Il s'agit d'une solution structurante, à long terme donc, d'intégration des énergies renouvelables au réseau électrique national. Le ministère de la Transition écologique détaille : "Il est le moyen de stockage massif inter-saisonnier des énergies renouvelables électriques intermittentes le plus prometteur. Il permet de stocker l'électricité en la transformant en gaz". La technologie évoquée est celle du "power-to-gas" qui permet d'injecter l'hydrogène produit dans le réseau gazier déjà existant, ou de le convertir en méthane après combinaison avec du CO2 industriel capté. Cette fois, les services compétents entendent lancer des expérimentations d'électrolyseurs dans des territoires isolés, afin d'apporter de la flexibilité et des capacités de pilotage à la demande, puisque ces installations démarrent et s'arrêtent en quelques minutes. Pour les zones non interconnectées, les besoins devront être caractérisés par EDF et l'Ademe, tandis que pour la Métropole continentale, ce seront RTE et Enedis (gestionnaires des réseaux de transport et de distribution électrique) qui "auront pour mission d'identifier la valeur des services rendus par les électrolyseurs existants ou à mettre en place". Enfin, Nicolas Hulot demande aux acteurs de déterminer les conditions économiques et techniques d'injection acceptables d'hydrogène dans les réseaux, par le biais d'un rapport intermédiaire à remettre d'ici à la fin de 2018.
La clef des mobilités propres ?
Dernier axe de développement pour la filière hydrogène, celui des transports, qu'il s'agisse d'automobile individuelle, de transports publics, de fret routier, de motrices ferroviaires ou de navires. Cette fois, le ministère souhaite que se multiplient les transitions de flottes Diesel vers des véhicules à hydrogène. Les objectifs sont les suivants : 5.000 utilitaires légers et 200 véhicules lourds (bus, camions, motrices, bateaux) à l'horizon de 2023, puis de 20.000 à 50.000 utilitaires légers et 800 à 2.000 lourds cinq ans plus tard. Ce déploiement s'accompagnera de l'installation de 100 stations alimentées en 2023, puis 400 à 1.000 points d'approvisionnement en 2028. Des appels à manifestation d'intérêt utilisant des outils existants de soutien à l'innovation seront lancés afin de créer toute une gamme de véhicules adéquats. Une mission parlementaire dédiée à la question du parc ferroviaire sera lancée d'ici à la fin du premier semestre 2018 pour "élaborer une trajectoire de verdissement". L'Ademe accompagnera les services de l'Etat pour orienter les porteurs de projets sur les questions réglementaires ou financières. Un cadre spécifique sera d'ailleurs mis en place d'ici à la mi-2018 pour les stations-services. Enfin, le ministère de le Transition écologique et solidaire, qui chapeaute celui des Transports, annonce vouloir instruire et accompagner la création d'un "centre international de qualification-certification de composants H2 haute pression pour la mobilité".
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Il est espéré que la filière hydrogène représente plus de 40.000 emplois en 2030 (contre 2.000 aujourd'hui) et même plus de 150.000 en 2050. Les chiffres d'affaires évoqués par une étude McKinsey s'élèveraient alors à 8,5 et 40 Mrds € aux mêmes périodes. Enfin, concernant la réduction d'émissions de CO2, elle pourrait atteindre les 10-12 Mt en 2030 et 55 Mt en 2050.
La spécialiste rappelle que le coût des énergies renouvelables comme le solaire a enregistré des chutes vertigineuses, tout comme celui des électrolyseurs, divisé par quatre. Selon elle, le prix de revient du kilo d'hydrogène "vert" s'établit aujourd'hui entre 4 et 6 €, soit un montant compétitif par rapport à la voie pétrochimique de vaporeformage. Interrogée sur la place de l'hydrogène dans le mix énergétique elle répond : "En France, où nous avons un des réseaux les plus stables, un stockage électrique inter-saisonnier à base d'hydrogène, pour lequel les batteries ne sont pas pertinentes, ne serait nécessaire qu'à partir de 60 % d'EnR dans la production totale". Mais elle ajoute : "Dans tous les cas, l'hydrogène offrira d'autre services : il peut être recombiné en d'autres vecteurs énergétiques comme le méthane, en molécules d'intérêt ou alimenter l'électromobilité. C'est vraiment la brique Lego de la transition énergétique !".