Propriétaire de logements dans le privé, le Premier ministre britannique a loué deux appartements à des cadres du groupe français de défense avec qui Downing Street a fait affaire. «Shocking» pour les tabloïds !

Downing Street a nié dimanche le moindre "conflit d'intérêt" pour le Premier ministre britannique Tony Blair et son épouse dans le fait de louer deux appartements à des cadres du groupe français de défense Thales, groupe qui a signé d'énormes contrats avec l'armée britannique.
"L'idée qu'il puisse y avoir un quelconque conflit d'intérêt découlant de ce contrat est absurde", a déclaré dimanche un porte-parole de Downing Street, répondant aux révélations d'un tabloïd selon qui le couple Blair a loué deux appartements leur appartenant à Bristol (sud-ouest de l'Angleterre), le berceau de l'industrie aéronautique britannique, à des dirigeants de Thales.

Selon le Mail on Sunday, un tabloïd très marqué à droite, Tony Blair et son épouse Cherie Booth pourraient empocher quelque 60.000 livres (87.000 euros) par an grâce à la location de ces deux appartements.

Downing Street a rétorqué dimanche que ces contrats de location avaient été établis par le Manchester Trust, un fonds gérant les biens du couple Blair à leur place: "les Blair n'ont joué aucun rôle à quelque moment que ce soit dans le choix des locataires de ces appartements (...) et ils n'ont jamais eu aucun contact avec ces locataires", a insisté le porte-parole du chef du gouvernement travailliste.

Thales, qui a racheté le Britannique Racal Electronics en 2000, compte 12.000 employés au Royaume-Uni et a obtenu des contrats importants dans ce pays.
Thales a ainsi été choisi en juillet comme candidat préférentiel par le ministère britannique de la Défense pour le programme "Watchkeeper" de drones de surveillance, évalué à 800 millions de livres (1,2 md EUR). De même Thales est associé au britannique BAE Sytems pour la construction des deux futurs porte-avions de la Royal Navy.

Ces deux appartements appartenant au couple Blair à Bristol avaient été à l'origine du "Cheriegate", un scandale visant personnellement l'épouse du Premier ministre britannique, en décembre 2002, lorsqu'il avait émergé que celle-ci les avait achetés sur les conseils de Peter Foster, un escroc australien plusieurs fois condamné.

Pour éteindre cette affaire qui prenait peu à peu des proportions inquiétantes pour le chef du gouvernement, Mme Blair avait été contrainte à une humiliante confession publique lors de laquelle, en larmes, elle avait présenté ses excuses pour avoir fait excessivement confiance à cet homme, en l'occurence le compagnon de sa plus proche conseillère, Carole Caplin.

Dans le cadre de ce dossier Mme Blair avait notamment été accusée par une partie de la presse britannique d'être intervenue auprès du ministère de l'Intérieur pour faire accélérer l'extradition de Peter Foster vers l'Australie, dans le but d'éviter que celui-ci puisse se répandre en confessions sur le sol britannique.

En octobre dernier M. Foster s'est rappelé au bon souvenir du Premier ministre et de son épouse en affirmant que pour l'achat de ces deux appartements à Bristol ils avaient eu recours à un fonds d'investissement aux Caraïbes afin de contourner le fisc britannique.
Downing Street avait là encore aussitôt répliqué par un communiqué affirmant que ces accusations faisaient partie d'une campagne de calomnie.
Peter Foster, 40 ans, a été condamné plusieurs fois à des peines de prison pour escroquerie, en Australie, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

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