JUSTICE. Suite à une enquête de plusieurs mois, quatre hommes ont été déférés devant le tribunal de Bobigny. Ils sont suspectés d'avoir contribué à l'animation d'un réseau de blanchiment d'argent impliquant des sociétés du bâtiment.
"Fin de partie pour ces escrocs", titrait Le Parisien dans son édition du 7 janvier 2025. En effet, mi-décembre 2024, quatre hommes ont été déférés devant le parquet de Bobigny. Ils sont suspectés d'avoir animé un réseau ayant permis de blanchir 94 millions d'euros issus de la drogue entre 2022 et 2023, en région parisienne et en Seine-Maritime. Les fonds partaient ensuite jusqu'en Égypte.
Une vaste enquête pour "blanchiment en bande organisée" avait en effet été ouverte suite à un signalement émis en 2023 par Tracfin, le service de renseignement financier du gouvernement. "Dans ce dossier, les investigations de Tracfin ont permis de signaler à la justice d'importants flux financiers, émis vers un pays étranger par des sociétés du bâtiment suspectes", confirme ainsi le service sur ses réseaux.
"Chacun minimise son rôle dans l'entreprise criminelle"
Après plusieurs mois de surveillance des sociétés visées, une opération de police est menée en mars 2024 au domicile des suspects. Les forces de l'ordre y trouvent alors 157.000 euros en liquide et environ 8.000 euros en francs CFA. Ils récupèrent également les téléphones des suspects, permettant de remonter jusqu'à l'origine des fonds, à savoir le trafic de drogue. Enfin, quatre biens immobiliers et 1,1 million d'euros sur des comptes suspects ont été saisis.
Trois des quatre suspects déférés ont été arrêtés à leur domicile début décembre 2024. Le dernier s'est présenté dans les locaux de la brigade. "Trois d'entre eux ont reconnu avoir participé à cette histoire. Mais chacun minimise son rôle dans l'entreprise criminelle", précise Le Parisien.
Un système de blanchiment (presque) rodé
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Le système de blanchiment mis en place par le réseau est assez classique. Des patrons d'entreprises du bâtiment, issus de la diaspora égyptienne, achètent des liquidités pour rémunérer leurs ouvriers au noir, le tout en s'acquittant de commissions. Ces billets proviennent du trafic de drogue. Ils émettent ensuite des fausses factures pour blanchir cet argent, ainsi que des virements. "L'argent est viré sur les comptes des boîtes bidons des nettoyeurs", qui le renvoient ensuite vers l'Égypte, explique une source du Parisien proche du dossier.
Cependant, les sommes encaissées par les entreprises étaient trop élevées par rapport à leur taille et à leur ancienneté. Des incohérences qui ont fini par attirer l'œil de Tracfin.