TRANSITION. L'hydrogène, fabriqué à partir d'eau et d'électricité, fait partie des pistes privilégiées pour le mix énergétique du futur. Ses utilisations sont variées - comme stockage des renouvelables, carburant pour des véhicules ou matière première de l'industrie - ce qui suscite l'intérêt de géants comme Engie. Jean-Pierre Moneger, directeur général chez Engie Cofely a signé une tribune sur le sujet.
L'avenir n'est pas tout électrique, mais également hydrogéné. Car le dihydrogène (H2) présente des caractéristiques qui complètent avantageusement celles des énergies intermittentes (éolien et photovoltaïque). Jean-Pierre Moneger, directeur général chez Engie Cofely, a signé une tribune, publiée sur LinkedIn, qui les rappelle : "L'hydrogène 'vert' est fabriqué à partir d'eau et d'électricité issue d'énergies renouvelables, permettant d'obtenir une empreinte carbone nulle (…) Un électrolyseur permet ainsi de transformer un surplus d'électricité renouvelable en hydrogène vert pouvant être comprimé et stocké".
Ce stockage, de plus ou moins long terme, offre ensuite une grande souplesse d'utilisation à la ressource ainsi créée. Il est par exemple possible de l'injecter directement sur le réseau de distribution de gaz, afin de le "verdir", c'est-à-dire d'en diminuer l'empreinte environnementale en substituant au carburant fossile, extrait du sol, ce carburant obtenu de façon plus écologique. Autre possibilité, l'emploi de l'hydrogène dans des procédés industriels. Jean-Pierre Moneger note : "Il sert notamment à la fabrication d'ammoniac, au raffinage des produits pétroliers ou encore pour certains processus de l'industrie du verre et pour la fabrication de circuits imprimés électroniques". Selon lui, cette solution permettrait aux industries de mieux maîtriser leur approvisionnement en hydrogène tout en maîtrisant leur consommation électrique. Il va plus loin : "Le surplus d'hydrogène produit peut ensuite servir à d'autres industriels ou aux collectivités locales". D'autant que l'électrolyse produit également de l'oxygène et de la chaleur qui peuvent être valorisés comme énergie locale complémentaire. Le tout devra évidemment apporter un gain économique et une amélioration environnementale.
Le carburant qui n'émet que de la vapeur d'eau
Troisième utilisation possible de l'hydrogène, celui de carburant de la mobilité verte. Car les véhicules qui disposent d'une pile à combustible offrent des avantages certains : "(…) un temps de rechargement d'une dizaine de minutes pour une autonomie nettement supérieure à la solution [des véhicules] à batteries". L'hydrogène se positionne ainsi comme une solution alternative et complémentaire aux autres sources d'énergie que sont le GNV et l'électricité. A la façon du mix énergétique français, "l'avenir est à un modèle de carburants complémentaires", estime Jean-Pierre Moneger, qui met encore une fois enjeux technico-économiques et impact environnemental dans la balance. Il cite l'exemple de son entreprise qui s'est équipée d'une flotte de véhicules utilitaires d'une cinquantaine de Renault Kangoo ZE-H2, équipés par Symbio FCell (voir encadré), et permettant à ses techniciens d'intervenir sans émettre de gaz à effet de serre. Autre exemple, celui du partenariat avec le constructeur de bus Van Hool, pour déployer une première ligne urbaine en France, à Pau, à partir du mois de septembre 2019.
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Le directeur général rappelle qu'Engie a créé la société Hyport à Toulouse, "qui sera le fer de lance des initiatives hydrogène dans la région" et que le groupe est déjà partenaire de neuf projets labellisés dans le cadre de l'appel à projets "Territoires hydrogène" lancé par les pouvoirs publics. Il espère que le soutien de leur part sera réel, notamment via une clarification de la réglementation et une simplification des procédures administratives, des demandes récurrentes dans le domaine des énergies vertes. Economiquement, il admet que la filière n'est pas encore compétitive : "Les effets de volume n'agissent pas encore sur les coûts, les aides sont nécessaires pour permettre la compétitivité économique de ces solutions". Mais il souligne que la Commission européenne supporte déjà les projets grâce à l'initiative Fuel Cells & Hydrogen Joint Undertaking afin d'accélérer le déploiement des technologies sur le terrain. Jean-Pierre Moneger reste convaincu : "Il est possible et économiquement rentable de développer ces solutions de production d'énergie locales, décentralisées et totalement vertes". Raison pour laquelle Engie Cofely poursuit ses projets dans le domaine et cherche des partenariats avec des collectivités ou des institutions.
Base : Renault Kango Zéro Emission Maxi
Motorisation : 100 % électrique
Capacité des batteries : 22 kWh (Li-Ion)
Système complémentaire à hydrogène : 5 kW de puissance maximale
Poids : 1,73 tonne à vide ; 2,2 tonnes au maximum
Emport : 2 personnes et 440 kg de charge utile
Volume : 4,5 m3
Autonomie : 300 km en périurbain dont 180 km gagnés grâce à l'hydrogène
Réservoir : 1,78 kg (à 350 bars) ou 2,08 kg (à 700 bars)
Temps de plein : entre 3 et 5 minutes, suivant les capacités de la station