Si elle a conservé sa façade, la petite maison en brique n'est pourtant plus du tout la même. Rehaussée d'une surélévation en zinc, elle comporte désormais deux niveaux supplémentaires et présente un visage plus moderne. Retour sur cette réhabilitation placée sous le signe de la verticalité et de la transparence avec, en prime, une petite note poétique.
Transformer une petite maison de ville ouvrière d'une superficie réduite en une moderne et confortable habitation destinée à accueillir une famille. Le défi était de taille pour l'architecte Emilie Bongard. Elle l'a relevé avec brio. A l'issue d'une importante vague de travaux, la maison apparaît aujourd'hui sous un jour complètement nouveau : elle a été réhabilitée et agrandie via une surélévation. Une transformation qui s'est opérée dans le respect de l'existant puisque la façade originelle en brique a été conservée. "Il était important de garder des traces du passé de la maison, on conserve ainsi son caractère authentique", indique l'architecte.
Désormais, l'habitation est coiffée d'un chapeau en zinc qui lui donne une allure plus contemporaine. Concrètement, alors qu'elle était de plain-pied à l'origine et ne faisait que 55 m2, la maison se déploie sur quatre niveaux et offre une généreuse superficie. Un réel petit exploit étant donnée l'implantation de la maison : à quelques kilomètres de Paris, en plein milieu d'un tissu urbain très dense.
La verticalité, notion centrale du projet
Dans la rue, la façade de la maison interpelle par le contraste des matériaux - brique/zinc - mais aussi par son étroitesse. Une étroitesse que l'architecte a décidé d'accentuer. Les menuiseries, plus hautes que larges, la porte d'entrée très étirée, les joints très réguliers et très marqués du zinc... Autant d'éléments qui accentuent la verticalité de la maison. D'ailleurs, cette notion se retrouve également à l'intérieur notamment via une bibliothèque monumentale qui part du rez-de-chaussée et monte jusqu'au R+2. "C'est la colonne vertébrale de la maison", commente la responsable du projet. Mais ce n'est pas tout. Emilie Bongard a intégré des dalles en verre dans les planchers à de multiples endroits. Elles créent des passerelles verticales entre les différents niveaux de l'habitation. A l'arrivée, c'est une nouvelle manière d'habiter l'espace. L'un des avantages de cet aménagement "tout en transparence" est que quel que soit l'endroit où ils se trouvent dans la maison, les occupants restent en contact les uns avec les autres, tout du moins visuellement. Bien entendu, cela favorise également la circulation de la lumière. Elle inonde littéralement la maison côté rue comme côté jardin.
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Et au milieu... un arbre !
Si la lumière est l'une des bonnes surprises de cette maison, elle en cache bien d'autres. La première que les visiteurs ont l'occasion de découvrir est pour le moins surprenante... Et pour cause : juste derrière la porte d'entrée, se trouve... un arbre ! Un pommier en fleurs qui se dresse fièrement ancré dans le sol du rez-de-chaussée de la maison. "Sans lui, la maison n'aurait pas eu du tout le charme qu'elle a aujourd'hui", analyse l'architecte. "Il apporte de la poésie, renforce le lien entre l'intérieur et l'extérieur et la notion de verticalité, centrale dans le projet", ajoute-t-elle. Une note de poésie qui résonne, grâce aux jeux de transparence, jusque dans les étages.Retour en images sur ce avant/après spectaculaire...
Avant : une petite maison ouvrière en brique
Le bien existant : une petite maison ouvrière de plain-pied en brique située à Boulogne-Billancourt avec un jardin en cœur d'îlot. Ses propriétaires l'ont achetée pour son potentiel. Le foncier étant rare à proximité de Paris, ils envisagent de l'agrandir et la réhabiliter pour en faire une habitation moderne. Un programme ambitieux dont il confie la concrétisation à l'architecte Emilie Bongard.
Une surélévation réalisée à partir de panneaux de bois
Pour surélever la maison, l'architecte choisit une solution bois encore peu utilisée sur les chantiers : du bois lamellé croisé. Elle repose sur la mise en œuvre de panneaux CLT : panneaux préfabriqués de grandes dimensions composés de lames de bois massif croisées perpendiculairement. "Ils ont l'avantage d'être légers et structurels", précise Emilie Bongard. Autre atout : une mise en place rapide, la maison a gagné deux niveaux en seulement une journée.
Une enveloppe zinc qui modernise la façade existante
Pour ce qui est de l'enveloppe, l'architecte a opté pour un habillage en zinc (zinc-titane prePATINA ardoise de Rheinzink). "Le matériau présente la particularité d'être pré-oxydé c'est-à-dire pré-vieillit en usine, explique The Phiet Nguyen, chef des ventes IDF. Cette manipulation l'empêche de s'altérer avec le temps. Il garde sa couleur d'origine et ne marque pas en cas de rayures, elles arrivent à disparaître toutes seules".
Un rez-de-chaussée surélevé totalement décloisonné
A l'intérieur, l'architecte a pris le parti de totalement décloisonner le rez-de-chaussée surélevé de 55 m2 et de gommer au maximum la frontière entre l'intérieur et l'extérieur. Cuisine et salon sont traversés par un même meuble : un vaste ensemble dédié au rangement qui abrite également un bureau rétractable. Pour éviter un effet trop massif, l'architecte l'a agrémenté de bois et de niches décoratives.
Et au milieu... un arbre !
Derrière la porte d'entrée... surprise : un arbre ! Un pommier en fleurs à l'intérieur d'une maison ! Il fallait oser, l'architecte Emilie Bongard l'a fait ! "Il donne une vraie personnalité au lieu", explique-t-elle. "Sans lui, la maison n'aurait pas eu du tout le charme qu'elle a aujourd'hui". "Il apporte de la poésie, renforce le lien entre l'intérieur et l'extérieur et introduit la notion de verticalité, centrale dans le projet", ajoute-t-elle.
Un mur bibliothèque monumental qui monte jusqu'au R+2
La liaison entre les différents étages de la maison se fait via un escalier en bois aux marches ajourées. Côté salon, il est délimité par une bibliothèque qui part du rez-de-chaussée et monte jusqu'au R+2. "Cet élément monumental fait le lien entre les différents étages de la maison, il donne une unité au projet et s'inscrit lui-aussi dans la notion de verticalité".
Deux bandeaux vitrés superposés pour faire entrer la lumière
Pour permettre à la lumière de pénétrer au coeur de la maison, l'architecte a multiplié les bandeaux vitrés insérés dans les planchers. Il y en a un peu partout : entre le rez-de-chaussée et le sous sol, entre le R+1 et le rez-de-chaussée et entre le R+2 ET LE R+1. La particularité étant que ceux des derniers niveaux se superposent : ils sont placés exactement l'un au-dessus de l'autre. Résultat : lumière et transparence viennent se nicher au cœur de la maison, renforçant le côté agréable à vivre du lieu et créant un lien fort entre les différents étages de la maison.
Un lien fort entre tous les étages de la maison
Depuis le R+1, les occupants bénéficient d'une vue directe sur le rez-de-chaussée. Même s'ils sont à différents endroits de la maison, ils restent en contact - au moins visuellement - les uns avec les autres.
Un palier qui fonctionne comme une zone de vie
Le palier ne fonctionne pas comme une simple zone de transition ou de passage mais comme une vraie zone de vie. Généreux dans ses propositions, il offre la possibilité de venir s'y installer pour lire, par exemple, ou simplement pour se reposer.
La transparence, partout... jusqu'au dernier étage de la maison !
Vue depuis le R+1 vers le R+2. La bibliothèque assure la transition entre les différents niveaux de la maison.
Jeux de transparence et de reflets
D'étonnants reflets se créent, comme ici où le pommier se reflète dans la dalle en verre du R+1. La note de poésie de l'entrée se propage ainsi dans toute la maison.
Un R+2 intime dédié aux enfants
Même ambiance lumineuse au R+2. Comme à l'étage inférieur, le palier n'est pas qu'une zone de passage. Un petit coin détente/repos y a été aménagé, un espace de vie supplémentaire pour les enfants.