Un marchand de sommeil a été condamné vendredi - par contumace car en fuite - à quatre ans de prison ferme par le tribunal de Bobigny. Pas moins de six chefs d'accusation pesaient sur ce multipropriétaire ayant eu la malhonnêteté de louer des logements de trois copropriétés délabrées au cœur de la cité du Chêne Pointu, à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis.
Quatre ans de prison ferme assortie d'un mandat d'arrêt pour le prévenu principal en fuite au Sénégal. Cinq mois fermes pour son frère. Une amende de 34.000 euros en faveur de la ville, pour préjudice moral, financier et matériel. 500 euros d'indemnités pour les locataires qui se sont portés partie civile. Vendredi dernier, le tribunal de grande instance de Bobigny a eu la main lourde contre un marchand de sommeil. «C'est une peine très lourde qui sonne comme un avertissement à tous les marchands de sommeil», a réagi Me Didier Seban, l'avocat de la ville Clichy-sous-Bois, qui s'est portée partie civile. Avant d'ajouter «On ne peut pas profiter à ce point-là de la misère des gens».
Des prévenus en cavale
Le prévenu principal était notamment jugé pour « soumission de personnes vulnérables à des conditions d'hébergement indignes» et «remise à disposition de local vacant insalubre, dangereux ou impropre à l'habitation». Sa fille qui était également poursuivie a été relaxée, contrairement au frère de l'accusé principal, égalemnt en fuite. Par ailleurs, aucun des trois prévenus n'a assisté au procès ou n'était représenté par un avocat, le frère s'est réfugier à son tour au pays voici quelques semaines.
Le marchand de sommeil a divisé trois appartements en plusieurs pièces, des chambres, qu'il louait à des familles, souvent en situation irrégulière. Un ancien dispensaire de 130 m2 s'est ainsi transformé en 13 chambres, avec salle de bains, toilette et cuisine en commun. En 2007, 22 adultes et 14 enfants partageaient le lieu. Le montant des loyers était de 400 à 500 euros, pour une chambre de quelques m2...
Malgré une condamnation en 2007 à un an de prison avec sursis pour des faits similaires, il a continué à louer. «On n'avait pas les moyens de trouver un logement dans d'autres conditions», explique l'une des mères de famille de la partie civile. Cette dernière vit toujours au même endroit. «Tout ce qu'on souhaite, c'est être relogé», a-t-elle conclut.