LOGISTIQUE. Si le transport fluvial affiche une relative stabilité en 2017, c'est en partie grâce au transport des matériaux de construction, toujours plus dynamique, qui compense d'autres secteurs en panne. Voies Navigables de France analyse les données de l'an passé qui démontrent l'intérêt réciproque entre ce mode de transport durable et le monde du BTP.
Plus que jamais, le transport fluvial compte sur le secteur de la construction. Car l'année 2017 a vu se poursuivre la chute des trafics d'autres marchandises comme les produits agricoles (-9,6 % à 11,5 millions de tonnes) ou le secteur de l'énergie (-3,1 % à 5,7 Mt). Mais dans le même temps, le transport des matériaux de construction a poursuivi sa hausse (+2,5 % à 22,5 Mt), plaçant ce secteur largement en tête des tonnages totaux (43 %). Guillaume Dury, directeur du Développement de Voies Navigables de France (VNF), analyse que ce segment de marchandise a été "soutenu par la dynamique du bâtiment et des grands chantiers d'infrastructures, notamment celui du Grand Paris, entré dans sa phase opérationnelle et pour lequel VNF travaille aux côtés d'Haropa, de la Société du Grand Paris et de la Ville de Paris pour maximiser l'approvisionnement par voie fluviale".
à lire aussi
Les matériaux ont donc emprunté les fleuves, rivières et canaux, entraînant un accroissement des trafics dans les différents bassins (+7,8 % en t-km, l'unité qui symbolise le déplacement d'une tonne sur un km). Le rapport de VNF souligne : "Le bassin séquanien (de la Seine, NdlR) bénéficie d'une conjoncture favorable du BTP sur l'Île-de-France, tout comme le bassin Rhône-Saône, qui profite en plus d'une forte demande de sel de déneigement". Un peu plus loin, les auteurs notent que la hausse de l'axe rhodanien a été alimentée "par la fourniture de granulats liée aux besoins de maintenance des infrastructures existantes (voiries, bâtiments…)". Le sous-segment que constitue le sel de déneigement ne représente pour sa part que 180.000 tonnes transportées, mais il a explosé en 2017 (+47,2 %). Dans le bassin mosellan, Voies Navigable de France note un regain d'activité et signale "la progression de la filière des matériaux de construction (+9,9 % en t-km) qui profite de la reprise d'activité à l'étranger pour exporter des produits tels que le gypse, le gravier ou la pierre de Jaumont". Toutefois, d'autres régions se montrent moins dynamiques, comme le montre le tableau de bord : "A l'inverse, l'activité de la filière sur le Nord est restée stable, et elle s'est même légèrement contractée sur le bassin rhénan".
Des matériaux qui voyagent et qui bouclent même l'économie circulaire
à lire aussi
Sur cet aspect d'échanges internationaux avec nos voisins du Nord et de l'Est, VNF montre que la France importe pour 1 Mt de matériaux de construction depuis la Belgique (soit 27,8 % du trafic fluvial entre les deux pays). Dans le même temps, l'Hexagone exporte pour 1,3 Mt de ces matériaux vers les Pays-Bas (soit 24 % du trafic avec eux) et même 2,3 Mt vers l'Allemagne (soit 46 % des échanges fluviaux avec cette nation). Dès lors, il n'y a rien d'étonnant à ce que les principaux ports se situent tous sur le Rhin (Mulhouse 4,8 Mt et Strasbourg 3,7 Mt) et sur la Seine (Rouen 4,4 Mt, Gennevilliers 3,6 Mt et Le Havre 3,4 Mt).
Voies Navigables de France insiste également sur la part croissante du recyclage dans la quantité de matériaux transportés. Le rapport mentionne : "Sur les 3,7 millions de tonnes recyclées et valorisées par l'entreprise GDE (groupe Ecore) en 2017, 1,6 million de tonnes (40 % du total) ont fait l'objet d'un transport par voie navigable". Il est précisé qu'elle exploite une quinzaine de sites reliés aux principaux axes de navigation, notamment en Île-de-France à Gennevilliers, Bonneuil-sur-Marne et Limay. Ces installations prendront en charge une partie des matières ferreuses et non ferreuses issues de démolitions de bâtiments du Grand Paris, comme cela a été fait pour un édifice EDF de Vitry-sur-Seine à la fin de l'année. GDE dispose d'une flotte de quatre barges d'une capacité unitaire de 2.500 tonnes (équivalente à 100 camions) et VNF assure qu'elle "ambitionne de se développer sur les projets de logistique urbaine". Une filière émergente qui laisse entrevoir "de belles perspectives pour 2018".