CONJONCTURE. Une majorité de petites et moyennes entreprises ont consenti à des hausses de salaires, d'après la dernière enquête conjoncturelle de la CPME. Les dirigeants sont cependant encore très nombreux à rencontrer des difficultés de recrutement, et très peu se disent convaincus par la semaine de 4 jours.
Les petites et moyennes entreprises semblent bien avoir pris certains trains en marche, mais sont restées sur le quai pour d'autres. Entre le 5 et le 23 avril, la Confédération des PME (CPME, dont est membre la Fédération française du bâtiment) a réalisé une enquête auprès d'environ 1.500 dirigeants de petites structures pour connaître leur opinion sur la hausse des salaires, les difficultés de recrutement, la semaine de 4 jours ou encore le compte épargne-temps. Et les résultats sont mitigés.
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Succès de la prime Macron
66% des chefs d'entreprises employant au moins un salarié ont ainsi déclaré avoir augmenté les rémunérations de leur(s) collaborateur(s) "de manière collective et/ou individuelle" au cours du premier trimestre 2023. Dans 60% des cas, la hausse moyenne du salaire a été comprise entre 3% et 6%. Environ 20% des dirigeants interrogés ont même affirmé avoir procédé à des augmentations de plus de 6%.
La fameuse "prime Macron" semble par ailleurs avoir encore de beaux jours devant elle, puisque 42% des entrepreneurs prévoient d'utiliser une nouvelle fois ce dispositif d'exonérations fiscales et sociales (qui dépendent de la rémunération du salarié) cette année. "Le succès de la prime de partage de la valeur ne se dément pas", souligne la CPME dans son enquête. De même, un quart des patrons de PME verseront de l'intéressement ou de la participation en 2023.
Légère amélioration des recrutements
En revanche, les entreprises ont toujours autant de mal à trouver des bras alors qu'une sur deux en a besoin pour son activité. 87% des sondés assurent toujours rencontrer des difficultés de recrutement, et évoquent comme première raison (à 49%) l'inadéquation entre les missions du poste à pourvoir et les profils des candidats.
D'autres motifs sont avancés par les entrepreneurs, comme le refus des candidats de prendre des postes contraignants (à 44%) mais aussi le niveau des salaires demandés par les candidats, qui sont jugés trop élevés par les employeurs (à 38%). En outre, 37% de ces derniers disent n'avoir reçu aucune candidature alors qu'ils sont 32% à avoir une ou plusieurs offres d'emploi vacantes depuis plus d'un an.
"Ce phénomène impacte sévèrement le chiffre d'affaires des entreprises et 64% des interrogés sont ainsi contraints à renoncer à des marchés ou à réduire leur activité", analyse l'organisation patronale. Ces chiffres s'améliorent néanmoins : en novembre 2022, 53% des chefs d'entreprises voulaient embaucher et 91% en étaient empêchés, soit respectivement 5 et 4 points de plus qu'aujourd'hui.
1 candidat sur 10 a du mal à se loger
Une autre explication, également mise en lumière par l'enquête, ne doit pas être négligée : la crise du logement concerne toujours plus de salariés, et impacte indirectement les recrutements des entreprises. La CPME estime en effet qu'1 candidat sur 10 a du mal à se loger, une tendance qui ne devrait malheureusement pas s'inverser de sitôt au vu des derniers chiffres des constructions de logements.
Les adhérents de la CPME ont aussi été invités à donner leur ressenti sur la mise en oeuvre de la réforme des retraites du gouvernement Borne, qui décale l'âge légal de départ de 62 à 64 ans. Seulement 19% d'entre eux considèrent que l'entrée en vigueur de cette réforme les obligera à embaucher des salariés de plus de 50 ans. "La mise en place de mesures incitatives à l'embauche des 'seniors', réclamées par la CPME, est donc, plus que jamais, nécessaire", tacle la confédération.
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La semaine de 4 jours ne convainc pas
Enfin, les patrons des petites structures se montrent réticents à certaines évolutions du monde du travail. C'est le cas de la semaine de 4 jours qui ne les convainc visiblement pas : 78% estiment ne pas être prêts à l'instaurer dans leur entreprise. Tout comme la mise en place d'un compte épargne-temps universel, pour lequel 66% d'entre eux ne sont pas favorables. Pour rappel, ce dispositif permet à un salarié de mettre de côté des jours de congés inutilisés pour les poser ultérieurement ou les monétiser, sur la base de l'accord d'entreprise ou de la convention collective.