Christophe Stevens met en avant les avantages du procédé : "Le coût est réduit : à capacité équivalente il est 20 fois moins cher que des batteries et 10 fois moins cher que de l'eau turbinée dans des stations de transfert d'énergie par pompage (STEP)". D'après ses calculs, la solution présente un bilan énergétique de plus de 70 à 90 % d'efficacité sur un cycle complet, et le procédé ne nécessite que des matériaux basiques : du béton et de l'acier. Mais l'environnement marin et les grandes profondeurs que requiert le système posent d'autres problèmes : "Les conditions y sont aléatoires et, en mer, les phénomènes extrêmes sont contraignants mécaniquement. Il faut donc associer les savoir-faire du travail offshore, de l'énergétique et de la construction métal et béton".
Mutualiser les coûts de raccordement avec d'autres EMR ?
L'ingénieur, qui a déposé des brevets, travaille aujourd'hui à l'optimisation du design - notamment pour le rendre moins sensible au vent et aux courants de surface - grâce à des modélisations sur ordinateur pour les versions de grandes dimensions, tout en développant un prototype de 1 MW de puissance. Le fondateur de Sink Float Solutions cherche également à nouer des contacts avec des partenaires industriels, notamment dans le monde du levage ou celui du recyclage de l'acier. De nombreuses questions techniques restent à résoudre : la barge, tout d'abord, devra être positionnée très au large, là où les profondeurs sont grandes, d'au-moins 1.000 à 2.000 mètres d'eau. Or, cela pose des problèmes d'ancrage, de prise au vent et, tout simplement, de raccordement au réseau électrique, avec un renchérissement du transport d'électricité sur de longues distances par des câbles sous-marins. "A Toulon, par exemple, en s'éloignant de seulement 15 km des côtes, on trouve des fonds de 2.500 mètres", certifie l'inventeur.
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Des synergies seraient possibles avec certaines énergies marines, qui nécessitent elles-aussi câbles et sous-stations électriques. Mais les éoliennes offshores et les hydroliennes sont, pour leur part, implantées dans des zones où les fonds sont faibles (moins de 100 mètres), tandis que les éoliennes flottantes, installées plus au large, resteront déployées dans une zone où le plancher océanique est situé entre 100 et 500 mètres de profondeur. Le système Sink Float Solutions pourrait être déployé au large, dans le prolongement de ces fermes marines, afin de mutualiser les coûts de raccordement. L'expertise de DCNS, le grand acteur français des EMR, pourrait être d'un grand secours à la startup.