CONJONCTURE. L'Urssaf a publié fin décembre 2024 son bilan 2023 sur la situation des travailleurs indépendants en France. Le document dresse le tableau de secteurs en difficulté, dont ceux de la construction et de l'immobilier.

Fin 2023, près 4,6 millions de travailleurs indépendants (TI) étaient recensés en France, dont 13,4% dans les métiers de la construction et de l'immobilier. Comme chaque année, l'Urssaf a dressé le bilan de leur activité. Elle a ainsi publié fin 2024 un document retraçant les évolutions principales des TI en 2023. Le constat est clair : l'augmentation des effectifs, tous secteurs confondus, a connu un ralentissement ces dernières années, accompagné d'une diminution globale du niveau de vie des professionnels, sous l'effet de l'inflation.

 

Ces évolutions se retrouvent parmi les TI du bâtiment et plus encore ceux des activités immobilières, particulièrement touchés par la situation.

 

La construction face à un ralentissement de la croissance des effectifs

 

Le bâtiment recouvre toujours un nombre important de TI en 2023, bien que cette part diminue légèrement ces dernières années. "Plus d'un travailleur indépendant sur dix, soit 481.000 TI, exerce dans la construction", affirme ainsi l'Urssaf. Parmi eux, environ 55% sont des auto-entrepreneurs (AE).

 

Dans le détail, le secteur du gros-œuvre compte 154.500 TI inscrits fin 2023, dont environ 77.000 TI classiques et 77.400 AE. Cela correspond à une croissance des effectifs de 3,7% en 2023, inférieure à la hausse de 4,6% de 2022. Les travaux d'installation, de son côté, cumule 134.800 TI (64.800 TI classiques et 70.000 AE). La hausse de ce nombre est également en baisse : elle s'établit à 4,2% en 2023, contre 5,3% en 2022. Enfin, les travaux de finition regroupent 192.500 TI, soit 76.000 TI classiques et 116.500 AE. Là encore, la croissance est moins importante que l'année précédente : elle tombe à 3,4% en 2023, alors qu'elle était de 4% en 2022.

 

Des revenus moyens qui ne suivent pas l'inflation

 

Le niveau de vie des TI, tous secteurs confondus, ne s'est pas amélioré ces dernières années. Si le revenu moyen des AE a augmenté de 1,6% en 2023, il tombe cependant à -3,1% en euros constants, c'est-à-dire en prenant en compte l'inflation. Du côté des TI classiques, il chute à -5,2% selon les chiffres de 2022.

 

Le secteur de la construction n'échappe pas à cette dynamique. En 2022, le revenu moyen des TI classiques s'établit respectivement à 33.021 euros (-2,4% en euros constants) pour le gros-œuvre, 33.976 (-3,5% en euros constants) pour les travaux d'installation et 31.193 (-2,1% en euros constants) pour ceux de finition. Les AE ont également connu une baisse de leur niveau de vie : leur revenu moyen 2023 est estimé à 10.106 pour le gros-œuvre, 10.756 pour les travaux d'installation et 10.421 pour ceux de finition, soit des reculs respectifs de 4,9%, 3,2% et 4,5% comparé à 2022.

 

Face à cette situation, certains se tournent vers la polyactivité en signant des contrats salariés en parallèle. L'Urssaf constate ainsi une hausse du nombre de polyactifs, tous secteurs confondus, entre 2019 et 2023. Côté construction, 6,7% des TI et 10% des AE du gros-œuvre cumulent plusieurs activités. Pour les travaux d'installation, ces chiffres s'établissent à 5,2% et 16,4%. Enfin, ceux de finition atteignent respectivement 4,6% et 9,5%.

 

Le cas des activités immobilières : un secteur particulièrement touché

 

Le secteur des activités immobilières a été particulièrement en difficulté en 2023, que ce soit sur les effectifs de TI ou sur leur rémunération. Il comptait ainsi 131.900 TI inscrits fin 2023, dont environ 66.800 TI classiques et 65.100 AE. Il s'agit d'une augmentation des effectifs de 3,3%, bien inférieure à celle de 7,4% en 2022.

 

 

Concernant la décroissance générale des revenus, cette dernière "est particulièrement marquée dans certains secteurs comme celui des activités immobilières", constate l'Urssaf. Le revenu moyen des TI classiques s'établit ainsi à 37.734 euros en 2022, soit une baisse de 8,6% en euros constants par rapport à l'année précédente. La chute est encore plus marquée du côté des AE, dont le revenu moyen a diminué de 16,6% en euros constants en 2023, pour atteindre 11.921 euros.

 

Il n'est donc pas surprenant que ce secteur compte une grande part de polyactifs. Cette situation touche en effet 17,1% des TI classiques et 21,2% des AE.

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