Les grues se dressent par dizaines dans Kiev : ces derniers mois, la capitale ukrainienne est frappée par une véritable fièvre immobilière qui, selon les experts, doit aller en s'accentuant ces prochaines années et toucher tout le pays.

"L'industrie progresse très bien, mais la vraie poussée arrivera plus tard", lance Ilia Pavlenko, vice-président de la compagnie de construction Perry Construction dont le capital est à 100% étranger.
Confirmation : le nombre de mise en chantiers a connu une progression globale de 26% en 2003 par rapport à l'année précédente et cette tendance se poursuit en 2004, selon les statistiques officielles.
Pour les seules mises en chantier de logements, en hausse continue depuis trois ans, elles ont progressé de 5,9% l'an dernier, soit de 6,4 millions de m2 en 2003 par rapport à 2002, selon la même source.

Rien d'étonnant à cela: l'acquisition d'un logement de bonne qualité est devenue une quasi-obsession pour beaucoup d'Ukrainiens, qui le plus souvent vivent encore dans des appartements exigüs datant de l'époque soviétique.
Même à Kiev, la surface de logement n'atteint que 20 m2 par habitant contre 28 m2 au Portugal ou 36 m2 en France.

Le rêve est désormais accessible grâce à la reprise économique en Ukraine, qui a entraîné une hausse des revenus de la population, mais aussi en raison du développement des crédits hypothécaires qui ont triplé en 2002-2003 pour dépasser les 800 millions de dollars.
"Même si les taux d'intérêts demeurent élevés - 14 à 15% par an - la moitié de nos clients achètent leurs appartements à crédit", note Lioudmila Zabiyaka de l'agence immobilière Blagovest.

Une forte demande a fait bondir les prix qui ont doublé en 2003 et continuent de grimper. Aujourd'hui, ils atteignent 900 à 1.000 dollars/m2 dans le centre de Kiev.
Et les investisseurs y trouvent bien sûr leur profit: "le prix de vente des appartements neufs est souvent trois fois supérieur à leur coût de fabrication", note Marta Kostiuk, expert du conseiller immobilier DTZ.

La progression rapide du secteur se concentre actuellement sur Kiev et les grandes villes industrielles de Donetsk, Dnipropetrovsk et Kharkiv (est), le reste du pays attendant toujours un afflux financier.
La construction de centres commerciaux et surtout de bureaux, qui manquent cruellement sur le marché, continue également son expansion. D'autant que les rendements s'annoncent performants : de 20 à 25% annuellement pour les bureaux et de 30 à 35% pour les centres commerciaux, souligne Mme Kostiuk.
La surface totale de bureaux s'élève actuellement à 250.000 m2 à Kiev, dont près de 10% sont inoccupés, selon des estimations.
Mais faute de locaux convenables ou pour des raisons d'économie, nombre de petites entreprises choisissent de s'installer dans des appartements transformés en bureaux.

Pour combler le manque, de nombreux projets de construction sont en cours et, rien que dans la capitale ukrainienne, 150.000 m2 de bureaux supplémentaires sont attendus d'ici à 2005, selon des experts qui prédisent une hausse de 10% des prix de location de bureaux cette année.

Quant aux centres commerciaux qui se multiplient en Ukraine, ils sont encore largement insuffisants. Si en Europe occidentale, leur surface représente en moyenne 150 à 400 m2 par 1.000 habitants, à Kiev elle n'est que de 30 m2, et en province encore bien plus faible.

Le revers de la médaille à cette évolution fulgurante du marché est que le secteur de la construction est devenu l'un "des plus opaques et criminels en Ukraine", mais reste néanmoins l'un des plus prometteurs pour 2004-2005, conclut l'agence économique ukrainienne UFS.

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