CONJONCTURE. Les chantiers réalisés par les entreprises de travaux publics ont dégringolé au mois de mars, grevant la dynamique enregistrée par la filière depuis le début de l'année. Et pourtant, si elles se rétractent sur la totalité du premier trimestre, les prises de commandes ont toutefois bondi en mars.
Situation paradoxale qu'ont connu les entreprises de travaux publics au mois de mars : les chantiers sont en recul mais les carnets de commandes se remplissent tout de même. Dans sa note de conjoncture portant sur le troisième mois de l'année, et permettant du même coup de dresser le bilan du premier trimestre 2022, la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) a constaté auprès de ses adhérents que les travaux réalisés avaient dégringolé de 10,1% en mars 2022 par rapport à mars 2021, faisant diminuer l'activité de 2,8% entre janvier et mars 2022.
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"Si l'activité se maintient en valeur, la hausse des coûts de production vient rogner les volumes et fait peser de fortes incertitudes sur les mois à venir", observe la fédération. Qui parle d'une inflation "importante" sur certains produits, à commencer par les carburants, le bitume ou encore les aciers, ce qui "devrait encore aggraver la situation en fin de trimestre".
Les TP n'échappent pas en effet à la conjoncture actuelle, marquée évidemment par les difficultés d'approvisionnement - quand il ne s'agit pas de pénuries - et les hausses des prix, une situation amorcée lors de la reprise économique mondiale qui a fait suite à la pandémie de Covid et s'est encore détériorée avec le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Perspectives incertaines
Les contraintes économiques n'ont pourtant pas empêché les entreprises de TP d'enregistrer un "rebond sensible" des prises de commandes de 8,5% en mars, assurant même au secteur de retrouver un niveau qui n'avait plus été atteint depuis un an (avril 2021). Cette bonne nouvelle doit néanmoins être relativisée car elle ne permet pas, d'après la FNTP, d'inverser la tendance : sur le 1er trimestre, les marchés conclus baissent tout de même de 1,1%.
Pour autant, l'amélioration est bel et bien là dans la mesure où le solde d'opinion des chefs d'entreprises sur les carnets de commandes, mesuré fin avril pour sa part, confirme que les professionnels conservent une certaine confiance. "La bonne nouvelle de l'assouplissement de la contrainte de demande est effacée par une montée des tensions sur les coûts des chantiers et la contrainte financière en résultant pour les entreprises", nuance la FNTP.
Dans un climat aussi incertain, il paraît évident que les perspectives des prochains mois sont pour le moins "délicates à anticiper" au vu de la volatilité des prix, matériaux comme énergies.
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Recul des effectifs
L'emploi a lui aussi été impacté par cette conjoncture morose : les heures travaillées ont baissé en mars, aussi bien pour les salariés permanents que pour les personnels intérimaires. De début janvier à fin mars, le total des heures travaillées s'érode également de 0,2%, quand en parallèle les effectifs titulaires continuent, comme c'est le cas "depuis plusieurs mois", à se rétracter eux aussi de 0,2%. Les heures travaillées par les intérimaires progressent par contre de 2% sur la même période.