INFRASTRUCTURES. Il faudra débloquer 33 milliards d'euros sur 15 ans pour assurer la modernisation du réseau électrique français, d'après le gestionnaire de ce même réseau, RTE. L'accélération de la numérisation, les interconnexions transfrontalières et le développement des énergies renouvelables sont aussi inscrits au programme.

La tension risque d'augmenter dans les prochaines années sur le réseau électrique français : d'après RTE, qui présentait ce 17 septembre 2019 son Schéma décennal de développement du réseau, ce dernier nécessitera 33 milliards d'euros d'investissements sur 15 ans. Soumis au Gouvernement ainsi qu'à la Commission de régulation de l'énergie (CRE), ce plan identifie plusieurs chantiers d'envergure à mener d'ici 2035 : la modernisation du parc vieillissant, l'accélération de la numérisation, la création d'interconnexions transfrontalières de manière à doubler les capacités avec les pays voisins, et le développement des énergies renouvelables, sans oublier leur raccordement au réseau. Une évolution globale qui s'inscrit dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

 

 

Les investissements doivent passer de 1,3 milliard d'euros par an à 2 milliards

 

Selon l'AFP, François Brottes, le président du directoire du Réseau de transport d'électricité (RTE), a indiqué à cette occasion : "C'est un peu comme un athlète de très haut niveau qui pratiquait il y a quelques années le triathlon - nucléaire, hydraulique, thermique - et qui maintenant pratique le décathlon : il y a beaucoup d'énergies nouvelles, de modes de consommation nouveaux". Un changement dans la manière de produire, de distribuer et d'utiliser l'électricité qui induit de nombreux chantiers de modernisation : "Les investissements associés sont estimés à 33 milliards d'euros sur 15 ans, soit environ 2 milliards d'euros par an", sachant que l'enveloppe annuelle se chiffre actuellement à 1,3 milliard.

 

 

Dans le détail de ces 33 milliards, 13 milliards sont destinés à l'adaptation du réseau, 8 au renouvellement des ouvrages les plus anciens, 7 au raccordement des énergies marines, 3 aux technologies numériques et 2 aux interconnexions aux frontières, côté français. Pour financer ces sommes non-négligeables, les consommateurs sont mis indirectement à contribution via leurs factures d'électricité : y figure en effet le Tarif d'utilisation des réseaux publics d'électricité, ou Turpe, dont la prochaine mouture doit être débattue par la CRE début 2020. Toujours au sujet des financements, RTE a rappelé qu'il lui revient désormais, en lieu et place de l'Etat, de débloquer les fonds nécessaires pour raccorder les futurs parcs éoliens maritimes. Ces raccordements au réseau national représentent d'ailleurs une part importante des 2 milliards d'euros annuels à investir dans la modernisation du réseau : "Là-dedans, on a 500 voire 600 millions pour l'éolien offshore", souligne Thomas Veyrenc, directeur de la stratégie et prospective chez RTE.

 

 

Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) se réjouit du plan décennal présenté par RTE

 

 

En réaction à la présentation du Schéma décennal de développement du réseau par RTE, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) a réagi par voie de communiqué en se réjouissant des objectifs annoncés par le gestionnaire : "Le [plan décennal] met en lumière le fait qu'aucune rupture technologique majeure n'est nécessaire pour intégrer 50% de production d'électricité renouvelable à l'horizon 2035 : le développement et l'adaptation du réseau électrique français seront suffisants pour intégrer les nouveaux moyens de production d'énergie renouvelable".

 

Assurant que la transition énergétique n'aura aucun impact sur les coûts du réseau électrique national, et donc par extension sur la facture des consommateurs, le SER mise sur la flexibilité des installations éoliennes, photovoltaïques et hydroélectriques et sur l'accélération du développement des projets d'énergies renouvelables. "Le SER accueille très favorablement la publication du Schéma décennal de développement du réseau qui confirme qu'un dimensionnement optimal du réseau de transport d'électricité permettra d'accueillir les nouvelles installations solaires et éoliennes à la hauteur des objectifs de la future PPE", a déclaré à cette occasion le président du syndicat, Jean-Louis Bal. "Ces évolutions se feront à des coûts maîtrisés pour le consommateur grâce à une planification intégrée des futurs sites de production, à terre comme en mer, et à la flexibilité des énergies renouvelables."

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