Batiactu : Beaucoup de normes ont été simplifiées. Restent-elles compatibles avec un bâtiment dit accessible ?
M. P.-C. :
Là encore, pendant les 140 heures de concertation qui se sont tenues, il y eu des discussions sur l'environnement normatif. L'arrêté du 8 décembre reprend tous les éléments sur lesquels il y a eu un accord de la part des parties prenantes. La simplification a deux volets : diminuer là où on est allé trop loin, ce qui a créé des coûts inutiles ; ajouter des mesures pour les personnes sourdes et malvoyantes. Car la réglementation 2005 ne concerne que les personnes en fauteuil et non ou mal voyantes. Je le redis : pour les personnes en fauteuil, c'était la négociation de tous les dangers, mais nous avons repris les éléments qui ne dégradaient pas l'accessibilité, c'est ça la simplification : faire baisser les coûts de construction et les coûts de rénovation également. Par exemple, les portes devaient faire 83 cm dans le texte d'origine, on est arrivé à baisser le seuil à 77 cm, sachant qu'un fauteuil mesure 70 cm. Il ne faut pas mettre de l'argent là où ça ne sert à rien ! Là, je parle des ERP, pas de logements.

 

Sur le logement neuf, des ajustements ont été adoptés, notamment dans les 50 mesures de simplification présentées par Manuel Valls. Les éléments seront mis en œuvre à la fin de ce premier semestre. L'idée a été de dire, on construit la réglementation en faisant travailler tout le monde ensemble, et pas seulement les associations de personnes handicapées contre le monde entier.

 

Batiactu : Les architectes ont pris beaucoup part à ces discussions…
M. P.-C. :
Bien sûr, autour de la table se trouvaient le Cnoa et les deux syndicats d'architectes, mais aussi les bâtisseurs - Capeb et FFB -, de même que les bureaux d'études comme Socotec.

 

Batiactu : Quelles sont désormais vos prochaines actions ?
M. P.-C. :
Sortir la réglementation, faire le portage politique et institutionnel pour que les choses se mettent en place. Expliquer, encore et encore. Entraîner tous mes services sur tout le territoire, donner les informations pratiques pour rassurer les uns et les autres, alimenter notre site internet. Essayer de dédramatiser la question. Vous ne m'entendrez jamais parler de sanction : ce n'est pas mon objectif. Mon objectif, c'est de montrer que les choses sont faisables ! Quels que soient les moyens…

 

Batiactu : De quels moyens disposez-vous pour mettre tout cela en œuvre ?
M. P.-C. :
Il y a eu une campagne de communication l'an dernier, une nouvelle arrive bientôt. Les premières sur le sujet, d'ailleurs. L'important est que d'autres gens parlent à ma place et je suis bien relayée sur le terrain. Je crois que l'on a réussi à faire passer suffisamment de message à ce jour.

 

Batiactu : Il y a donc une réelle volonté politique…
M. P.-C. :
Absolument ! L'Etat, lui-même, est en train de préparer ses Ad'ap sur ses propres bâtiments, tous les ministères également. On n'a jamais connu cela ! Aujourd'hui, la quasi-totalité des préfectures sont accessibles… Tous les secteurs ont avancé. BPCE, Crédit Lyonnais, les banques mutuelles accompagnent financièrement les projets. J'ai également rencontré les notaires, car je ne voulais pas que les petits qui achètent ou prennent un bail, se retrouvent dans des locaux inaccessibles et qu'ils aient le sentiment d'être piégés. Les notaires m'ont rassuré. Dans tous nos actes, nous devons faire de l'information.

 

Batiactu : Quid des particuliers et de la rénovation ? Y a-t-il une sensibilisation spécifique ?
M. P.-C. :
L'Anah, le Pacte, les caisses de retraite le font déjà, avec des moyens financiers d'accompagnement aux travaux et autres dégrèvements fiscaux. Là, il faut une prise de conscience individuelle, car dans la sphère privée, la légitimité de l'Etat est moins évidente.

 

Batiactu : Quel bilan faites-vous de votre action à la DMA ?
M. P.-C. :
Il y a encore du travail, vivre avec un handicap, ce n'est pas simple, mais il faut poursuivre la dynamique mise en place. Mais il ne faudra pas scier la branche sur laquelle on est posé…

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