La transition énergétique serait bel et bien un facteur de croissance : selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), près d'un million d'emplois pourraient être créés d'ici à 2050, si la France adoptait un scénario de décarbonation de son électricité. Les effets sur l'économie seraient extrêmement bénéfiques, avec un PIB augmenté de presque 4 %.
Bruno Léchevin, le président de l'Ademe, est clair : "Investir pour le climat, ça vaut le coup, car c'est vraiment un moteur pour notre croissance". Selon son agence, un déploiement massif des énergies électriques renouvelables (éolien et photovoltaïque en tête), donnerait un coup de fouet à la croissance économique du pays et à l'emploi. C'était déjà la conclusion de Greenpeace, dans son scénario "Energy (R)Evolution" estimait que des millions d'emplois pourraient être créés dans le monde si les énergies fossiles étaient abandonnées d'ici à 2050.
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De son côté, l'Ademe, a continué de travailler sur ses propres scénarios qui étudient différentes trajectoires de la transition énergétique. L'hypothèse de base reste que la consommation énergétique française sera de toute façon divisée par deux grâce aux mesures d'efficacité déjà amorcées. "Selon la variante étudiée, la transition vers un système énergétique décarboné, et la diminution de la consommation finale d'énergie pourraient conduire à des niveaux de PIB de 3,6 à 3,9 % supérieurs", annonce-t-elle. L'emploi bénéficierait de ce développement des énergies renouvelables : là encore, entre 800.000 et 900.000 postes pourraient être créés, équivalent à "une diminution du chômage comprise entre 3,6 et 3,3 % de la population active". Corollaire, malgré un investissement nécessaire à l'amélioration de l'efficacité énergétique, le niveau de vie s'améliorerait pour les ménages grâce à un meilleur "revenu disponible" découlant d'une facture énergétique réduite. La différence serait même conséquente, avec un maximum estimé de 3.300 € de plus par habitant et par an. Selon l'Ademe, les services, la construction et les transports collectifs seraient les secteurs gagnants de cette transition verte, tandis que les grands perdants seraient logiquement les combustibles fossiles, le nucléaire et l'industrie automobile (à motorisation thermique).
Mais quel serait le prix de cette révolution énergétique si bénéfique ? D'après ses calculs, plus de 1.000 milliards d'euros… soit un surinvestissement de +7 à +9 % sur les trente prochaines années. Afin de parvenir à financer cet effort colossal, l'Ademe propose également quelques pistes : la mise en place d'une fiscalité forte sur le carbone, la facilitation du recours au crédit par les particuliers pour des travaux de rénovation énergétique, et la réorientation des stratégies d'investissement des acteurs économiques en fonction des risques et objectifs climatiques. Les problèmes d'acceptabilité des EnR, qu'il s'agisse de parcs éoliens ou de centrales photovoltaïques de grandes dimensions, ne manqueront toutefois pas de venir s'inviter dans les débats et mettre quelques bâtons dans les roues des porteurs de tels projets.