CONSEIL MUNICIPAL. Rafraîchissement naturel, installation de forêts urbaines et point sur les travaux…trois thèmes qui feront l'objet de débats au prochain conseil municipal de la Ville de Paris qui se tiendra du 8 au 11 juillet.
Comment faire disparaître les climatiseurs individuels au profit d'îlots de fraîcheur naturels ? Peut-on remplacer des étages de parking par de la pleine terre pour y planter des arbres ? Quid des chantiers qui occupent la voirie parisienne ? Autant de questions qui seront posées au cours du prochain Conseil de la Ville de Paris, et qui suscitent déjà des oppositions entre l'exécutif et les différents groupes politiques.
Depuis plusieurs mois, il est régulièrement fait état de l'exaspération des Parisiens devant l'enfilade de palissades qui empiètent sur la voirie. Un agacement que reprennent à leur compte certains élus parisiens, dont Yves Bournazel, candidat à la mairie de Paris. Au cours d'une conférence de presse à l'Hôtel de Ville le 4 juillet, a fustigé "le manque de coordination" dont l'actuel exécutif ferait preuve.
Pour tenter de tordre le cou à l'idée selon laquelle la ville de Paris serait à l'initiative de la majorité des chantiers, la mairie lance ce jeudi une cartographie des travaux impactant la voie publique. Distingués par des points jaunes, rouges ou bleus, la carte laisse apparaître une majorité de chantiers menés par les opérateurs de réseau ou de tiers privés.
Créer une instance de concertation
Du côté de la Mairie de Paris, "ce sont surtout les aménagements de pistes cyclables qui ont un impact de linéaire important", assure le premier adjoint Emmanuel Grégoire. Ce dernier a par ailleurs transmis le souhait de la maire Anne Hidalgo de "mettre en place une instance de concertation chez tous les grands prescripteurs de travaux", de la Société du Grand Paris à la Région, au vu "du manque d'un lieu de dialogue et de concertation pour coordonner les travaux".
La plateforme en ligne de consultation des travaux est aussi vue par la municipalité comme un outil de vigie pour les inspecteurs de la direction de l'urbanisme ou de la voirie. "Nous comptons aussi beaucoup sur les Parisiens pour nous signaler des éléments qui ne seraient pas conformes ou sur lesquels ils auraient des doutes", appelle Emmanuel Grégoire.
Travaux : Ile-de-France Mobilités se "plaint" auprès d'Anne Hidalgo
A la mi-juin, un courrier envoyé par la direction d'IDFM à la maire de Paris Anne Hidalgo pour signaler les "ralentissements" subis par sa flotte de bus du fait de la multiplication des chantiers sur voirie. "On a reçu de façon un peu acide la lettre d'Ile-de-France Mobilités sur le ralentissement des bus causés par nos chantiers", a témoigné ce jeudi le premier adjoint Emmanuel Grégoire pour qui "la nuisance est surtout liée à la coïncidence des chantiers". Une réponse à l'organisme présidé par Valérie Pécresse sous la plume de Jean-Louis Missika est en préparation, "pour signifier l'ensemble des travaux qui sont à sa charge", indique l'adjoint à l'urbanisme, citant les chantiers d'extension de la ligne 14 ou d'Eole à la Porte Maillot. "On oublie qu'il est impossible, quand les interventions pèsent pour 45% sur les concessionnaires de la ville, de coordonner ces travaux parce qu'ils sont incompatibles les uns avec les autres", a-t-il rappelé.
Une forêt d'arbres...en pots ?
La semaine prochaine, il sera également question du projet des forêts urbaines. Annoncé par la maire de Paris dans une interview au Parisien le 13 juin - à la surprise de nombreux conseillers parisiens - l'idée consiste à "débitumer" quatre places parisiennes, dont le parvis de l'Hôtel de Ville, pour y faire pousser des forêts. Du côté du groupe Générations présidé par Léa Filoche, on craint "un effet d'annonces sur le verdissement", par manque "de travail préparatoire".
Le conseiller Yves Contassot s'inquiète notamment de la faisabilité de certains projets, comme à Gare de Lyon, où deux étages de parking pourraient être supprimés pour accueillir de la pleine terre. Se pose notamment la question de poids de la terre et des arbres, par-dessus un ou plusieurs étages de parking qui seront conservés: "on risque de se retrouver avec des arbres dans des pots, et qui n'auront jamais de développement suffisant".
"Ce travail est extrêmement sérieux", a tenté de rassurer l'adjoint à l'urbanisme Jean-Louis Missika pour qui il est tout à fait possible de "décaisser un premier sous-sol de parking (…) sans risque d'infiltrations".
Une semaine après une canicule qui n'aura épargné aucune région hormis la Bretagne, l'adjointe en charge des questions environnementales Célia Blauel soumettre une communication sur la stratégie parisienne en faveur du "rafraîchissement urbain". Une réflexion "prévue de longue date", précise Célia Blauel, où seront posées les problématiques de "climatiseurs individuels qui sont une catastrophe écologique et esthétique", "de confort d'été des bâtiments" et de "l'avenir du réseau de froid parisien qui a vocation à se développer dans les bâtiments tertiaires".
Avec 922 îlots de fraîcheur recensés dans la capitale, la municipalité souhaiterait ouvrir d'ici 2020 de nouveaux sites de rafraîchissement aujourd'hui inaccessibles, "afin qu'aucun habitant ne soit plus de 7 minutes de marche d'un îlot de fraîcheur", précise la communication.