Le président de l'Université Paul-Sabatier de Toulouse a suspendu le projet de partenariat public-privé, conclu en 2009, pour la construction de nouveaux bâtiments dans son établissement. Le débat sur la pertinence de ce dispositif est relancé.
Les PPP auront-ils la vie dure sous le nouveau gouvernement ? La question est posée, depuis que le président de l'Université Toulouse-3, Bertrand Monthubert, a suspendu le projet de partenariat public-privé signé pour la construction de nouveaux bâtiments au sein de son établissement.
« Cette suspension est nécessaire, a-t-il indiqué à l'AFP, car c'est un processus très coûteux et qui engendrerait une dépense de 600.000 € par an pour la maintenance, en attendant que le gouvernement se prononce sur un autre type de financement ». Signé en 2009, sous l'ère Sarkozy, ce contrat ne semble avoir rien donné de concluant à ce jour : les travaux n'ont pas démarré, le dialogue entre le public et le privé n'a pas été amorcé et la livraison des bâtiments est prévue pour 2017 seulement. Selon Bertrand Monthubert - également responsable du Supérieur et de la Recherche au PS - la construction de nouveaux locaux est une urgence pour accueillir les 30.000 étudiants qui fréquentent le site.
Désaccord politique ?
Cette annonce intervient alors que le nouveau gouvernement, qui se met en place, a beaucoup critiqué les PPP depuis leur instauration. Récemment, Alain Rousset, président PS de la région Aquitaine, avait poussé un « coup de gueule » à ce sujet, estimant que les PPP « tuent » les PME et les ETI du bâtiment. « Elles font entrer les acteurs publics dans un mécanisme d'endettement et ne profitent qu'aux quatre majors du BTP en excluant du système les petites entreprises et les entreprises de taille intermédiaire », a déclaré, en avril dernier, l'homme qui est également président du Conseil régional d'Aquitaine.
A Bordeaux, comme le souligne le quotidien Sud-Ouest (30/04/2012), la position d'Alain Rousset sur les PPP est connue. De fait, le président du Conseil régional n'a pas cédé aux demandes de Valérie Pécresse. L'ancienne ministre des Universités voulait en effet que le privé soit associé dès l'amont dans les sociétés qui rénoveront les plus grands campus français. Alain Rousset a obtenu que ce soit une société publique associant la Caisse des Dépôts, la Région et l'Université qui porte le dossier. « Mais il n'a pas pu empêcher cette structure qui pilote le plan campus de solliciter les trois plus grands groupes français, Vinci, Eiffage et Bouygues, pour répondre, seules, à l'appel d'offres en cours d'examen », relate le journal. « Je n'ai même pas pu faire entrer dans la compétition des entreprises régionales de taille intermédiaire », regrette encore Alain Rousset dans les colonnes de Sud-Ouest.
Cependant, Alain Rousset, en tant que président de région, a ou va financer des PPP comme le futur grand stade de Bordeaux et la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, le plus gros partenariat public-privé de l'histoire ferroviaire française, en cours de construction.