BILAN. La ministre de l'Environnement a dévoilé les lauréats des appels d'offres concernant le solaire sur bâtiments et la petite hydroélectricité. Devant de nombreux représentants des énergies renouvelables qui ont salué son action volontaire pendant 3 ans, Ségolène Royal a également fait d'autres annonces. Découvrez lesquelles.
Ségolène Royal travaillera jusqu'au bout, au soir du 7 mai 2017. La ministre de l'Environnement a réuni, ce jeudi 27 avril 2017, des représentants de toutes les filières des énergies renouvelables pour dresser un bilan de ses actions et révéler les noms des entreprises lauréates de deux appels d'offres. Lors de cette réunion, elle a rappelé que la production des EnR avait fortement augmenté ces dernières années et que pendant le pic de consommation hivernal, elles avaient compensé l'arrêt de certaines centrales nucléaires pour entretien, en fournissant l'équivalent de la production de six réacteurs. "Cette dynamique traduit la transition énergétique, numérique et professionnelle", a-t-elle déclaré. "Toutes les formes d'énergies doivent être mobilisées", selon la responsable, qui a placé "la France à l'avant-garde" avec l'appui des filières industrielles.
380 projets sélectionnés pour 177 MW de puissance
La ministre a multiplié les annonces : publication au Journal Officiel de l'arrêté tarifaire pour le biométhane pour la valorisation mixte du biogaz (à la fois par injection sur le réseau et production d'électricité), publication de deux décrets concernant les énergies marines (barème d'indemnisation en cas de dépassement du délai de raccordement au réseau et régime assurantiel des installations), publication des listes de lauréats pour deux appels d'offres différents, concernant d'une part le photovoltaïque en toiture et, d'autres part, la petite hydroélectricité. Pour le premier, ce sont 361 projets qui ont été retenus, pour un volume de 150 MW. Ils verront leur électricité valorisée à hauteur de 106,7 €/MWh, afin de refléter la baisse continue des prix de l'énergie solaire. Ils bénéficieront du nouveau dispositif de soutien, dit "complément de rémunération", qui vient compléter les revenus générés par la vente de courant sur le marché par le versement de primes annuelles couvrant les investissements. Ségolène Royal insiste : "La moitié de lauréats se fera avec un financement participatif, afin de développer la citoyenneté énergétique". Ces derniers jouiront d'une prime majorée de 3 €/MWh. La liste est disponible sur le site du ministère.
Pour le petit hydroélectrique, ce sont 19 projets qui ont été désignés (dont quatre moulins rénovés pour produire de l'énergie), pour une puissance encore modeste de 27 MW. Eux-aussi bénéficieront d'un complément de rémunération : le prix moyen pondéré de leur électricité sera de 112,4 €/MWh. Ségolène Royal a rappelé qu'il ne s'agissait que d'un premier appel d'offres expérimental et annoncé dans la foulé qu'elle lançait une seconde vague, plus importante. En tout, 105 MW seront attribués dans les trois ans (soit 35 MW par période). Le cahier des charges sera simplifié pour une meilleure visibilité et la première période se clôturera le 31 janvier 2018, avec une demande de pré-cadrage environnemental obligatoirement adressée avant le 14 août 2017. Ce calendrier prévisionnel des appels d'offres, qui concerne toutes les énergies de la Programmation pluriannuelle de l'énergie, est très apprécié des professionnels qui disposent désormais d'une plus grande clarté pour leurs projets.
Les professionnels saluent unanimement l'action de la ministre
Daniel Bour, le président du syndicat Enerplan, a notamment déclaré : "Le photovoltaïque est passé du brouillard à la lumière. De l'absence totale de visibilité lors de l'appel d'offres CRE2, où les démarches avaient duré 13 mois, à la situation actuelle avec CRE4 où elles ont été réglées en 5,5 mois". Il a rendu hommage à l'action menée par la ministre, en vantant "une vraie cohérence" de sa politique et "un travail réglementaire remarquable" en dépit des dialogues parfois difficiles avec Bercy, d'un côté, et Bruxelles, de l'autre. "La filière, exsangue en 2011 suite au moratoire, avait perdu la moitié de ses effectifs. Aujourd'hui, elle recrute à nouveau !", s'est-il réjoui. Un retournement de situation radical que le président d'Enerplan envisage comme un investissement pour le futur. D'autant que le solaire dispose d'une "capacité de progression énorme grâce à l'autoconsommation et au stockage". Arnaud Mine, le président d'Urbasolar, renchérit : "Avant, les professionnels naviguaient à vue, avec 6 mois de visibilité. Aujourd'hui, il y a une vision pluriannuelle et un engagement de l'Etat. C'est du jamais vu". Il vante, pour sa part, le changement de méthode de travail au ministère de l'Environnement, avec désormais plus de concertation et d'échanges en amont : "Le travail réalisé en commun est fructueux, au bénéfice de tous".
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Jean-Louis Bal, enfin, le président du Syndicat des Energies Renouvelables, a dressé un bilan élogieux des trois années d'action ministérielle : "Simplification et visibilité permettent l'innovation". Il a salué l'engagement personnel de Ségolène Royal, et notant qu'aucune technologie n'avait été oubliée - même pas la petite hydroélectricité - il a souligné la "belle réussite du Fonds chaleur, un outil performant malgré le prix extrêmement bas des combustibles fossiles" et le "grand succès diplomatique de la COP21 en obtenant la ratification de l'Accord de Paris avec une rapidité record". Le représentant des énergies renouvelables a formulé le souhait que le futur gouvernement s'inscrive dans la continuité de l'action lancée par l'actuelle ministre. Plusieurs professionnels ont conclu : "Madame la ministre, la route est encore longue : s'il vous plaît, ne partez par trop loin, ni trop longtemps".