à 23 millions de consommateurs et 400 entreprises, ce qui en fait le numéro un du secteur.
Le parquet national financier enquête sur les activités de sa filiale roumaine, impliquée dans un scandale présumé de corruption et de trafic d'influence. L'office anticorruption de la police judiciaire se penche sur la connaissance de la direction générale des agissements d'Apa Nova, entreprise chargée de la distribution d'eau à Bucarest, et qui aurait versé plus de 12 M€ de pots de vin entre 2008 et 2015 pour conserver des marchés et augmenter librement les tarifs pratiqués. Le prix de l'eau aurait ainsi bondi de +125 % sur cette période dans la capitale roumaine. Jean-Luc Touly, syndicaliste FO qui a déposé plainte en France, déclare : "Il semble difficile de croire qu'Apa Nova serait seule à l'origine de ce schéma corruptif : le groupe Veolia semble être le principal bénéficiaire des augmentations de coûts obtenues frauduleusement". Sur place, neuf personnes sont poursuivies, dont deux ressortissants Français : Bruno Roche, l'ancien directeur de la filiale, et son successeur, Laurent Lalagüe. Apa Nova avait signé, en 2000, un contrat de 25 ans pour l'approvisionnement en eau de Bucarest et de Ploiesti (sud du pays).